Si vous cherchez une ville vibrante et éclectique à explorer, Hambourg devrait être en haut de votre liste. Cette ville portuaire allemande regorge d’histoire, de culture et de beautés architecturale. Pour cette première journée de visite à Hambourg, Lectrices, Lecteurs, nous allons nous concentrer sur les quartiers d’Altstadt et Neustadt. Avec leurs rues pavées, leurs bâtiments historiques et leurs boutiques branchées, ces deux quartiers forment le cœur de la ville. Allez, c’est parti pour la balade!
En train, vers Hambourg
Hambourg, fille de l’Elbe, troisième port européen après Rotterdam et Anvers, une ville presque nordique avec son esprit bien à elle, rebelle, fière et frondeuse, comme toutes les villes portuaires. Facilement accessible en train depuis Bruxelles; ça faisait longtemps que je voulais y aller et lorsque je posais la question à mon amie Saduman, avec qui je fais au moins une escapade par an, si elle avait envie de venir avec moi, ce fut un grand oui. J’avoue que vu la saison (nous étions début mars), j’aurais peut-être dû proposer Marseille mais voilà, les billets de train étaient réservés. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvées à 8h du matin à la Gare du Midi pout tacler notre premier train de la journée : un ICE de la Deutsche Bahn pour Francfort. Nous descendrons à Cologne pour changer d’ICE, cette fois-ci presque au terminus. Rien grand-chose à dire sur le trajet vers Cologne mais celui vers Hambourg, beaucoup plus long, nous aura permis de faire l’expérience du wagon bar et du wagon restaurant (oui, il y en a deux). Dans le wagon-restaurant, simple mais accueillant, on vous propose un menu et on vous sert à table, la petite touche sympa… et puis, quel bonheur de regarder défiler le paysage alors que l’on engloutit une petite flammekueche et qu’on essaie de terminer péniblement une maxi-bouteille en verre de Coca (je n’en vois de pareilles que dans les ICE !) ?
Moin, Hamburg!
Enfin, 7h3O de trajet plus tard, nous arrivons à Hambourg, à l’heure de pointe. La gare est gigantesque, de style halle, avec d’immenses verrières. Moin, Hamburg ! Car ici dans le nord, comme à Brême, on ne dit pas « Guten Morgen » mais « Moin » ou « Moin, Moin ». Avant de partir, Nuage Nomade, qui est expatriée à Berlin et adore Hambourg, m’a fait une recommandation : « Quand tu arrives, tu dois aller acheter un Franzbrödtchen chez Franz & Friends. C’est super bon. Il existe plusieurs goûts mais l’original est à la cannelle ». A la cannelle ??? Je ne me fais pas prier et 5 minutes après avoir débarqué du train, on tombe dessus. Le Franzbrödtchen est une espèce de viennoiserie plate, moelleuse, au goût intense d’épices. Moi qui avais faim, quelques bouchées me recalent pour les prochaines heures ! Le temps de se débarrasser de nos affaires à l’hôtel et nous voilà prêtes à explorer Hambourg pendant 4 jours.


Altstadt, la vieille ville d’Hambourg
On peut considérer que le Centre-ville de Hambourg est divisé en deux : Altstadt (la vielle ville) à l’est, traversée par l’Alter et Neustadt, à l’ouest. En fait de vieille ville, on trouvera rarement des bâtiments datant de moins du XIXe siècle (les plus anciens remontent au XVIIe). Hambourg a connu bien des péripéties dans son histoire qui l’ont obligée à se réinventer encore en encore. Parmi ceux-là, les nombreux travaux de barrages de l’Alster mais surtout, le grand incendie de 1842 et les bombardements alliés de juillet 1943.
C’est via l’axe commercial principal du centre de Hambourg que nous allons faire connaissance : la Mönckelbergstrasse (que Sad et moi avons promptement renommé « la Rue Neuve », vu la similarité de fonction) sauf que la Mönckelbergstrasse et sa parallèle, Spitalerstrasse, sont beaucoup plus propres et avenantes. On y trouve toutes les grandes marques que l’on voit sur toutes les rues commerçantes du monde entier mais aussi quelques boutiques que l’on n’a pas l’habitude de voir. Si comme moi, vous avez oublié d’embarquer votre bonnet (grosse erreur à Hambourg), vous pourrez très vite palier au problème. Du coup, la présence de tous ces magasins, ça aide bien ! En dix minutes, j’avais trouvé de quoi protéger ma tête et mes petites oreilles.


