Visiter Hambourg : une promenade le long de l’Elbe

Dimanche est un jour qui invite à la détente et à la paresse alors, visiter Hambourg au fil de l’Elbe, le fleuve a qui la ville doit sa richesse, c’est l’activité idéale ! Heureusement pour Sad et moi, la météo est plus ou moins de notre côté (pas facile en début mars) et c’est en face de la Philharmonie de l’Elbe que notre journée commence, prêtes à embarquer sur bateau public.

La plage de l’Elbe, Hamburg am Strand

Rien à faire, quand je pose un pied sur un bateau, ça me met en joie et parmi l’offre de transport public à Hambourg, il y a des navettes fluviales ! Depuis l’embarcadère, nous montons à bord de la Ligne 62, direction la Plage de l’Elbe. Cette petite traversée de 20 minutes permet de voir Hambourg sous un autre angle et d’observer les installations portuaires qui font partie intégrante du tissu urbain.

La plage de l’Elbe n’est pas une plage pour rire : sable blond, bars de plage… J’imagine que l’été, l’ambiance doit être électrique et animée mais en ce dimanche de mars, c’est plutôt relax. On vient y promener ses enfants et/ou son chien. Le quartier est évidemment plutôt cossu, avec de jolies villas qui surplombent la plage mais de l’autre côté du fleuve, les grues du port rappellent que la Hambourg « prolétaire » n’est pas loin. Certes, la mer est encore loin mais cette promenade les bottes dans le sable nous a fait un bien fou.

Du marché aux poissons d’Altona au U-Boot Museum

Nous pourrions aller encore plus loin avec la navette fluviale mais nous la reprenons vers le centre de Hambourg par contre, nous ne reviendrons pas jusqu’à notre point de départ. Nous allons quitter le navire à Altona, à la hauteur du Marché aux poissons. Ouvert tôt le dimanche, le Marché vaut à lui seul la visite du quartier d’Altona. Altona a une autre particularité : elle fut longtemps danoise, depuis sa fondation au XVIème siècle jusqu’au XIXème. Fondée par Christian IV du Danemark pour concurrencer Hambourg, elle prospérera bien qu’en ne parvenant pas à éclipser la cité hanséatique. Malheureusement, lorsque nous arrivons, le Marché a déjà fermé. Il ne nous reste qu’à admirer le bâtiment et à regretter de ne pas nous êtres réveillées assez tôt. Du coup, nous décidons de remonter les quais de l’Elbe, en direction de St. Pauli.

U-Boot Museum : 20 centimètres sous l’Elbe

La vocation maritime de Hambourg est célébrée un peu partout, avec plusieurs bateaux-musées que l’on peut visiter mais le plus insolites, c’est le U-Boot Museum : un sous-marin soviétique, amené à grand peine jusqu’ici par un passionné allemand.

Le U-434 (désignation soviétique B-515) était utilisé pour des missions d’espionnage le long de la côte est des Etats-Unis mais patrouillait également les eaux territoriales de l’URSS. Ce sous-marin de classe « Tango » (apparemment, une classe rare du genre), fut construit dans un chantier naval de Nijni Novgorod dans les années ‘70. Après 25 ans de services, le sous-marin est mis à la retraite. C’est là qu’intervient Christian Angerman, un pilote d’hélicoptère originaire de Dresde, et qui avait été marqué par la catastrophe du Koursk, ce sous-marin qui avait sombré sans qu’aucun membre de l’équipage ne puisse être sauvé. Une idée lui vint en tête : et si on pouvait montrer aux gens comment était la vie dans un sous-marin à l’époque de la Guerre froide ? Après deux ans de négociations, une douzaine de visite en Russie et pas mal d’argent dépensé avant l’achat, le B-515 est enfin vendu et après avoir été dument débarrassé de ses petits secrets par la marine russe, il sera transporté par un remorqueur, de Mourmansk à Hambourg. Après quelques années à HafenCity, il a trouvé résidence permanente sur les quais de St. Pauli. C’est décidé, c’est ce bateau-musée que nous irons voir ! On franchit la passerelle et « Bonjour, Camarades ! ».

J’avais déjà visité un sous-marin à Tallinn mais l’U-434 est beaucoup plus grand… et finalement semble encore moins confortable. ! Première chose à savoir, si vous êtes grand.e, il va falloir apprendre à tenir la tête baissée. C’est bas de plafond… et étroit. Tous les espaces sont encombrés par les câbles, les machines, les cabines, les espaces de vie… Pas question d’être claustrophobes ! Malheureusement, la visite n’est pas possible pour les personnes à mobilité réduite puisqu’il y a plusieurs écoutilles à franchir. On retrouve tout ce qui peut faire fonctionner un village en miniature : une cuisine, des sanitaires (qui font un peu peur), une infirmerie (avec une cabine d’isolement, en cas de maladie contagieuse), des cabines pour dormir, un mess pour les officiers… Il fallait avoir les nerfs solides pour travailler ainsi pendant de longs jours, voire des semaines, sans lumière du jour, avec un minimum de confort, dans le bruit constant des machines, à devoir supporter la promiscuité avec le reste de l’équipage. C’est fascinant ! Et je pense pouvoir dire que ça plairait beaucoup aux enfants.

