La mousson a décidé de nous laisser un peu de répit… le soleil brille sur Koh Talu! Dans mon petit bungalow, j’ai dormi comme un bébé, la moustiquaire ayant fait son office! Après le petit déjeuner, toute la troupe à rendez-vous dans la « salle de classe » de l’île… C’est qu’aujourd’hui, on va nous mettre un au travail mais avant, il vaudrait mieux savoir ce que nous allons faire! Première tâche du jour: nous allons apprendre à « planter » du corail. Bien entendu, le corail n’est pas un végétal (c’est un animal… ou plutôt, une colonie d’individus). Malgré la taille qu’ils peuvent atteindre, ils sont très fragiles et en danger : dommages crée par les bateaux, pollution, réchauffement climatique… Et dans le coin, il y a eu un peu de tout (dommages collatéraux de la pêche à la dynamite, déchets, etc) et comme les coraux sont essentiels à une mer saine (et donc des poissons), un des projets les plus importants de Koh Talu est d’implanter une nouvelle population de corail et recréer des récifs qui seront protégés.
Savez vous planter du corail, à la mode de Koh Talu ?
Comment procéder ? En les « plantant » donc. Les coraux ne bougent pas, il faut donc les fixer à un socle pour qu’ils puissent grandir. Dans notre cas, il s’agit de socle en PVC. Nous embarquons donc sur la barge qui va nous emmener à une « nurserie » où de jeune coraux pourrons grandir avant d’être planté à leur endroit définitif. Nos « bébés » coraux mesurent quelques centimètres de long (une vingtaine au plus)… A le voir comme cela, c’est assez difficile d’imaginer qu’ils s’agit d’un animal. Il a l’air inerte mais en regardant bien, il semble recouvert d’une espèce de couche un peu brillante qui m’a fait penser à de la bave, pour moi le signe qu’il s’agit bien d’un être vivant.
Une fois sorti de son seau d’eau, chaque seconde compte! Il faut le saisir par le bas (partie qui est déjà morte) et le maintenir délicatement droit dans son tube, en évitant de le toucher au maximum (le corail est sensible aux sécrétions corporelles humaines – sans parler des lotions solaires). Deux vis ont été préalablement disposées dans le tube et avec un tourne-vis, il faut ajuster le serrement des vis à la taille du corail. Assez pour le faire tenir mais pas trop pour ne pas le blesser. Enfin, quand un cadre est complet, un plongeur s’en saisit et va le placer à l’endroit qui lui a été alloué. Chaque corail aura été numéroté auparavant et sa croissance sera contrôlée. Le « Coral Garden » de Koh Talu est également un chouette spot de plongée ou de snorkeling! N’ayant pas prévu le coup, je n’ai pas décidé de faire de la plongée mais me suis précipitée sur masques et tuba pour pouvoir constater par moi-même le résultat des travaux de conservation. Et la première chose que l’on aperçoit en plongeant, c’est un énorme oursin! Bon… on va prendre çà comme un signe positif de la santé des eaux de l’île! Comme d’habitude, les poissons sergents-majors sont les premiers à se manifester. En continuant vers la proue de la barge, on trouve la nursery… des dizaines de tubes cadre en PVC, semblables à ceux que nous avons préparé, tapissent le fond. Le corail y est à différents stades de développement. Ca n’a pas l’air de grand chose comme çà mais reconstruire un récif prend beaucoup plus de temps qu’il n’en faut pour le détruire! Je me retourne de temps en temps pour regarder Emma. Elle m’avait confié que le snorkeling ne serait sans doute pas pour elle mais finalement, je la vois plutôt à l’aise, en train de filmer avec son appareil photo! Pour moi, c’est l’occasion de faire un petit tour d’essai avec ma GoPro! Je n’ai pas encore tout le matériel adéquat mais la tenir, alors j’agrippe son support jusqu’à m’en faire mal. J’ai déjà trop entendu d’histoires de snorkeleurs qui ont perdu leur précieux dans les abysses!
Plongée à Koh Talu
Tout à l’air si paisible dans ce monde bleu! On croise des poissons perroquets, de vers « arbres de Noël », des coraux couleur parme en forme de cerveau… Ce n’est pas encore LE spot de plongée ultime mais c’est sans doute le plus décent tout près de Bangkok!
Une fois notre petit tour « du propriétaire » complété, la barge nous emmène à un autre récif, plus près d’une falaise cette fois. Ici, le corail semble plus solide et la faune marine, plus diverse. Et si vous emportez une banane, il y a des chances que vous soyez très vite enveloppés par une nuée de poissons affamés (mais inoffensifs) qui tourbillonneront autour de vous dans un nuage de couleur et d’argent.
Le temps passe un peu trop vite lorsque l’on est sous l’eau. A peine le temps de se sentir tout à fait dans son monde qu’il est déjà temps de remonter à bords, puis de rejoindre le plancher des vaches. Mais on en a jamais assez! Après le repas de midi, Emma et moi allons nous promener du côté de Pearl Bay où il parait que le snorkeling n’est pas trop mal à deux pas de la plage. Malheureusement pour nous, la mer s’était faire un peu plus grosse et la visibilité, devenue très mauvaise, ne nous a pas permis de constater si l’endroit valait la peine ou pas.
