Visiter Paraty, la carte postale du Brésil

Visiter Paraty , c’est un peu comme se retrouver dans une carte postale.  La ville est en effet un des joyaux du Brésil dont on ne peut faire l’impasse et qui semble ne pas avoir changé depuis sa fondation. Nichée dans une baie parsemée de dizaines d’îles et d’îlots, adossée à une montagne couverte par une forêt luxuriante, on peut véritablement dire qu’elle est bénie par la nature. Sur ses gros pavés, on croise encore des chevaux, montés par des gamins, ou tirant une carriole chargée de fruits, de légumes ou de touristes. Car avec une telle beauté, Paraty est devenue un des lieux de passage incontournable d’un voyage au Brésil. Les touristes s’y pressent, et certains y restent, de nombreux expats y ayant élu domicile pour ouvrir pousadas, restaurants ou galeries d’art.

Pour y arriver depuis Rio, la route est assez longue, mais belle le long de la Costa Verde, ente collines vert émeraude et une mer presque de la même couleur, la plus jolie partie du voyage se trouvant après Angra dos Reis. Une série de petites villes et villages se suivent et on aurait envie de s’arrêter à chacun d’entre eux.

Paraty, ville blanche

J’ai élu domicile au Vibe Hostel, une petite auberge à 5 minutes de la vieille ville (le centre de Paraty est tout petit). Tenu par un jeune couple marié de la veille (Ilse et Gustavo), j’avais l’impression d’être à la maison… et Gustavo m’a fait découvrir la « Jorge Amado », une cachaça infusée à la cannelle que l’on sert avec un fruit de la passion pressé, du citron et beaucoup de glace. Un DELICE !

Le temps de déposer mes bagages après de longues heures de bus, je pars directement faire un tour en ville. Le ciel est chargé, donnant un petit air mélancolique à la vieille ville. J’essaie de m’habituer au pavé. Plus que les petits carrés auxquels je suis habituée à Bruxelles, il s’agit de grosses dalles de pierre, irrégulières, qui font trébucher. Mieux vaut donc se balader en tongues ! A chaque pleine lune, la marée envahit la ville, noyant les pavés. Les habitants disposent alors des planches pour pouvoir circuler.

Je découvre une ville toute blanche. Les petites maisons sont toutes recouvertes de peinture blanche ou de chaux, avec des portes et volets de couleurs vives ou des frises peintes le long des façades. En ressort une sensation d’harmonie et de calme… On n’a pas trop envie de lever la voix, mais juste de profiter du son des quelques musiciens de rue et du vent qui vient de la mer, car elle est toute proche ! En moins de 10 minutes, on rejoint l’église Sainte-Rita. Plus vieil édifice religieux de la ville, l’église, devenue un musée, est en rénovation, je ne pourrai donc pas la visiter et la Casa da Cultura est fermée. Un peu plus loin, on trouve le petit port où les pêcheurs, convertis en guides, emmènent les touristes faire un tour dans les îles de la baie pour la journée, une des activités les plus populaires à Paraty. C’est d’ailleurs l’heure où les bateaux rentrent et je regarde le spectacle du débarquement. Depuis le bout du quai, on peut prendre la photo « Carte postale » avec l’église qui domine les petites maisons du port.

Paraty : des bienfaits de l’oubli

Mais pourquoi Paraty est-elle si bien préservée ? Elle peut remercier le fait d’avoir été oubliée.

Construite dans la 2e moitié du XVIIe siècle, Paraty était le bout du bout du « Caminho do ouro« , la route de l’or, miné dans les provinces intérieures du Minas Gerais et de là, partait vers Lisbonne. Pendant plusieurs années, ce chemin sera une vraie « ligne de vie » pour la colonie, acheminant richesses, provisions… et esclaves. Paraty déclinera lorsqu’une nouvelle route, reliant les cités minières à Rio, fut construite afin d’éviter les pirates qui infestaient les côtes au nord de la cité. La ville se vida alors de ses habitants. Il faudra attendre le 19e siècle pour deux reprises successives. Premièrement avec le commerce de café, puis avec la culture de la canne à sucre pour distiller de la cachaça, l’alcool national brésilien (une visite dans une distillerie est incontournable, j’en parlerai dans un prochain article).

Ces mini-booms ne dureront pas longtemps, et la ville est à nouveau laissée à son sort jusqu’à la construction d’une route entre Rio et les grandes villes du Sud. Cette isolation fut donc une bénédiction, préservant l’architecture baroque de la ville de manière quasi totale. Raison pour laquelle Paraty et le Caminho do ouro sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.

Pendant que je prends des photos, un grand gars vient se planter devant moi.

« Senhorita, vous cherchez un bateau pour demain ?

– Euh… pas vraiment, je fais des photos.