Le centre d’Altstadt, c’est le Rathaus, l’Hôtel de ville. Cet immense bâtiment se tient là où se trouvait l’ancien qui datait du XIIIe siècle, avant qu’il ne soit englouti par le grand incendie. On le reconstruisit en BEAUCOUP plus grand et en style néo-renaissance. En effet, il en fallait de la place parce que depuis le temps de la Ligue Hanséatique, Hambourg, comme Brême, jouissait d’un statut de ville « libre » et aujourd’hui encore, « La Ville Libre et Hanséatique d’Hambourg » est son propre Land (à nouveau, comme Brême mais aussi comme Berlin). L’hôtel de ville abrite donc à la fois le Sénat d’Hambourg mais aussi l’assemblée législative. N’hésitez pas à y entrer, l’accès au rez-de-chaussée et à la cour est libre à tous. Vous pourrez vous émerveiller de la taille du lieu et surtout du travail soigné sur les énormes deux portes ornementées à droite et à gauche de la salle.
Dans la cour, on trouve une fontaine représentant Hygeia, la déesse de la santé, accompagnée de figures évoquant la pureté de l’eau. Il s’agit d’un hommage aux victimes d’une épidémie de choléra en 1892, pendant la construction de l’édifice.







Hambourg, c’est la ville des canaux et des ponts. Elle compte bien plus ponts que Venise, plus de 2000 (entre 2300 et 2500 mais le chiffre exact n’est pas connu). Et il ne faut pas attendre longtemps avant de tomber dessus : tout au bout de la Rathausmarkt, voilà le premier canal qui conduit au Binnenalter (et donc au premier pont). … C’est aussi ici que l’on entre dans Neustadt, la « nouvelle ville ». Hambourg se trouvant à l’étroit entre ses murs s’est étendue au XVIIe et une nouvelle ceinture de rempart fut élevée qui entouraient tout Altstadt et ce qui allait devenir Neustadt.

Neustadt, la Ville Nouvelle
La rive gauche du canal, c’est déjà Neustadt, et vous ne risquez pas de manquer pas les AlsterArkaden qui y ont été construites. Ce passage semi-couvert vous transporte soudain en Italie. Elle abrite quelques élégantes boutiques et cafés un peu chicos. C’est que quand il fait beau, il doit être bien agréable de déguster un spritz avec vue sur l’eau
Ce qui différencie Altstadt de Neustadt, c’est l’architecture. L’impression que laisse le cœur de la vieille ville, c’est la grandeur. Les bâtiments sont larges, solennels, une image de l’époque de la Prusse triomphante quand ils furent construits. Un peu sévère aussi, surtout par temps gris. Une sévérité apaisée par les canaux et par le Binnenalter, le lac au cœur de la ville qui ouvre le paysage. Neustadt laisse plutôt l’impression d’une petite ville dans la ville et est parsemée de places comme la Gänsemarkt.



Mais pour le moment, nous marchons le long d’une grande esplanade borde le lac, le Jungfernstieg, et qui, vu la taille, doit être particulièrement propice aux évènements et manifestations. D’ailleurs, une marche pour le climat se préparait au moment où nous la traversions
De là, nous passons au nord de la place, le long de divers canaux et pont, certains d’apparence ancienne, d’autres plus moderne. Les accros du shopping se dirigeront vers Neuer Wall et ses boutiques de luxe. Passé le canal d’Alsterfleet, on tombe sur le Bleinchensleet, un peu plus calme. Ici aussi, on croise des commerces plutôt exclusifs tout en marchant quelques fois sur des quais suspendus. Cette partie de Neustadt est particulièrement agréable.


