Dimanche s’est levé radieux sur le Barrio San Telmo à Buenos Aires… Quand je me suis réveillée ce matin là, j’avais l’impression d’être ici depuis des siècles. Sans doute est-ce parce que c’est mon étape la plus longue depuis le début du voyage ? Un quatrième jour qui se profile plutôt bien puisque qui dit dimanche dit Marché de San Telmo (Feria de San Telmo) mais avant d’entamer ce gros morceau, on traverse le petit quartier tranquille de Monserrat et surtout, on jette un œil à un des plus important complexe historique de la ville : la Manzana de las Luces,
Construit autour d’un collège jésuite (un ordre religieux qui a laissé une forte emprunte en Amérique latine), c’est ici que cet « îlot des lumières » a développé sur un hectare un pôle d’éducation et du culture alors que Buenos Aires n’était qu’une jeune ville. Un collège (et bientôt l’Université de Buenos Aires), une bibliothèque… la Manzana en a vu passer des têtes bien pleines ! Elle continue sur sa vocation culturelle en y organisant des expositions, des concerts et des pièces de théâtre. Il est possible de visiter les lieux, mais je n’ai pas eu le temps de le faire.
Sans trop de transition, on passe de la quiétude de Montserrat à la foule des badauds du dimanche. C’est que la Fiera de San Telmo, toujours plus populaire, est tout simplement immense et ses étals débordent mêle sur les quartiers voisins.
San Telmo, mi amor
Comment ne pas aimer San Telmo ? Il a des airs de gros village avec ses maisons anciennes et ses petites rues. Buenos Aires y semble ici à taille plus humaine. Mais même sous des airs villageois, le nombre de personnes qui s’y pressent est impressionnant ! On dirait que toute la ville (et les touristes) s’y sont donnés rendez-vous et on foule les pavés du quartier à petit pas. Ca permet d’apprécier les différentes échoppes. Les plus éloignées du cœur du marché sont les moins intéressantes mais au fur et à mesure que l’on se rapproche, le marché et San Telmo se révèle de plus en plus, comme un strip-tease. Plus questions de babioles en plastique mais de vrais objets, antiques ou vintage. Je pense que c’est dans cette ambiance que je suis tombée un peu amoureuse de Buenos Aires, que je me suis dit : « Tiens, je me verrais bien vivre ici ». De la musique sort de partout, les gens sourient sous le soleil, on négocie de bon cœur sur certains articles… Pas étonnant que San Telmo soit si souvent utilisé pour représenter l’essence de Buenos Aires ! Il ne manquerait plus qu’un couple qui danserait le tango pour parfaire la carte postale. La Plazza Durrego, est d’habitude le théâtre de la danse nationale argentine mais là, tout la place est remplie par les marchands.
Outre les étals, il y a pas mal de boutiques le long du parcours, je me laisse guider par les devantures. Magasins de créateurs, de design, d’antiquaires… On flâne, on furète… en vedette toutes catégories des objets convoités : les plaques publicitaires métalliques et les bouteilles de siphons colorées. Tous les sens sont ici en éveil ! La vue, l’ouïe, le toucher des objets mais aussi l’odorat et le goût ! C’est que les cafés et les restaurants ne manquent pas ! Comme on est dimanche et que c’est mon dernier jour à parcourir Buenos Aires, je ne résiste pas : il faut que je m’offre encore un « biffe de chorizo » et ça tombe bien, j’arrive en face d’une parrilla connue de tous à San Telmo : La Brigada. Et à l’intérieur, c’est la cohue ! Heureusement pour moi, le restaurant est immense et le service, plutôt rapide. Malgré le nombre de clients et le fait que je sois seule, je n’attends pas cinq minutes avant d’être placée, et c’est un coup de chance, dans la partie originale du restaurant. Ca ressemble plus à un pub sportif qu’à un restaurant : bois sombres, grosses poutres au plafond, maillots de foot, vieilles publicités… On se sent assez vite à l’aise. Je suis immédiatement prise en charge par un serveur d’une cinquantaine d’année : « Et votre « novio », Señorita ? Ah, pas de fiancé ? Vous avez bien raison ! Mieux vaut être seule que mal accompagnée ! ». Vingt minutes plus tard, mon steak est déposé devant moi. Délicieux… mais rien à faire, ma première extase bovine au Rodi Bar deux jour plus tôt m’a sans doute gâchée à vie. Jusqu’à preuve du contraire.