Il y a des moment indélébiles dans une vie. Et celui que je vais te raconter en fait partie. En fin d’après-midi, nous sommes attendus à la nursery des tortues marines. Toute l’équipe de l’île nous attend!
Vive les tortues libres!
Après un an de vie en captivité, chouchoutées et nourries, les tortues (du type tortue imbriquée) sont assez grandes et fortes pour affronter la mer et ses dangers. Et pour un certain nombre d’entre elles, la cloche de la liberté a sonné! Mais la liberté, ça se mérite, alors nos tortues sont tout d’abords pucées, pesées et mesurées, on note leurs noms, numéros de puces et mensurations dans un registre puis ont les place sur le sable et on attend que l’instinct fasse le reste. Chaque petit groupe de 3 relâchera SA tortue. Certaines sont plus hardies, d’autres plus timides mais chacune rejoindra la grande bleue!
Tine, Emma et moi aurons la joie de relâcher « Cicero » (copyright Tine). C’est moi qui vais la tenir pendant la délicate opération de l’injection de la puce. On tient délicatement mais fermement l’animal. L’impression est bizarre. La carapace n’a pas l’air souple mais en fait, les côtés agissent comme des accordéons! Entre mes mains, je sens l’animal respirer sous sa carapace. Je la place sur le dos et maintient une patte avant étendue pendant qu’un des habitants de l’île, plus habiles que nous, pince la peau de la tortue pour lui injecter une puce hypodermique sans lui faire de mal. Je la confie ensuite à Emma, qui la rendra ensuite à Tine… Et devant la mer qui l’appelle, Cicero n’hésitera pas ! J’ai bien essayé de lui suivre dans la mer mais après quelques mètres, je l’ai déjà perdu. On reste toutes les trois un peu songeuses en regardant la mer… Cicero vit maintenant sa vie… en espérant qu’elle ne croise pas un pêcheur qui lui fera terminer sa carrière en soupe!
Go, go, Cicero! Swim free! Live.long and.prosper! #thailandbff #amazingthailand
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D’ici une quinzaine d’année, Cicero viendra normalement pondre sur la petite plage isolée où elle a été pondue., pas loin de la nursery Et pour ce que cela arrive dans les meilleures conditions, notre dernière tâche consistera à nettoyer la plage de tous ses déchets. Et il y a du boulot! Bouteilles et sac en plastique, morceaux de verre, morceau de pneus, chaussures ou tongues… La liste de déchets non-biodégradable est longue! Les employés de l’île viennent nettoyer toutes les semaines mais c’est un travail de Sysyphe! La faute aux déchets du continent qui arrive avec les courants marins. Et après l’effort, le réconfort : nous avons nettoyé la plage le mieux que nous pouvions et pour nous récompenser du travail accompli, c’est distribution de noix de coco fraîche! Un régal!!!
Nous quittons la plage au moment où commence le coucher du soleil. Pendant que tout le monde se prépare pour le dîner, je vais rester au restaurant, à regarder le jeu du soleil sur la mer. Ca me surprend à chaque fois. Cette fois, entre une eau qui oscille entre bleu clair et bleu foncé, des nuages aussi rose qu’un barbapapa se reflètent dans la mer. Un moment magique, qui ne durera que quelques minutes. Et comme à chaque fois que je me perds dans ce genre de contemplation, je me sens en accords parfait avec le monde. Ne fut-ce que pour ce bref instant.
Instant karma
Koh Talu m’en donnera d’autres… Notre petit groupe belge ira encore écouter les standards d’Elvis, j’irai retrouver, quasi dans le noir, mes compatriotes flamands partis s’isoler plus loin sur la Grande Baie pour regarder les étoiles. Je laisse la langue de Vondel me bercer les oreilles. Je ne comprends pas tout… mais scruter le ciel et m’aide étrangement à me concentrer. Après un moment, je décide les quitter et de rejoindre mon bungalow. J’ai bien envie de profiter de ma mini-crique pour une dernière petite nage. Sur ma terrasse, un chat m’attend. C’est le même depuis que je suis arrivée. L’île est peuplée de chats plutôt dociles qui ont pour particularité d’avoir des moignons de queue, ou pas de queues du tout. Un gène défectueux qui se passe de générations en générations.
Une fois changée, j’entre dans l’eau noire et chaude… c’est comme plonger dans de l’encre. Le chanteur philippin à finit son spectacle… c’est maintenant de l’électro qui arrive jusqu’ici avec la brise marine. Je fais la planche pour assourdir le bruit et regarde encore les étoiles. Le ciel s’est encore plus dégagé. J’essaie de me repérer… mes yeux s’arrête sur une forme familière : l’ « éventail » de la constellation du Scorpion. Antarès, le « coeur » du Scorpion, brille comme un petit joyeux rougeoyant. Elle est si loin qu’elle nous apparaît comme elle était il y a plus de 500 ans. Vertige pendant que continue à me laisser flotter. Je poursuis plus loin dans le ciel et retrouve une autre forme familière: le Capricorne, mon signe du zodiaque, qui est juste au zénith? C’est donc dominée par ma constellation natale, qui semble veillez sur ma nage nocturne, que se termine ces deux petits jours au paradis. L’esprit en paix.