L’église Saint-Michel
Sur le chemin de l’église Saint-Michel, Neustadt change de visage et devient plus résidentielle. Tout y est calme, presque endormi. Profitez pour faire un petit arrêt photo du Bleichenfleet au niveau du pont à côté du Stadhöfe. La vue sur le Ellentorbrücke est plutôt jolie.





Enfin, nous y voilà… Hauptkirche Sankt Michaelis, surnommée « Der Michel » par les Hambourgeois.es. L’église Saint-Michel, c’est la plus grande de toutes les églises de la ville et sa flèche en cuivre est une icône de la « skyline » de la cité. Cette énorme église toute en brique est un des plus beaux exemples de baroque protestant. Elle fut reconstruite plusieurs fois, notamment après la Seconde guerre mondiale. Nous pouvons l’admirer telle qu’elle l’était en 1786, bien que son origine soit plus ancienne. Elle peut accueillir plus de 2000 fidèles et il n’y a pas moins de 10 portes pour y entrer. Pas de chance pour nous, au moment où nous y étions, une messe était en cours et nous n’avons pas pu y avoir accès, ni pu monter dans le clocher qui promettait d’offrir une vue imprenable sur Hambourg. Ce sera pour une prochaine fois. Apparemment, une visite de nuit (Nachtmichel) est encore plus recommandée. En attendant, on peut admirer la grande statue de l’archange Michel pourfendant la Bête, placée au-dessus de la porte principale ainsi qu’une maquette de la ville qui trône sur le parvis.




Du côté de l’église Saint-Nicolas d’Hambourg
Nous continuons vers le sud et nous voilà de retour dans Altstadt. Puisque que nous sommes dans le quartier de l’église Saint-Nicolas, pourquoi ne pas faire un petit tour dans la Deichstrasse ? C’est l’une des deux rues (avec Peterstrasse à Neustadt) qui contient les maisons les plus anciennes d’Hambourg, datant d’une période entre le XVIIe et le XIXe siècle. L’ironie voudra que ce soit dans cette rue que démarra le grand incendie de 1842 qui allait ravager presque toute la ville mais comme les vents soufflaient dans une direction nord-est, la partie la plus au sud de la rue échappât aux flammes. Ici, on retrouve un peu l’Allemagne de carte postale, avec tout son charme hanséatique mais la rue est petite.
Sur le chemin de Saint-Nicolas, une autre pose « photo-canal » s’impose avec les maisons qui bordent Nikolaifleet. Elles font un ensemble avec Deichstrasse et rappellent que c’est ici que le port de Hambourg est né. Pour de belles opportunités de photos, il suffit de se placer sur le Holzbrücke pour saisir les jolies façades à colombages et maisons de briques.


Ce qui a partiellement survécu à l’histoire mouvementée de Hambourg, c’est l’église Saint-Nicolas. Une longue et haute silhouette sombre qui trône au milieu d’un boulevard, l’église Saint-Nicolas a une histoire particulièrement triste. C’est au XIIe siècle qu’elle nait, au moment de la création du port d’Hambourg. Il était normal qu’on y élève une église dédiée au patron des marins !
Au fil des siècles, l’église s’agrandit et s’embellit… jusqu’au fameux incendie de 1842. L’église prit le feu de plein fouet et malgré sa taille, fut presque complètement réduite en cendres. Le coup de grâce vint de l’écroulement de la flèche qui s’abattit sur la nef, au grand désarroi des Hambourgeois. Néanmoins, on décidât de la reconstruire. Pas tout à fait au même endroit cependant. En 1859, une nouvelle église Saint-Nicolas de style néo-gothique, s’élevât à nouveau avec un clocher encore plus haut, si bien qu’elle devint pour un temps le plus haut bâtiment du monde. C’est l’autre clocher qui marque le paysage d’Hambourg avec celui de Saint-Michel. Les Hambourgeois n’en profiteront pas longtemps. En 1943, les Alliés bombardent Hambourg durant l’opération Gomorrhe et l’église est en bonne partie détruite. Si le clocher et les murs ont tenu, le toit est complètement effondré. Elle ne sera jamais reconstruite. On achèvera même les murs qui tenaient encore. Les années passent et la perception des choses aussi. Ce qui était devenu une gêne pour Hambourg deviendra un nouvel atout. Un ascenseur et un carillon moderne ont été installés dans le clocher. L’ascenseur vous conduit vers une plateforme panoramique tandis que la crypte, qui a survécu, accueille un musée sur l’église et son histoire.
Renommé Sankt Nikolai Mahnmal (le Mémorial saint Nicolas) et dédié aux victimes de la guerre et de la tyrannie, c’est un endroit particulièrement émouvant et qui donne à réfléchir sur la guerre et ses conséquences, alors qu’un conflit se déroule sur notre continent. Cette grande masse noire en ruines, comme brûlée mais qui tient encore debout, m’a fait un drôle d’effet.




