« Tu vas en Argentine, il faut absolument que tu ailles à Tigre, c’est pas loin de Buenos Aires ! ». Depuis la Belgique jusqu’au Brésil, on m’a parlé cette petite ville juste à côté de la capitale argentine. Il fallait donc que j’aille constater de mes yeux ce qui m’étant vanté comme valant le détour. Tôt le matin, je prends donc le métro jusqu’à la gare de Retiro !
Dès qu’on sort de la station, il y a comme un air de vacances ! Tigre est une fille de l’eau, installée sur le Delta du Paraná , un des plus vastes deltas au monde qui se déverse non pas dans l’océan, mais dans le Rio de la Plata. A Tigre, les chenaux et canaux remplacent rues et avenues et au lieu de voitures, on se déplace en barques et bateaux. Le premier arrêt est donc la gare fluviale ! A partir de là, vous avez le choix : soit emprunter les barques qui servent un peu de service public pour visiter les différents « quartiers » de Tigre. Comme il est déjà presque midi, je décide d’embarquer sur un bateau pour une visite express avant de reprendre mon temps.
Tigre a connu une première heure de gloire, à la fin du XIXème siècle, en tant que port et lieu de villégiature pour les Porteños. Il reste encore des souvenirs de cet âge comme le Museo de Arte Tigre, un ancien « social club » qui ne ferait pas tache à Oxford ou Cambridge. Pendant la plus grande partie du XXème siècle, Tigre fut largement ignorée avant d’être « redécouverte » et la voilà à nouveau à la mode ! Les riches habitants de Buenos Aires y ont une maison de campagne, d’autres viennent y passer le week-end et les moins aisés prennent le train pour un bol d’air, le temps d’un dimanche (le meilleur jour puisque c’est le marché au Puerto de Frutos, pas de chance pour moi, nous n’étions pas dimanche).
Tigre, la Venise argentine
Tigre, c’est un centre-ville en bord de fleuve et des myriades de petites îles à fleur d’eau. Les maisons y sont presque toutes sont construites sur pilotis, et il y en pour tous les goûts : de la grande villa à la modeste cabine de pêcheur. Toutes ont un ponton et une barque à moteur… Comme je vais vite le découvrir lors de cette balade dans le delta, tout passe par la rivière : le courrier par exemple, ou les courses, qui sont acheminées en bateau. Tout un mode de vie bien différent de celle de la capitale, alors que seulement 30 kilomètres les séparent. Parmi les gens qui y habitent à l’année, une bonne poignée d’artistes… et pas mal de familles ! Au début de la balade, ce qu’on peut voir n’est pas très engageant. On passe à côté du port et d’un parc d’attraction un peu décati (le Parque de la Costa). On croise même des péniches chargées de bois (souvenir de l’époque où Tigre était sur la route des exploitations du bois et des fruits). Il y a même quelques épaves qui rouillent sur les rives. Par contre, dès que l’on quitte les voies principales, très soumises au trafic et donc dangereuses, il y a plein d’enfants que l’on voit se jeter depuis les pontons dans l’eau couleur café au lait du Delta. Une eau chargée de limon et de minéraux, venant du fin fond du continent. Elle n’a pas l’air engageante comme çà, mais à voir tous ces gamins s’ébattre dans l’eau, ça donne envie !
Pendant l’excursion, je me laisse bercer par l’ambiance… Pas de commentaires de la part du commandant, il n’y a qu’à admirer le paysage fait de marais, de mangroves, de maisons, essayer de repérer les oiseaux… Le rythme est différent ici, presque insulaire. Je serai venue le week-end, l’air serait sûrement rempli de l’odeur de l’un ou l’autre asado, le barbecue local…
Île de Tres Bocas, balade à pied
De retour à la Gare fluviale, je fais un saut rapide à l’office du tourisme pour me renseigner sur les navettes de bateaux et c’est reparti pour un tout direction Tres Bocas, une île accessible qui n’est pas une propriété privée. Je m’installe à côté de la cabine du capitaine. Son siège a l’air d’avoir déjà bien vécu et l’inévitable thermo de maté, la boisson nationale, trône à côté des commandes. Le débarquement se fait sur le ponton d’un bar-restaurant… je me laisserai bien tenter mais j’ai très peu de temps devant moi, alors en route !
Se promener à Tres Bocas est une vraie joie ! Un sentier en fait tout le tour, entre maisons et bords de l’eau et ce qui fait son charme, ce sont les ponts qui traversent les chenaux et voies d’eau. On longe les jardins de jolies maisons, on monte et on descend les escaliers des ponts, de temps à autres, on croise un chien errant… j’en verrai beaucoup d’autres en Argentine. N’ayez pas peur, ces chiens des îles sont plutôt relax, et ouvriront à peine un œil pour vous regarder passer. Un peu plus loin, le long d’un rio, c’est une petite famille qui pique-nique. Tout semble tellement hors du temps ! Je consulte ma montre. Si je ne veux pas rentrer trop tard, je dois revenir sur mes pas. Je m’accorde quand même un moment pour déguster un petit coca, sur le restaurant du ponton. Je goûte la quiétude, l’impression que le temps s’est arrêté, ne fut-ce que ce cours moment. Les seuls bruits sont le clapotis des vagues, les grillons, et les quelques voix indistinctes d’autres visiteurs. Car tout est si calme qu’on ose lever la voix.
Cette quiétude est brisée par le bruit d’un moteur… un petit bateau arrive et je vois un jeune « second » sortir d’une fenêtre pour amarrer le bateau au ponton. La parenthèse enchantée se referme.
Une heure de train plus tard, je me retrouve jetée dans la frénésie d’un Buenos Aires à l’heure de pointe. J’ai envie d’en profiter encore un petit peu et décide de rentrer à pied, d’humer l’air porteño une dernière fois. Demain matin, il sera l’heure de lui dire adieu et de partir, direction Rosario, la ville de Che Guevarra.
Et moi, je te laisse avec ces quelques impressions de Tres Bocas… ça faisait longtemps ! 😉
Se rendre à Tigre
3 moyens
Le plus joli
Rejoindre le « Tren de la Costa« , un petit train de banlieue qui longe la côte du Rio de la Plata. Prenez la ligne Mitre au départ de la Gare de Retiro puis changez à l’arrêt « Mitre ». Traversez le pont pour rejoindre le quai d’embarquement du « Tren de la Costa », un train électrique tout riquiqui de 2-3 wagons, mais plutôt moderne. Pour la plus jolie vue à l’aller, placez-vous à droite, vous verrez la côte. Chaque arrêt semble avoir ses propres caractéristiques et à mon avis, un séjour prolongé à Buenos Aires mériterait de s’y plonger. Veillez à partir tôt car ça prend pas mal de temps
Le plus rapide
Le Ramal Tigre
La ligne directe depuis la gare de Retiro, le trajet dure une heure, plutôt pratique lorsqu’il s’agit de revenir sur Buenos Aires.
Attention, les stations du « Tren de la Costa » et du Ramal ne sont pas les mêmes ! Le Ramal se prend à la Gare de Tigre et le Tren de la Costa, à la station « Delta » à côté de la gare fluviale.
Le plus original
Et celui que j’aimerai tester la prochaine fois (on y crois !!!) : le bateau. Un bateau, le Surla, fait le voyage entre Puerto Madero et Tigre
A Savoir
Surtout ne pas oublier de prendre votre lotion anti-moustiques. Qui dit climat chaud plus eau marécageuse = plein de bébêtes avides de sang qui se feront un plaisir de considérer votre corps comme un buffet géant. Et ne négligez aucunes parties !