Tere, Tallinn : Pile et face, le côté lumineux de la Force

 

On ne change pas une formule qui gagne! Quand j’ouvre les rideaux de ma chambre, c’est à nouveau un ciel impeccablement bleu de froid qui me souhaite une bonne journée. Dommage que ce soit une journée musée!

Mais avant d’y aller, nous quittons le Nordic Forum pour un logement plus modeste, mais plus typique : l’Olevi Residence. Un hôtel abordable comme on en trouve beaucoup dans le cœur de la vieille ville de Tallinn. Difficile de faire plus au centre! Installée dans une suite de vieilles demeures, déco faite de bric et de broc, poutres et pierres apparentes .. on est loin du design nordique contemporain de notre hôtel précédente! Mauvaise surprise pour Sad et Zoltan, dans leur chambre, le chauffage de fonctionne pas! Il faudra toute la persuasion de Sad (« Non, non, nous n’avons plus de chambres libres ») pour qu’ils soient déménagés dans une autre chambre… avec un mini-sauna à l’intérieur!

Kadriorg

Kadriorg, palais impérial

Ces petites formalités réglées  nous voilà partis pour l’arrêt du tram de la Ligne 1 pour rejoindre Kadriorg. Si vous comptez visiter plusieurs musées dans la journée, je vous conseille d’acheter une Tallinn Card auprès de lOffice du tourisme de la ville. En plus de l’entrée aux Musées, les transports en commun sont compris. Pour une « petite » capitale, Tallinn est d’ailleurs très bien desservie: trams, bus et trolleybus y circulent en abondance (attention, si vous n’avez pas de Tallinn Card, il vaut mieux vous procurer votre ticket à l’avance car acheter le billet au chauffeur vous coûtera plus cher). Pour les petits chanceux qui habitent la ville, le transport est gratuit!

Kadriorg

Sur le chemin, le paysage change… Plus de maisons de pierres, ici  ! Dans ce coin autrefois ‘retiré », de nombreux riches Estoniens y ont fait construire des villas, la plupart en bois. Certaines sont bichonnées, d’autres tristement laissées à l’abandon… Je me prends à rêver du prix à payer pour une de ces maisons. Le tram vous laisse à l’entrée du Parc de Kadriorg et il faut marcher un petit peu pour rejoindre le palais.  L’été, ce parc doit être une merveille de tranquillité urbaine mais pour le moment, il n’y a que les canards colverts qui semblent en profiter pleinement!

Kadriorg

Évidemment, un palais possède toujours une majestueuse allée et l’hiver, celle du Kadriorg est semée de sculptures de glace représentant divers animaux. Elles ne sont malheureusement plus là. Et tout au bout de cette allée, une petite merveille d’architecture baroque fraîchement rénovée et peinte de rouge, de jaune et de blanc. Nous entrons et nous voilà transportés au XVIIe siècle. Kadriorg est un palais d’été, un “modeste manoir” érigé par Pierre le Grand, Tsar de toutes les Russies, qui venait à peine de ravir la région aux Suédois, en l’honneur de sa femme Catherine. Le couple impérial quittait St-Petersbourg pour venir y passer l’été. Pour quelques heures, nous sommes transportés dans le temps et déambulons de salle en salle… A part nous, il y a une poignée de visiteurs un groupe d’enfants fascinés par ce que leur racontent les animatrices en costume! Le clou du palais est sans doute la salle de bal, toute ornée de stuc, et la galerie qui la surplombait. On se plaît à imaginer les fêtes qui devaient y être organisées… et espionnées de là-haut. On y trouve également de nombreux portraits et des peintures de paysages, si chères à la décoration d’un palais de l’époque!

Kadriorg

Histoire de l’art estonien au KUMU

Changement de décor: un peu plus loin dans le parc, se dresse une bâtiment bien différent du palais: le Kumu, le musée d’art estonien. Ouvert en 2006 et récompensé comme meilleur musée européen en 2008, ce bâtiment tout en angle est une pièce maîtresse de la culture à Tallinn et est le siège du musée d’Estonie. Non seulement parce qu’il regroupe un panel historique d’artistes du cru mais aussi parce qu’il participe au renforcement d’une identité dans cette jeune nation. Le temps de manger un morceau au très nordico-minimaliste café du musée (les plats, eux, ne sont pas minimalistes en goût) Et l’art suit l’histoire… on commence par la Renaissance, où les noms d’artistes sont tous allemands (la ville était membre de la Hanse et achetée par l’ordre des chevaliers teutoniques).

Vers le 19e siècle,  avec le modernisme, apparaissent les premiers artistes estoniens qui se mettent tout de suite dans l’air du temps. Avec la première indépendance, vinrent les première œuvres plus personnelles, soit des commentaires de l’artiste sur son époque, soit des exercices de style, soit des sujets ayant trait à un folklore estonien retrouvé et affirmé. Après la 2e guerre mondiale, l’Estonie perd son indépendance et devient une république socialiste soviétique. Une petite salle est consacré au réalisme soviétique, comme s’il on invitait le visiteur à ne pas s’attarder sur une période que les Estoniens aimeraient bien oublier… mais même pendant l’ère soviétique, les artistes ont pu trouver quelques petites failles… telle cette magnifique tête de Lénine complètement hypnotique… et même presque psychédélique d’Ilmar Malin. Je me suis demandée si ce crime de lèse-majesté avait été 1.) commis en exil ou 2.) Puni par le goulag. Eh bien aucun des deux! L’artiste est mort à 70 ans et n’a pas été inquiété… parce qu’il s’agissait de surréalisme!

Le dernier étage est celui de l’art contemporain avec des œuvres qui apparemment, ne sont pas là de façon permanente. A chaque étage, correspond aussi une aile B d’expos temporaires en lien avec les époques représentées à chaque étage (au 5e, étage de l’art contemporain, nous avons eu droit à une expo sur les animés japonais).

Nous explorerons le musée jusqu’à la fermeture… le soleil se couche doucement. Je calcule l’heure… nous avons le temps d’arriver au bar du Radisson Blu, le Lounge 24, perché au 24e étage d’un des bâtiment le plus haut de Tallinn, nous voilà tous les trois, cocktail en main, en train d’admirer un coucher de soleil en technicolor. L’envie est trop forte de sortir voir çà depuis la terrasse! Nous sommes littéralement gelés dès que nous mettons les pieds dehors, mais si nous étions fatigués, nous voilà tous remis en selle par un bon coup de vent glacial. Le dernier… mais cette journée était loin d’être terminée car comme la nuit suit toujours le jour, le côté lumineux ne peut exister sans le côté obscur.

A suivre…

Cet article a 2 commentaires

  1. Lucie

    Ces palais me rappellent ceux de Saint-Pétersbourg, c’est magnifique! C’est vrai pour Ilmar Malin? Etonnant qu’il n’ait pas eu d’ennuis, en même temps tant mieux pour lui. 🙂

    1. Melissa

      Kadriorg, c’est tout à fait dans le style… Bon, en moins grandiose, hein! ;D

      A propos de Malin, non seulement il n’a pas eu d’ennuis mais en plus, il a même pu voyager, privilège rare pour les citoyens soviétiques. Mais on ne trouve pas grand chose sur lui dans les internets.

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