Qu’elle est longue la route pour Rosario. Le bus file sur un mince ruban de béton et son jumeau, de l’autre côté, traversant un océan vert d’herbe. La voilà donc cette fameuse pampa ! Une plaine monotone et vide, quelque fois agrémentée d’arbres. En regardant par la fenêtre, j’essaie d’imaginer les gauchos sur leurs chevaux… libres avec l’infini comme horizon. Chaque minute m’entraîne plus loin de Buenos Aires mais me rapproche de Rosario. Rosario, est-ce la deuxième ou la troisième ville d’Argentine ou serait-ce Córdoba ? Les deux cités se disputent le titre depuis longtemps. Rosario l’Ouvrière et Cordoba la Lettrée. Les Rosarinos vous affirmeront que leur ville est la 2e, les statistiques disent Córdoba. Mais pas de soucis, je les verrais toutes les deux !
Si je m’arrête à Rosario, ce n’est pas seulement que pour le plaisir de la découverte mais aussi pour une rencontre. Cela fait maintenant des années que je suis Elisa, blogueuse argentine et francophile. Je ne pouvais pas venir dans son pays sans la saluer !
J’ai juste le temps de m’installer à l’auberge et voici Elisa qui vient me chercher, en voiture s’il-vous-plaît ! J’aurai donc droit au grand tour, on dirait. Je découvre le visage derrière blog et ne suis pas surprise : une petite dame brune, au français parfait, teinté d’un léger accent qui chante, distinguée, cultivée et chaleureuse. Grande voyageuse, Elisa est amoureuse de sa ville alors, on embarque dans sa bagnole, et où donc cette Rosarina m’a-t-elle emmené ?
Architecture, fresques et street-art
Rosario, c’est d’abords une architecture « fin de siècle », comme un Buenos Aires en miniature (les rues y sont un peu moins larges et les bâtiments, moins hauts) mais non moins élégants, comme ce carrefour à la « Bolsa del Commercio ». Il faut bon s’y promener le nez en l’air, la façade de l’Hôtel Savoy n’est pas mal non plus !
Parmi les autres bâtiments à voir, on notera le Palacio de los Leones, où se situe la mairie. On ne peut pas louper ce bel immeuble « rouge » (un peu comme la Casa Rosada de Buenos Aires) flanqué de lions blancs. Il est séparé par une petite rue de la Basilique Cathédrale Notre-Dame-du-Rosaire. A l’intérieur plutôt sévère de la cathédrale, la Madone au Rosaire veille sur la ville à laquelle elle a donné son nom.
Un bâtiment qu’Elisa tiendra à me montrer est le Club Espagnol, une espèce de point de rendez-vous pour expatriés du Vieux Continent, une étrange demeure ou semblent mélangés plusieurs styles… à mes yeux mal entraînés, on dirait une espèce de mélange entre Classicisme, Art Nouveau et Art Déco. En fait, il s’agit de Modernisme catalan, un mouvement similaire à l’Art Nouveau. Si j’avais visité Barcelone, j’aurai certainement vu la similitude… mais voilà ! En tous les cas, il tranche avec le reste de la « vieille » ville. A présent, ce club est un pôle culturel important où l’on peut apprendre le tango ou le yoga ou déambuler dans une exposition.
Parlant de culture, le Teatro El Circulo est une institution à Rosario. Comme les pièces de Broadway sont jouées à Chicago (histoire de prendre la température du public), Rosario sert de « terrain d’essai » pour les dramaturges! « Le public de Rosario a une réputation d’exigence, me confie Elisa, et ce qui marchera ici ne pourra que marcher à Buenos Aires ».
Les fresques : comme Bruxelles, Rosario a un parcours de fresques murales ! Je n’en ai vu qu’une (on ne peut pas tout faire), mais Rosario peut se visiter avec d’immense peintures murales en guise de guide. A côté ces œuvres « officielles », comme partout en Amérique latine, le street art est présent. Il suffit de se promener !
