Petrópolis, à l’ombre de l’Empereur du Brésil

S’extirper de Rio de Janeiro pour faire un petit séjour à Petròpolis prend du temps, on ne quitte pas aussi facilement une ville de 6 millions d’âmes. Depuis la Station de bus de Novo Rio, il faut un petit bout de temps avant que la banlieue ne disparaisse. Une banlieue faite de routes de terre, des maisons faites à la vite, dont on ne sait pas trop comment elles ne s’écroulent pas.

Et puis, tout d’un coup, plus rien. On se retrouve dans la « mata atlantica », la forêt qui couvrait toute cette côte centrale du Brésil. Une forêt luxuriante, touffue, qui se déballe devant vous comme un tapis aux nuances d’émeraudes. Et très vite, la route monte. Pendant une bonne heure, j’admirerai ce paysage de matin du monde, jusqu’à l’arrivée à Petrópolis.

Petrópolis, ville impériale

Petrópolis fait partie de ces endroits que je ne connaissais pas avant de préparer mon voyage pourtant, c’est un des endroits les plus visités du Brésil et cette cité est très importante dans l’histoire du pays car c’est ici que se trouve le Palais d’été de l’Empereur du Brésil, qui venait y prendre le frais quand Rio suffoquait sous la chaleur tropicale. Eh oui, le Brésil fut un empire, brièvement. Pedro Ier, celui qui aura l’idée de construire un palais dans la région, et surtout Pedro II, ou « Dom Pedro » comme est affectueusement appelé ici celui qui réalisera les plans paternels.

Partout dans la ville, l’Empereur, sa femme, et sa fille, la Princesa Isabel, sont célébrés par des noms de rues, de place, de commerce… car si Petrópolis doit sa réputation, c’est bien grâce à eux. Et Dom Pedro est partout, en statue, en peinture ou en photo. Dom Pedro étant un monarque, il fallait bien qu’il y ait une court. Militaires, savants, architectes suivirent l’empereur et construisirent de merveilleuses villas. Après la proclamation de la république, la popularité de Petrópolis ne baissera pas. Artistes et intellectuels virent s’y établir, séduits par les paysages et la douceur de vivre. Car s’il y a bien un élément qui frappe à Petrópolis, c’est bien celle-là : l’impression que c’est une ville heureuse. A toute heure, les gens sont dehors. De jeunes tatoués discutent avec des messieurs âges venus prendre le frais. On vide des litres d’Itapaiva (la bière locale) dans les nombreux petits cafés, on se promène le long de la Rua do Imperador, bras dessus, bras dessous, toutes les couleurs du Brésil mélangées, et semblent y vivre en harmonie.

Dormir à Petrópolis au Grão Pará

La Rua do Imperador sera sans doute, comme pour moi, la première étape de la visite. Je me suis installée tout au bout, à côté de l’église de l’Immaculée Conception, dans l’Hotel Grão Pará, nouvellement installé dans un ancien palais (un excellent deal 45 Euros pour une personne, j’ai adoré les immenses plafonds de la chambre et leurs grandes portes en bois). La rua est un peu le cœur battant de la ville, on la parcourt de long en large. Les deux côtés de la rue même sont séparé par une rivière qui a été canalisée et de nombreux petits ponts la traverse. On y a également planté des arbres pour protéger du soleil. Tout le long de la rue, c’est une déclinaison de jolies demeures, souvent peintes de couleurs pastel. Du jaune, du bleu, de l’ocre, du rose… Elles ont toutes la particularité d’avoir un air un peu décati, ce qui rajoute à leur charme.

Le palais impérial de Dom Pedro

En arrivant au niveau de l’obélisque, on trouve un parc, avec bien évidemment une statue de Dom Pedro (qui ressemble étrangement à Léopold II, ça doit être la barbe) et le croisement avec la Rua do Imperatriz qui mène à l’ancien palais impérial. Il est à présent un Musée. Si vous ne souhaitez/pouvez pas y entrer, rien ne vous empêche de faire une petite balade dans les allées du parc du château (c’est gratuit). C’est là que j’ai réalisé l’amour des Brésiliens, ou du moins des habitants de Petrópolis) pour les hortensias. Il y en a partout ! Et à travers tout ça, apparaît le palais comme un gigantesque bonbon rose. Je me suis faufilée à travers les multitudes d’écoliers en visite. Comme dans bien des musées, les photos sont interdites. Que vais-je y découvrir ? Un palais où quasi tout est d’origine ! Les meubles, les objets de la vie usuelle d’une famille de haut-rang (porcelaine, services, boîte à couture des dames…) Même le costume d’apparat et la couronne de l’empereur sont toujours là, ainsi que la plume d’or et de diamants de la Princesa Isabel, qui signât avec cet objet l’abolition de l’esclavage alors qu’elle était régente. On découvre aussi une demeure plutôt bourgeoise que royale. Cossue, mais sans trop d’ostentation, ni d’extravagance. La grande particularité du Palais, c’était la ligne de téléphone que Dom Pedro, féru de technologie, avait insisté qu’on lui installe.

Dans un bâtiment annexe, on trouvera même une locomotive de la ligne de chemin fer « Leopoldina » qui reliait Rio à Petrópolis.

 

Pour admirer les jolies villas, et il y en a pour tous les goûts (classique, néo-classique, anglo-normand, de style chalet, etc.), c’est le long de la rua do Imperatriz mais surtout l’Avenida Koeler (celui à qui Dom Pedro avait confié la construction de sa ville). Une promenade bien agréable qui commence avec la visite de la Cathédrale de São Pedro de Alcântara, qui se trouve pas très loin du musée. C’est ici que sont inhumés Don Pedro et sa femme, l’impératrice Thérèse-Christine ainsi que la Princesse Isabelle et son époux, Gaston d’Orléans. En passant, on peut admirer le Palais Amarello, le siège de la chambre municipale de la ville.

