Ti amo, Abruzzo (le voyage aller)

4h30… Le ciel de Bruxelles, couvert de nuages, ne laisse pas savoir si l’aube a pointé le bout de son nez. Ca fait une demi-heure que je suis levée et je referme La porte de la maison derrière moi. Je suis quasi synchrone avec le taxi qui déboule du coin de la rue. Je pars en vacances. Enfin!

5h15, l’embarquement est terminé. De si bon matin, l’aéroport est déjà plein de monde! Je jette un œil aux vols qui partent si tôt. Quasi tous des charters ou des vols de tour-opérateurs. De bienheureux touristes dont certains semblent prendre l‘avion pour la première fois, à commencer par la dame devant moi qui se fait confisquer pour une centaine d’euros de produits solaires lors du passage à la sécurité (« Pas de liquide ou de gel au dessus de 100ml, madame »). Je la vois complètement décontenancée face à un personnel embêté mais inflexible. Le soleil se lève, si j’ose dire. Un jour blafard et pluvieux. Le hublot de l’avion est encore tout humide. Bientôt, l’avion aura atteint sa vitesse de croisière et laissera les nuages bien loin en dessous de lui et l’hôtesse me demandera si je veux du sucre et du lait dans mon café. Gare de l’Aéroport de Rome, Ca fait déjà une heure et demie que j’ai atterri! Le temps d’enfin recevoir mes bagages! Je m’y attendais. Le haut-parleur annonce qu’à cause d’un incendie à la Gare de Roma Tiburtina, le train partira en retard. Je commence à avoir des sueurs froides. C’est là que je dois aller prendre mon bus! Avec 20 bonnes minutes de retard, le train se met en branle à la vitesse de l’escargot. Une heure et demi plus tard, nous y voilà! Je détecte l’odeur de brûlé. La Gare, qui est en pleine rénovation pour en faire un pôle ferroviaire digne de ce nom, n’avait pas besoin de çà! Je me dirige vers la Gare routière, de l’autre côté de la Place. J’achète mon billet. Il me reste une demi-heure pour prendre mon café et un paninno pour la route.

14 heures, graduellement, le ciel s’est complètement bouché. Pendant la première partie du voyage, j’ai regardé le jeu d’ombre et de lumière sur le paysage de plus en vallonné, au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans les Apennins.  Un paysage de maquis, d’oliveraies et d’arbres fruitiers. De temps à autres, un champ de tournesol ou de maïs vient s’interposer. Les souvenirs d’enfance affluent à toute vitesse pendant qu’Ozark Henry finit de chanter « Christmas in Vegas » dans mon lecteur MP3 et je me sens étrangement mélancolique! Ces transhumances  pour retrouver le village de ma famille paternelle, c’est un peu celà qui a semé la graine de la voyagite en moi. Changement de bus à Isernia, une ville sans charme presque au beau milieu de la péninsule italienne! Les éclairs zèbrent le ciel! Nous avons à peine démarré que des rideaux d’eau nous tombent dessus! Une de ces déluges méditerranéens comme on en voit de temps en temps. Cela tombe tellement dru que l’on voit à peine sur le côté de la route. En passant sur un pont, des vagues d’eau sont expulsées vers le bas. J’espère que ce n’est pas une route qui est en dessous car les automobilistes risquent la surprise!

16h15, Vasto, Gare routière. Je suis de l’autre côté de la botte, dans les Abruzzes. Les nuages continuent de faire la sarabande. En passant sur la corniche, j’ai le temps de voir le panorama du Golfe de Vasto. La mer se prend pour du mercure et au large, un gros nuage lui déverse des trombes d’eau dessus. Je m’enquiers auprès d’un chauffeur lequel de ces bus partira pour mon village. « Vous allez à San Giovanni? Il y a quelqu’un qui vous attend? » « – Oui, ma Nonna ! » « Elle s’appelle comment ? ». Je lui explique. « Oui, oui, je vois tout à fait qui est votre grand-mère! ». C’est que tout le monde se connaît! Il me signale que le bus que je dois prendre arrivera à côté du sien et qu’il partira dans 3 quart d’heures. Très bien! Je me dirige au petit bar du terminal des bus et commande un café.

18h40, le bus arrive sur la place du village. Je suis la dernière (et la seule) à descendre! Tous les regards se tournent vers moi en me voyant dégager mes bagages mais ma grand-mère est déjà là pour m’accueillir à peine. Sur le coin de la place, le marchand de poulet grillé, qui vient tous les jeudis, stimule mon appétit. « Attends, je vais en chercher pour dîner, tu dois avoir faim ». Nous montons toutes deux la route tout doucement pour rentrer dans la maison. C’est comme si je n’étais jamais partie! A part une nouvelle hotte pour la cuisine, c’est comme si j’avais quitté la maison familiale hier. Je contemple le panorama, familier malgré ce temps que je ne lui vois quasi jamais!

Et je respire.

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