– Si vous voulez, je vous emmène demain ? On est pêcheur de père en fils dans ma famille et je connais toutes les îles ! »

Je fais un signe de la tête appréciatif.

« Et je connais des îlots paradisiaques où personnes ne va avec de très belles plages. Je peux faire une visite privée. Je prends ma guitare, et comme vous êtes mignonne, vous et moi, hein ? »

J’ai envie d’éclater de rire. Je le remercie en lui disant que j’ai d’autres plans.

« Eh, si vous changez d’avis, je serai là demain matin. Je suis là tous les matins. » me dit-il avec un petit sourire. Je souris aussi et le salue, amusée et en me demandant si cette approche marche vraiment avec les filles.

En revenant sur mes pas, je croise deux petits garçons, l’un est blanc, l’autre métis, le premier doit avoir 12 ans, le deuxième pas plus dix. Ils attendent au bord du quai avec un cheval que le plus grand tient avec sa bride. Derrière moi, j’entends les cris d’un petit garçon qui tire son papa par la main. Il veut caresser le cheval ou monter dessus pour faire un tour le long de la plage. Le père amorce donc les négociations avec le plus âgé des gamins. Je vois le garçon faire non de la tête et des bras et le père qui sourit. Apparemment, le gosse est dur en affaires !

Foi et capoeira

Bien que la ville soit petite, et son plan en damier, il est assez facile de s’y perdre. Les maisons et les rues se ressemblant toutes, un labyrinthe blanc où se succèdent galeries d’art, magasins de décoration, d’artisanat, de bijoux, de vêtements, de restaurants et de pousadas. Le tout souvent tenu par des expatriés. Je me demande si des gens habitent encore vraiment dans la vieille ville, à fortiori des Brésiliens mais mes réflexions sont interrompues lorsque j’arrive sur la place principale, aux pieds de l’Igreja Matriz de Nossa Senhora dos Remédios. Une petite foule s’est rassemblée pour assister à une compétition de capoeira organisée par une école. Et ce sont les plus petits qui s’y collent. Les plus jeunes doivent avoir 5-6 ans, les plus âgés pas plus de 10. Les parents sont évidemment aux premiers rangs pour filmer et photographier. Garçons et filles affrontent leurs instructeurs. Certains sont impatient de montrer ce qu’ils savent faire, d’autres un peu moins. Une petite fille particulièrement timide refusera tout net d’entrer dans le cercle de « combat », véritablement tétanisée. Tous recevront une médaille.

La promenade se termine en traversant le pont qui enjambe la rivière pour rejoindre la Praia do Pontal. De ce côté-ci de la ville, on trouve aussi de nombreuses pousadas et auberges, qui donnent sur la rue de la plage. Gustavo me confirme, c’est LA plage des habitants de la ville. Même si toute la côte et les îles sont parsemées de plages bien plus belles, c’est l’accessibilité qui en fait son attrait. Abritée des courants de l’Atlantique, elle est parfaite pour se baigner avec des enfants. Certains ne la recommande pas mais Gustavo avait haussé les épaules. « Pfff… j’y nage depuis que je suis tout petit et j’y vais presque tous les jours ! » Nous lui ferons donc confiance. Mais en ce début de soirée, le temps s’est couvert… pas forcément génial pour la baignade. Je prends quand même le temps de déguster un petit soda en regardant la mer, en me laissant bercer par le bruit des vagues et du vent dans les cocotiers.

 Quand je rentre en ville, le soleil a décliné, les lumières de Paraty s’allument et la ville se pare de couleurs comme un sapin de Noël et belle de bout en bout.

Peut-être un peu trop parfaite ?

Pour poursuivre la découverte : 5 activités à faire autour de Paraty.

 

Pour aller plus loin

Comment aller à Paraty ? 

Paraty se trouve à l’extrême sud de l’Etat de Rio de Janeiro, presque à mi-chemin avec São Paulo. Si vous louer une voiture, il suffit de suivre la route BR-1. Si vous venez en bus, depuis Rio, Costa Verdefait la liaison avec Paraty plusieurs fois par jour via Angra dos Reis (les guides disent 4 heures, mais c’est plutôt 5 heures). Depuis São Paulo, c’est la Reunidas Paulista qui fait la navette (compter 6 heures).

Quand y aller

Surtout éviter les fêtes de fin d’années et le Réveillon de Nouvel An, si aimez la tranquillité, à moins de vous y prendre très à l’avance. La ville est très courue à cette époque de l’année.

 

Cet article a 2 commentaires

  1. Rhay

    Merci pour cette découverte! ça à l’air vraiment beau et tu donnes grave envie avec le Jorge Amado 🙂

  2. LadyMilonguera

    C’est vraiment charmant comme village, j’adore !

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