Ma musique du départ #3 : God Yu Takem Laef Blong Mi

godyutekem

Un crocodile quitte la rive et se laisse doucement couler dans une rivière verte, un arbre majestueux trône dans une forêt, la lumière filtrant à travers ses branches et ses feuilles, dans un océan qui semble un aquarium, des enfants s’ébattent, heureux, insouciants, suivent des images d’un temps qui semblent révolus… des femmes vaquent à leurs occupations, des enfants jouent avec des pierres… nous sommes sur une île tropicale. Les traits de ses habitants indiquent que nous sommes en Mélanésie. En voix off, un homme à l’accent traînant du sud des États-Unis philosophe:

What’s this war in the heart of nature? Why does nature vie with itself? The land contend with the sea? Is there an avenging power in nature? Not one power, but two?   (« Qu’est-ce que c’est que cette guerre au cœur de la nature? Pourquoi la nature rivalise t’elle  avec elle-même? Le terrain compose avec la mer? Y at-il une puissance vengeresse dans la nature? Pas un unique pouvoir, mais deux?)

Nous sommes dans les Îles Salomon, le soldat Witt, déserteur, va être retrouvé par l’armée américaine et envoyé avec la Charlie Company à Guadalcanal,  l’île principale et siège de ce qui sera une des plus grande bataille du théâtre Pacifique de la Seconde Guerre mondiale,. Toi et moi, on regarde « The Thin Red Line‘.

En1998, celà faisait 20 ans que Terrence Mallick n’avait plus dirigé un film et le voilà avec un film de guerre méditatif sur la Bataille de Guadalcanalune campagne décisive entre Américains et Japonais et qui marquera la fin de l’expansion nippone dans le Pacifique.  Une campagne féroce, chaque partie sentant l’importance de l’enjeu. Et au milieu de tout çà, des hommes, venus de loin. Des hommes ayant déjà vu une part d’horreur, que l’on débarque au paradis et qui sont conscients d’emmener avec eux le feu et le sang. Quand l’horreur surgit dans le jardin d’Eden, comment ne pas prendre l’absurdité de la guerre en pleine face? Étrangement, les Mélanésiens semblent peu affectés dans le film.  Pourtant, les Îles Salomon ont souffert, et souffrent encore: tremblement de terre, tsunami, guerre civile, corruption, instabilité politique… Le tourisme commence seulement à s’y développer, mais il reste encore largement ignoré.

Et à la fin de cette œuvre qui filme avec une égale beauté la guerre et la nature, ce chant… Un chant religieux, par le chœur de la All Saint’s Church, une église d’Honiara, la capitale. Un chant emprunt de mélancolie, mais aussi de sérénité. Celle de celui qui sait qu’il va mourir et rendre son âme à son Créateur.

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