Parcs et fontaines
Rosario est une ville de parc et de fontaines, à commencer par le plus grand d’entre eux, le Parc de l’Indépendance et ses fontaines qui dansent la nuit, le Parc des Collectivités, au bord du Rio Paraná ou encore le Parc d’Espagne (et ce qui est sans doute la plus petite bibliothèque publique du monde), son amphithéâtre et son Centre culturel…
Elisa m’emmènera spécialement voir la Fuente de las Utopías, la fontaine des utopies, une jolie petite fontaine située dans un beau quartier du centre, à côté des anciennes douanes. « Très parisien, non ? » me dit Elisa avec un sourire de fierté.
Rosario, ville d’histoire et du futur
La première chose qu’Elisa m’emmènera voir, c’est la maison natale d’un des plus célèbre argentin de l’histoire contemporaine : Ernesto « Che » Guevarra. C’est à Rosario, ville contestataire par excellence, qu’Ernesto est né. « Chez nous, c’est un personnage controversé mais je sais que les Européens l’adorent ! ». Rosario, port fluvial et ville ouvrière,a toujours eu une réputation de ville de gauche. Depuis 1980, c’est un (ou une) maire socialiste qui dirige la ville. Comment s’étonner qu’un révolutionnaire y soit né ?
Le monument le plus imposant de la ville est sans doute le Monumento Nacional a la Bandera, le monument national dédié au drapeau argentin, qui fut levé pour première fois sur une île de l’autre côté du fleuve par Manuel Belgrano. Et on peut dire qu’on ne rigole pas avec le drapeau de la « Nacion » : escaliers et colonnes monumentaux, flamme éternelle et allégorie, ce grand espace public est également un lieu de rassemblement pour tous les événements publics importants à Rosario.
Pas très loin de là, près du fleuve, on trouve la Rosario moderne. Fini les bâtiment haussmanniens, bonjour les gratte-ciels et appartements de luxe ! C’est que Rosario a connu un boom jusqu’à récemment ! Sa position sur le fleuve et l’explosion de la culture du soja et autres ont été bénéfiques à l’économie. De nouveaux buildings sont sortis de terre et la ville a investi massivement pour de grands travaux publics comme la Ciudad Joven, la cité des jeunes, abritée dans des anciens hangars en bords de fleuve. En s’y baladant, on apercevra de jeunes acrobates s’entraînent au tissu aérien. Comme un sentiment de liberté.
Rosario, ville d’eau
Et puis, il y a ce fleuve… ce grand Rio Paraná a qui Rosario doit tant. Ses eaux changent de couleur selon l’heure. Un étrange mauve mordoré à midi, un bleu pétrole marbré de marron le soir. Son large lit charrie des branches ou des jacinthes d’eau… « Il ne faut pas trop s’en approcher, me confie Elisa, de temps en temps, il y a des bestioles qui se cachent comme des serpents. » En regardant les morceaux de végétations emportés par le courant, j’ai plus envie de sourire que de m’apeurer et je songe aux forêts du Brésil ou le Paraná prend sa source… un long voyage pour une bestiole ! Le soir du 31 janvier, sur la plage de la Florida (qui est LA plage de Rosario), j’irai timidement me rafraîchir les pieds… petit-à-petit, je les enfoncerai dans la vase et enfin, enhardie, nager… comme pour laver le passé de cette année 2014 un peu folle… Je lutte un peu contre le courant et pendant que je nage, je n’arrive toujours pas à croire que je suis en train de barboter dans le 2e plus grand fleuve d’Amérique du Sud. 2015 promet ! Et promet beaucoup !
Merci Elisa de m’avoir fait découvrir ta ville avec autant d’enthousiasme.
Casona de Don Jaime 2 fait partie du Réseau « Hosteling International » (un gage de qualité). Très, très bien située (dans le centre, à cinq minutes de la casa de Los Leones), l’auberge est installée dans un très beau bâtiment. J’ai séjourné dans une chambre individuelle (la « Generala »), une toute grande chambre (avec salle de bain) située au dessus de la cuisine (mais calme). Le petit-déjeuner (sommaire, mais il a le mérite d’exister) est compris dans le prix de la chambre. On trouvera aussi des dortoirs et des chambres pour 2/3 personnes. Personnel adorable et belle grande cuisine, ainsi qu’un jardin. On peut y réserver plein d’activités dans la région de Rosario et plus loin.