Autre lieu notable : la Passaje de la Defensa, une ancienne grande maison de famille, devenu logement social et enfin, galerie d’artisanat avec quelques restaurants. Un véritable refuge lorsque l’agitation du marché devient trop forte. Je n’ai pas le temps de trop m’y attarder, l’après-midi est déjà bien avancé… je décide de ne pas trop traîner car rejoindre La Boca à pied risque de prendre un peu de temps.
République de La Boca
La Boca, c’est le quartier du port. A la fois vitrine touristique et quartier mal famé, on voit débarquer des bus de touristes qui ne s’éloignent pas du Caminito, une petite enclave colorée devenue un des endroits les plus touristiques de Buenos Aires. Sur le chemin, on remarque qu’on entre dans un encore un autre Buenos Aires… La carte postale s’estompe, les immeubles, certains encore beaux, sont décrépis. Les maisons se font modestes, plus de pierre mais de la tôle et dominant ce coin de La Boca ; il y a la Bonbonera, le stade d’un des plus grand club d’Argentine : Boca Juniors. Quand on rentre dans le quartier, nous sommes prévenus que nous pénétrons dans un quartier à part : bienvenue dans la République de la Boca.
Si La Boca devait avoir des armoiries, ce serait le sigle jaune et bleu des Boca Juniors. Si elle devait avoir un héros national, ce serait Diego Maradonna qui y a étincelé avant de rejoindre l’Europe. Son drapeau serait certainement aussi chamarré que les maisons du Caminito.
Le Caminito est le lit asséché d’une petite rivière. Le train y passait et il en reste les rails, désaffectés eux aussi. Dans les années cinquante, El Caminito était devenue une véritable décharge. Entre en scène Benito Quinquela Martín, un artisté né dans le barrio et qui décide de changer le visage du Caminito. Il commence à peindre les façade de couleur pastel, orne les maison de sculptures et à partir de là, c’est l’explosion ! Les habitants suivront le mouvement et à présent, el Caminito attire le monde entier avec ses maisons colorées, son marché couvert et, ENFIN, je tombe sur un petit spectacle de tango. Le premier depuis que je suis arrivée à Buenos Aires. C’est une des premières choses que je verrais en y arrivant. Admirative et attentive, je détaille les mouvements des corps des deux danseurs. Impossible de ne pas être un peu troublée. Le reste du Caminito me laissera un étrange goût dans la bouche… Quelque chose sonne faux, comme si on était dans un parc d’attraction. Pourtant, ce coin de La Boca est photogénique à souhait… mais voilà, El Caminito ne m’a pas touché. Sont-ce les souvenirs made in China ? Un pauvre lama exposé comme s’il était typique de la région (les Andes, c’est loin). Peut-être devrai-je y revenir pour y voir un match des Boca Juniors, je n’apercevrai le terrain que via deux planches posées par dessus un camion stationné juste devant la porte du stade. Reste l’ambiance enjouée procurée par les touristes en goguette…
Je retourne donc sur mes pas vers San Telmo ou la Feria bat son plein. La plupart des stands ont plié bagage et sont partis, laissant la place aux musiciens de rue. Je croise un groupe autour duquel une foule s’est rassemblée. Du bébé au vieillard, tout le monde sourit, tout le monde esquisse un pas de danse. On oublie pendant un moment ses soucis, on oublie que peut-être, on dormira sur un carton ce soir (la crise continue de durement toucher les Argentins et il n’est pas rare de trouver des familles entières à la rue), pour peut qu’il y ait du soleil et de la musique. Un peu plus loin, c’est une jeune guitariste solitaire, tatouée et concentrée, qui joue un air à la fois dur et triste… C’est l’image que je garderai de Buenos Aires, cette fameuse dualité argentine, peuple partagé par la joie et la passion de vivre et une mélancolie indélébile.
Sympathique escapade en ta compagnie…
Merci, Milady! 😉 Déjà visité Bueos Aires ?
J’adore San Telmo ce quartier est incroyable et on y découvre tous les jours quelques choses. J’y avais loué un appartement pour ma dernière semaine durant mon tour du monde avant le retour après un an. C’était un bon sas de décompréssion 😉
Exactement, Isabella! C’est si familier, et en même temps il y a ce petit quelque chose de décalé qui fait que l’on sait que l’on est « ailleurs » à San Telmo. J’aurai bien aimé y passer plus de temps. Et qu’est-ce que tu y as découvert ?
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