Kontohausrviertel
On termine cette promenade dans le centre par un quartier plutôt insolite : Kontorhausviertel, le quartier des bureaux. Presque tous datent de la même époque : les années 1920 et se caractérisent par des tailles gigantesques, l’utilisation de la brique, des angles et courbes marquées, un style entre Art Déco et Modernisme… Et il faut bien admettre que la taille des bâtiments est un tant soit peu écrasante, le quartier ne laisse pas indifférents, on aime ou on déteste. Quant à moi, elle me donne une impression un peu oppressante, un peu comme le quartier de l’EUR à Rome. Impression encore renforcée par la densité du tissu urbain, alors que l’EUR laisse place à de grands espaces pour accompagner ses bâtiments immenses.
Pourtant, à l’époque, le Kontorhausviertel était plutôt novateur. Ancien quartier résidentiel proche de l’Elbe, après l’épidémie de choléra 1892, il est estimé comme insalubre et des plans sont échafaudés pour le transformer dès le début du XXe siècle. Proximité de la Speicherstadt (« la ville des entrepôts » dont je parlerai dans un prochain article) oblige, il est décidé de consacrer ce quartier aux bureaux. Les travaux commencent quelques années après la fin de la Première Guerre et l’ensemble Kontorhausviertiel et Speicherstadt est maintenant classé au Patrimoine de l’Unesco en tant qu’exemple du développement rapide du commerce à la fin du XIXe et début du XXe.
Le bâtiment qu’on ne peut pas louper, c’est la Chilehaus. Elle trône dans le quartier tel un immense cargo échoué. Toute en briques brun foncé et châssis de fenêtre blanc, elle a une courbature dans le flanc et sa proue est d’un angle particulièrement aigu. De style « expressionniste de briques » (qui allait devenir assez populaire en Allemagne entre-deux-guerre), elle est l’œuvre de l’architecte Fritz Höser et fut construite entre 1922 et 1924. Son commanditaire, Henry Brarens Sloman, était un riche homme d’affaire qui faisait du commerce de salpêtre avec le Chili, d’où son nom. N’hésitez pas à entrer dans la cour pour mieux l’admirer.
C’est fatiguées que nous rentrons à l’hôtel, prêtes à entamer une longue soirée mais ça, ce sera pour un article « Bonnes adresses à Hambourg ».
A suivre : St. Pauli, Speicherstadt et Schanzeviertel










Merci pour cette découverte …. l’hôtel de ville est impressionnant en effet !
J’ai particulièrement apprécié le fait qu’on puisse y entrer librement comme ça. C’est un beau signe d’ouverture.
Oh mais merci pour la petite mention! C’est super mignon ❤️
C’est surtout que j’ai habité à Hambourg, et surtout, si je n’aimais pas autant Berlin, je serai retournée y vivre. 😊
Mais c’est normal, tu m’as donné plein d’idées et d’infos, je ne pouvais pas faire sans te mentionner. Merci encore. <3
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