La Sede Bar La première chose qui attire l’œil à la Sede, c’est l’élégante maison Art Nouveau qui l’abrite. Impossible de ne pas l’admirer. Au premier coup d’oeil, on voit qu’il s’agit d’un bar littéraire. Grande table en bois, machine à café immense qui invite le client à déguster un espresso ou un cappucino, pile de journaux… Pour compléter le tout, il y a un étage ouvert sur le rez-de-chaussée. Comme il commençait à pleuvoir ce matin là, il ne m’a pas fallu beaucoup pour entrer m’y réfugier et passer une heure agréable, près de la fenêtre. C’est également un centre culturel et un café concert!
Rio Mio Elisa m’emmènera manger une spécialité on ne peut plus argentine : la Milanesa! Il faut savoir qu’une grande partie des Argentins ont une origine italienne et s’il y a trois chôses que les Argentins ont intégré à leur culture gastronomique, c’est le goût du bon café, de la « gellatto » (qu’on appelle « helado ») et la côtelette à la milanaise. Une escalope de veau pané mais d’une taille monstrueuse. Rio Mio est un restau plutôt chic, avec une superbe vue sur le fleuve, une déco minimaliste et contemporaine, faîte de bois blond et de peinture noire. J’ai réussi à engloutir cet énorme morceau de viande.
Petite note de service, la milanesa est tellement populaire qu’il existe une chaîne de restaurant baptisé « El Club de la Milenesa ». « Si tu viens pendant pendant qu’il est là, me souffle Elisa en passant devant, tu as des chances de voir Lionel Messi, il vient souvent ici. » Eh oui… « Lio » est natif de Rosario !
C’est réveillon avant l’heure avec @élisant et une bonne «petite» milanais!
Une photo publiée par Melissa M. (@mellovestravels) le
Costa Alta : Un peu plus haut que la plage de « La Florida » , se trouve Costa Alta, le meilleur point de vue pour apprécier le Pont qui enjambe le Rio pour rejoindre la ville voisine de Victoria et la vue sur la « skyline » du Rosario moderne. Tout en bas, vous trouverez un café où déguster une petite boisson fraîche mais surtout, un bon « petit » carlito, un sandwich jambon/fromage/ketchup grillé, spécialité rosarina par excellence ! Un chouette endroit où se poser et songer au temps qui passe, comme le courant du fleuve.
Coucher de soleil hier soir sur le Rio Parana. #MeldoestheWorld #latergram Une photo publiée par Melissa M. (@mellovestravels) le
Comment rejoindre Rosario ?
Rosario est très bien connectée à la capitale et au reste du pays. Vous avez l’embarras du choix !
Par avion, rapide mais cher, plusieurs vols par jour depuis Buenos Aires mais aussi depuis le Brésil, le Pérou et l’Uruguay : www.aeropuertorosario.com
En train : le plus lent, mais on imagine le plus romantique. Comptez 6h30 depuis la gare de Retiro à Buenos Aires à Rosario Sur. : www.sofse.gob.ar/servicios/horarios-bsas-rosario.php
En bus : le plus pratique non seulement depuis d’autres villes argentines mais aussi pour arriver à Rosario de l’étranger (en voyageant en confort avec lea classe super-cama). Compter 5 heures de route depuis le terminal de bus de Retiro à Buenos Aires (à côté de la gare). www.terminalrosario.gob.ar
Le site de l’office du tourisme de Rosario : www.rosarioturismo.com/en
je ne connaissais rien de l’Argentine ! Superbe visite, j’ai beaucoup appris, les fresques ont l’air très jolies !
C’est une toute belle manière de découvrir la ville, les fresques du parcours « officiel » sont vraiment impressionnantes par leur taille… mais il y a aussi tout le street-art, qu’on peut découvrir juste en se promenant comme çà.
Tres jolie visite
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