Buenos Aires : De Recoleta à Palermo

Ca devait bien arriver ! Alors que le programme est plutôt chargé  avec la visite de Recoleta et de Palermo, deux des grands barrios de Buenos Aires, le mauvais temps est arrivé, faisant un peu baisser la température. C’est assez agréable de se balader sans être à la limite de la cuisson ou de la suffocation.

Recoleta, les délices de la bourgeoisie

Les grandes rues de Recoleta s’ouvrent à moi en ce lendemain de Noël gris. Nous sommes dimanche, et tout est plutôt calme dans ce quartier aisé et résidentiel. J’aurai très bien pu rejoindre son fameux cimetière en bus, mais j’aime humer l’air d’une ville, et il ne fallait que 30-45 minutes de marche pour y arriver. Pas tellement de grand monuments ou de choses indispensables à voir sur le chemin, juste le plaisir d’observer de beaux immeubles, et toujours cette impression tenace d’être dans un endroit à la fois très familier, mais en léger décalage.

Après un bon vingt minutes, je croise la « Heladaria » ‘Volta » (raccourci de « Un altra volta« , une des mieux cotée de Buenos Aires. Avec une forte immigration italienne, pas étonnant que les crèmes glacées soient une chose prise très au sérieuse en Argentine. Et comme les Argentins ne sont pas spécialement connus pour leur sens de la modestie (demandez au autres sud-américains), ils vous diront que les meilleures glaces du monde se trouvent chez eux. Et c’est facile de comprendre pourquoi : c’est un délice! Chez Volta, ce sont les glaces au chocolat et au dulce de leche qui sont mises en évidence et déclinées de plusieurs manières. Je ne suis pas trop fan du dulce de leche, trop sucré à mon goût, mais le chocolat… hmmm… Je me jette don sur une coupelle de « Chocolate Tentación » (avec des morceaux de noix et de brownie) et lait d’amande. Crémeuses à souhait, et sans doute un brin plus riches à ce dont je suis habituée, je me régale mais lorsque je termine ma dernière cuillerée, il commence à vraiment pleuvoir.

Par le plus grand des hasards, je croise une parrilla (restaurant spécialisé en viande grillée). Je jette un oeil à l’intérieur : comme toute parrilla qui se respecte, l’intérieur est tout en bois, avec des nappes en papier blanc, des serveurs en tablier et un bel assortiment qui va avec.   Il n’en faut pas plus pour que je pousse la porte. Le Rodi Bar restera donc dans ma petite histoire personnelle comme LE lieu où j’aurai goûté pour la première fois un steak argentin.

Petit lexique des coupes de boeuf argentin

La parrilla, c’est la grille sur laquelle on cuit la viande, c’est donc un type de cuisson d’asado (le barbecue sud-américain) et par extension « parrilla’ est aussi le terme désigné pour un restaurant spécialisé en viande.

Lorsque l’on découvre la carte dans une parrilla, c’est un peu déroutant! Entre Biffe de chorizo, biffe de lomo, asado de tira, que choisir ? Voici un peu d’aide…

Biffe de lomo : c’est le filet de boeuf. Une pièce ronde, plutôt maigre, un des standards à essayer.

Biffe de chorizo : ma pièce préférée! C’est le faux-filet, avec en général une petite croûte de gras sur les bords et super juteuse. Attention, même petite, ça reste une sacrée pièce.

Ojo de biffe :  l’entrecôte, ma deuxième pièce préférée!  Une coupe dans le muscle, en général bien marbrée, goûteuse et tendre si on aime le gras, on est servis!

Entraña : pour les petits mangeurs, l’onglet est une coupe fine, très appréciée des Argentins. Attention à ce qu’elle ne soit pas trop cuite.

Asado de Tira : Ce sont les côtes de bœuf. Plutôt bon marché, et très goûteuses.

Vacio : La bavette. Un des morceaux le plus goûteux du bœuf, qu’on ne trouve pas souvent dans les menus.

Churrasco : le steak que l’on utilise pour les sandwiches

Attention, les Argentins aiment leurs viandes au minimum à point, n’oubliez pas de mentionner « jugosa » pour la demander saignante.

Un peu comme à l’italienne, les couverts vous seront souvent facturés dans une parrilla. A vérifier sur le menu!

Un serveur m’installe à une petite table. j’observe la clientèle… il y a un peu de tout : des vieux couples, des familles, deux amis expats. C’est déjà bon signe!  Je suis gentiment prise en main par un serveur qui me conseille un malbec (le cépage argentin par excellence) à déguster avec ma viande. Et que dire de la viande ? UNE TUERIE ! Après avoir testé plusieurs restaurants, le Rodi Bar restera le meilleur, et le moins cher des parrillas que j’aurai testées. Seul hic ? La taille de la viande. Juste énorme. Il y a moyen d’emporter  les restes avec un doggy bag, mais quand on doit encore se promener pendant quelques heures, pas le choix : on capitule devant la montagne de viande, ou on prend sur soi et on termine. Ce que j’ai fait. Bref, une adresse que je recommande chaudement.