Le Palais de Cristal de Petrópolis et son marché de Noël

Après en avoir pris plein la vue avec ces manoirs et autres villas et leurs jolis jardins, on arrive au Palais de Cristal, une espèce d’immense serre toute en transparence, avec quelques vitres vertes et bleues. Le Palais de cristal a une particularité : celle d’être le premier bâtiment préfabriqué de l’histoire du Brésil ! Toute la structure et les panneaux sont venus de France, commandé par Gaston d’Orléans. Serti dans un parc, la visite du Palais est gratuite et c’est là que la ville a installé son petit marché de Noël… A l’intérieur, il y a même une réplique de cheminée et un Papa Noël géant ! Je me demande bien ce qu’en pense les enfants qui courent partout dans le parc et le Palais, dans la région, c’est quasi tout le temps l’été, même ici en hauteur.

Hommage à un pionnier de l’aviation : Maison Musée de Santos Dumont

A partir de là, on rejoint facilement la Praça Rui Barbosa, le plus grand espace public de Pétropolis avant de faire une ultime halte à la Maison Musée de Santos Dumont. Pionner de l’aviation, Alberto Santos-Dumont avait fait construire une villa bien particulière à Petrópolis ! Étroite, sur trois étages et toute en hauteur, la maison a ceci de particuliers qu’elle ne comporte pas de cuisine ! En vieux célibataire, Santos-Dumont ne faisait pas la cuisine, mais se faisait livrer ses repas depuis l’hôtel de l’autre côté de la rue ! Au sommet de la maison, sur une minuscule plateforme, on trouve même un télescope (l’accès est interdit pour raison de sécurité). A l’intérieur, on y trouve des photos, des documents, qui illustrent la vie de l’inventeur. Santos-Dumont, dont la vie était faite pour s’envoler, sera finalement cloué au sol par la sclérose en plaques. Il finira par se suicider quelque temps plus tard.

A nouveau entourée d’enfants, curieux de savoir d’où je viens, je quitte la maison. Le musée ferme et le soir commence à descendre doucement sur Petrópolis… Les lumières de Noël s’allument sur la Praça, mais au lieu d’une petite bise froide, c’est un vent de montagne bienfaisant et doux qui vient rafraîchir l’atmosphère. Les familles commencent sortir pour une petite promenade avant le dîner, les vieux, eux, sont bien tranquilles à l’ombre depuis un moment.

Et Petrópolis avance dans le soir aussi tranquillement que coulent ses jours.

Arriver à Petrópolis

Depuis Rio de Janeiro, prendre le bus à la Rodovaria Novo Rio (compagnie Única). Le bus termine sa course à la Station de bus Leonel Brizola, à quelques kilomètres de la ville. Il faudra alors prendre un bus municipal (le 100, dont le départ semble coordonné avec l’arrivée des bus interurbains).

Boire et à manger à Petrópolis 

  • Le Duetto’s Café: Un vrai endroit « pour filles », au sein du terrain du Palais. C’est une déco un peu à l’anglaise, matinée d’objets typiquement brésiliens, déliceusement rétro. On y vient pour boire un café, manger des gâteaux ou prendre un sandwich après la visite.
  • Casa d’Angelo: A la fois bar, restaurant, pâtisserie-boulangerie, cette institution de Petrópolis est sans doute le meilleur endroit pour y boire une Itapaiva (bière brassée dans le coin, la région a connu une forte immigration allemande, encouragée par Dom Pedro) dans un décor qui ne semble pas avoir changé depuis le début du siècle.

Randonnées à Petrópolis et alentour 

  • Petrópolis est un des points d’entrée du Parc National Parque Serra dos Órgãos (avec Teresopolis et Guapirimim). L’entrée la plus courante est celle de Teresopolis (om se concentrent la plupart des sentiers) mais une grande randonnée d’une 40aine de kilomètre relie Petrópolis, à Teresopolis et est une des plus jolies du Brésil, parait-il (je ne peux pas en juger).
  • Trono de Fátima : Une bonne heure avant le coucher du soleil, ce n’est pas une mauvaise idée de se rendre au point de vue du « Trône de Fatima », un sanctuaire religieux perché sur une colline qui surplombe la ville. Attention, àa monte, même si on suit une route asphaltée, ce n’est pas facile !
  • Un peu moins sportif/ve ? Le Parc Naturel Municipal de Petrópolis est une véritable petite jungle dans la ville ! On peut s’y balader (ça monte et ça descend) pendant une petite heure, presque persuadé qu’on est au fin fond de la forêt vierge !

Les musées

Cet article a 9 commentaires

  1. Maud

    Que c’est beau. MERCI pour tous les récites, on voyage avec toi.

    1. Melissa

      Merci, Maud! Je me répète sans doute mais le plaisir est autant pour moi de vous faire vivre ces aventures avec moi. Ca me réchauffe le coeur de voir des retours positifs. 😉

  2. LaRoux

    Ah le Brésil, quel beau pays !

    1. Melissa

      Oh oui… et encore, je n’ai vu qu’un tout, tout petit bout… en 3 semaines… il faudrait plusieurs mois, voire un an pour explorer ce grand pays. Et encore…

    2. Melissa

      Et quels gens, surtout! Je crois que c’est ca que.Je.préféré, même sans trop connaitre le portugais.

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