StrandPauli et les débarcadères

Nous continuons notre promenade en direction du centre, toujours en suivant le fleuve et nous ne tardons pas à rejoindre StrandPauli. A la fois plage urbaine et club de plage, le lieu est rempli de sable, de paillottes et de mobilier en bois. Le genre d’endroit bien, bien cool quand le soleil brille et pour déguster sa petite boisson au bord de l’eau. Malheureusement, il fait trop froid pour la plage ne s’ouvre, mais je prends une note mentale pour une prochaine visite, à une période plus clémente de l’année.

Quelques minutes de marche plus loin, et voilà les embarcadères de Sankt Pauli (Landungsbrücken). Au temps du vieux port, les bateaux à vapeur s’y amarraient. Le port est parti plus loin mais les débarcadères ont gardé une partie de leur raison d’être puisque c’est ici qu’on peut embarquer sur les ferries, attraper un bateau qui vous emmène faire une excursion sur l’Elbe pour visiter le port, voire même faire de longues excursions, comme vers l’île d’Helgoland. Entre chaque embarcadère, on trouve des petits restaurants ou des cafés et c’est sans doute ici qu’il faut s’attarder pour manger une spécialité bien hambourgeoise : les Fischbrötchen.

Il s’agit de petits brioches, semblables à celles qu’on utilise pour des hamburgers, dans lequel on place du poisson, une sauce et des légumes comme des oignons, des cornichons ou une feuille de laitue. Les variantes sont infinies : hareng, rollmops, sprat, saumon, cabillaud panné et même crabe ou crevette. L’important est de marier la bonne sauce avec le poisson. Outre la tartare (qui va avec le cabillaud frit) et la rémoulade, on trouve aussi la sauce raifort, le ketchup ou encore la sauce cocktail. Et on arrose le tout avec une bouteille d’Astra, la bière locale.

Traverser l’Elbe à pied avec l’Alter Elbtunnel

Après cette petite pause bien méritée, c’est reparti pour terminer la balade par un des endroits les plus insolites de Hambourg : l’ancien tunnel sous l’Elbe (Alter Elbtunnel). C’est en 1911 qu’ouvre ce qui est le premier tunnel « sous-main » du continent. A l’époque, le port s’était développé plus au sud et il était urgent d’améliorer le transport des ouvriers des chantiers navals et les dockers. Aux propositions de ponts, c’est finalement celle un tunnel qui sera préférée par les autorités. Une construction épique et compliquée puisque qu’elle se faisait sous l’eau avec la pression qui va avec. Des centaines d’ouvriers furent victimes, à degrés divers, de la maladie des caissons. Néanmoins, c’est en grand pompe que le tunnel est inauguré et depuis tout ce temps, il permet aux Hambourgeois.es et aux touristes de rejoindre facilement l’autre rive de l’Elbe.

On ne peut pas louper l’entrée du tunnel, il est surmonté d’un énorme dôme vert. Pour accéder au tunnel, vous avez le choix : soit les ascenseurs modernes en verre (qui fonctionnent 24h/24), soit les ascenseurs qui permettaient aux véhicules de descendre (qui ont, eux, des heures d’ouvertures). Si les véhicules ne peuvent plus y circuler jusqu’à nouvel ordre (une réouverture n’est d’ailleurs pas prévue), prendre ces ascenseurs géants fait partie de l’expérience, même si les ascenseurs en verre sont plus rapides et plus accessibles (on a testé les deux).

Après une descente de 24m sous la surface, nous découvrons un immense tunnel, tout décoré de tuiles de céramique blanche et ornées de médaillions en terre cuite émaillée représentant des animaux marins (poissons, crabes, étoiles de mer…) mais aussi des détritus et des rats. Pour arriver de l’autre côté, il faut marcher les 426 mètres de longueur du tunnel, sous une lumière blafarde. Mais l’expérience est bluffante. Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder plusieurs fois vers le plafond en songeant aux tonnes d’eau qui se trouvaient au-dessus de nos têtes. Comme nous sommes dimanche, le tunnel était fort fréquenté, le lieu est au programme de balade de nombreux Hambourgeois et de touristes, alors, si vous venez à vélo le week-end, vous devrez probablement descendre de selle et pousser votre vélo.

Une fois de l’autre côté, n’hésitez pas à vous rendre vers la plateforme d’observation, elle offre une vue splendide sur le débarcadère de St. Pauli, les clochers de Hambourg (Der Michel, Sankt Nikolai…) et le Philharmonie de l’Elbe.

Sad et moi redescendons pour traverser le tunnel dans l’autre sens, direction l‘hôtel pour une petite sieste réparatrice. La lumière décline déjà sur Hambourg. Une superbe manière de conclure un long week-end dans cette ville à la cool, à la fois très allemande mais ou flotte un petit air de Scandinavie. Nous aurons encore quelques heures pour en profiter, notamment découvrir quelques restaurants mais ça, ce sera dans un prochain article dédié aux bonnes adresses à Hambourg !

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