Le cimetière de Recoleta : promenade avec les morts

Je repars donc plus que repue, et reconnaissante pour la longue promenade digestive qui s’annonce. Il ne faut que quelques minutes pour se retrouver au Cimetière de Recoleta, probablement le cimetière le plus connu après le Père Lachaise. Ce ne sont pas des tombes, mais des mausolées que l’on trouve dans cet espace dédiés aux grands morts de la nation argentine : politiciens, écrivains, homme et femmes de la science et des arts… tous reposent ici, dans des mausolées tantôt simples, tantôt extravagants, et de plein de style différents :  du quasi temple grec au tumulus, chacun se laisse admirer pour ses propres charmes. Le plus populaire, c’est sans aucun doute le monument d’Eva Duarte de Perón, alias Evita. Avec son destin de telenovela, l’ancienne première dame d’Argentine, véritable icône moderne, tient sa petite cour d’admirateurs, même dans l’au-délà (demandez des indications pour trouver la tombe, ce n’est pas évident). Il faut être un peu patiente pour pouvoir prendre ses photos, et se dépêcher pour laisser la place aux autres. La tombe d’Evita est finalement assez simple, avec quelques plaques témoignant leur amour et affection. Mais la tombe qui est la plus émouvante, est celle d’une jeune fille de 26 ans : Liliana Crociati de Szaszak, morte à 26 ans pendant sa lune de miel à cause d’une avalanche. Une mélancolique statue la représente, dans la robe de mariée qu’elle portait lorsqu’on l’a enterrée, la main posée sur la tête de son chien et sur le socle de la statue, un poème en italien d’un père fou de chagrin.

Juste à côté du cimetière, il a une église toute blanche, Nuestra Señora del Pilar, une des plus anciennes de Buenos Aires. J’irai y jeter un oeil avant de reprendre la ballade.

Recoleta est aussi un quartier de parcs, de sculptures, de centres culturels et de musées. Par exemple, le centre culturel de Recoleta se trouve juste à côté du cimetière, le Museo Nacional de Bellas Artes s’y situe aussi ainsi que la Bibliothèque nationale, nichés dans des parcs mais ce que j’avais vraiment envie de voir, c’était la « Floralis Genérica« , une superbe fleur de métal. Elle ressemble à un bouton d’or, mais en fait, elle n’existe pas. C’est un concept : la somme de toutes les fleurs, qui tourne avec le soleil et s’ouvre et se ferme. J’étais impatiente de la voir mais pas de chance : elle est en rénovation.

De là, je n’ai plus qu’à entamer la longue marche jusqu’au quartier de Palermo.

Palermo, ça rime avec bobo ?

Palermo est le plus grand barrio de Buenos Aires et mériterait à lui seul toute une journée ! Palermo Norte, Palermo Alto, Palermo Hollywood : Il faut encore des subdivisions pour s’y retrouver dans ce grand quartier! Entre le zoo de la ville, le jardin japonais, et les grandes avenues, c’est tout aussi cossu qu’à Retiro et Recoletta. On y trouve aussi de nombreux musées mais si Palermo est une étape à ne pas manquer pour un jeune visiteur à Buenos Aires, c’est à cause de sa partie la plus bohème : Palermo Soho. Regroupé autour de la Plaza Serrano, c’est un joli morceau de ville où rues et maisons se font petites. Les allées sont bordées d’arbres et les maisons sont colorées. Et pourquoi l’a t’on appelée Soho? A cause de tous ses créateurs : vêtements, accessoires, articles de parfumeries, avec un soupçon d’épiceries bio, de bars et de restaurants… pas étonnant que ce soit un endroit prisé de la jeunesse dorée de Buenos Aires, et un des favoris des expats. Ici, les looks se font plus étudiés, les tatouages (sur filles et garçons) plus élaborés et les garçons ont des barbes. Bref, on est chez le Buenos Aires hipster. On trouve des pubs géantes pour des playlists à écouter en buvant un chardonnay, des magasins vintage ou de jeunes créateurs, du street-art, des cabinets d’architectes et de design… C’est le paradis des accrocs du shopping, mais du shopping de qualité. On pourrait être à Brooklyn, à Södermalm ou à Belleville, mais avec un touche latino.  S’asseoir, enfin, après une longue journée de marche, à l’une des terrasses de la Plaza Serrano (comme au Brujas-Madagascar), après avoir parcouru les allées du petit marché qui s’y tient tous les jours, c’est un peu comme être au spectacle. Spectacle qui restera essentiellement dans ma tête… les quelques clichés qui suivent étant pris avec mon smartphone (quand apprendrais-je à ne pas oublier ma batterie supplémentaire ?). Parce qu’à Palermo, les nuits sont chaudes et elles sont sauvages.

Il parait.

Quelques bonnes adresses à Palermo Soho ? Suivez de meilleurs guides que moi ou le site de l’Office du tourimse de Buenos Aires.

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