Suisse : Le Val Verzasca, paradis vert du Tessin

A toute vitesse, j’engouffre ma dernière bouchée de fruits. Je n’ai pas vu le temps passer et j’ai exactement 7 minutes pour remonter dans ma chambre, chercher mon sac à dos, mon appareil-photo et redescendre car je suis attendue à 9 heures dans le lobby.

Mon patron étant Helvète, je connais l’étrange obsession des Suisses avec le respect des horaires (« A ma montre suisse, Mademoiselle… »). Mais c’est une chose que je peux partager en tant qu’ancienne scoute. Une de mes premières leçons étant que la ponctualité était la politesse des rois. La politesse des Suisses étant d’être… en avance ! A chaque rendez-vous pris lors de cette semaine, alors que j’arrivais pile à l’heure (« A mon smartphone synchronisé avec un satellite… »), mon rendez-vous était déjà là.

Après avoir visité Locarno toute seule comme une grande, ce matin, c’est Mark, un grand gars souriant qui me tend une main franche et va m’emmener pour une petite expédition dans une des vallées de l’arrière-pays locarnais.  Nous embarquons dans sa voiture et en route !

Un petit air de « Goldeneye »

Dès que l’on a quitté les « faubourgs » de Locarno (c’est quand même petit), nous voilà dans une vallée encaissée, toute verte et remplie par une épaisse forêt. Nous sommes en route vers la montagne, toute proche. Et première chose à voir : l’immense barrage de Verzasca qui sert de point de départ pour un des plus hauts sauts en élastique du monde ; 220 mètres de chute et plus de sept secondes d’adrénaline pour ceux qui oseraient (dans mon cas : merci, mais non merci). Il vous semble familier ? Pas étonnant, c’est lui qui apparaît dans la scène d’ouverture de Goldeneye, où l’agent 007 nous fait un petit saut de l’ange. A l’arrière du barrage, on trouve un très grand lac artificiel, mais qui semble étrangement non utilisé.

Un petit quart d’heure plus tard, nous voilà arrivés à Lavertezzo: un joli village sur lequel règne une belle petite église baroque que Mark ne manquera pas de me faire visiter mais aussi la rivière qui donne son nom à la vallée : la Verzasca, aux eaux d’une couleur bleu-vert irréelle. Lavertezzo, c’est aussi le point de départ pour toutes les randonnées et excursions dans le Val Verzasca et il y en a plusieurs : à pied, ou en VTT. Nous en ferons deux, à commencer par le sentier ethnographique Revöira.

Revöira, sentier des transhumances

J’aime bien marcher avec un fil conducteur, et justement, le sentier ethnographique Revöira est un parcours qui vous permet non seulement d’admirer le paysage, mais aussi, d’en apprendre un peu plus sur la vie dans cette vallée. On commence par le village, avant de suivre le sentier de la transhumance, à travers la forêt pour terminer enfin au Mont Revoïra. Au village, on dirait que de nombreux habitants aient la fibre artistique : petites figurines en fer artisanales qui ornent les jardins, fresques fraîchement peintes sur les façades, le tout sur des maisons faîtes de pierres : les rustici, bien loin de l’image du chalet en bois suisse ! Ici, c’est le caillou qui a servi de matériau de construction et dormir dans certains rustici convertis en maison de vacances me fait TRES envie. Après les dernières maisons du village, nous entrons dans la forêt et l’ascension commence. Même sous l’ombre bienfaisante des arbres, le soleil tape : il n’y a pas un seul nuage dans le ciel ce matin et le ciel est si bleu qu’il semble pulser.

De mon côté, j’essaie de suivre le pas de Mark, bien plus grand que moi, pendant que nous conversons dans un mélange de français et d’italien. Sur le chemin des pâturages de printemps et d’automne, nous croisons de nombreuses petites chapelles, toutes joliment peintes. L’occasion pour moi de souffler… je maudis mon manque de forme, même si Marc essaie de me rassurer : « Je fais ce sentier tout le temps mais tu sais, il me tue à chaque fois. » J’ai un peu du mal à le croire mais je souris à travers deux inspirations/expirations bien sonores. « Bordel, j’ai fait le Tongariro Alpine Crossing« , je peux quand même faire une petite randonnée en montagne ! La pièce de résistance du sentier arrive alors que nous nous rapprochons de Revöira : le système hydraulique inventé par les habitants pour palier au manque d’eau. Car oui, malgré la Verzasca, ce versant de la vallée manquait d’eau.  Un ingénieux système fait de tuyaux de bois et de vasques en pierre. Une fois arrivé en haut, la vue sur la vallée est superbe avec le petit regroupement de cabanes de bergers. On peut s’amuser à les visiter et aussi jeter un œil aux puits.

C’est ici que les bergers séjournaient au printemps avant d’emmener les troupeaux paître sur la Föpia, la montagne qui domine la vallée. Ils y revenaient en automne, avant de redescendre au village pour l’hiver. J’essaie d’imaginer ce que ça pouvait être, le retour des animaux au village, avant les grands frimas. Une vraie fête, sans doute. A partir de là, le sentier redescend doucement. Nous continuons de croiser les restes du système hydraulique, avant de rejoindre la route, et les bords de la rivière.

Art et nature, le long de la Verzasca

Le reste va être une véritable promenade de santé.  Nous traversons la rivière pour la longer sur sa rive opposée, afin de rejoindre Lavertezzo le long d’un étrange sentier « Le sentier pour l’art du Val Verzasca« . Tout le long du parcours, on pourra y dénicher 20 oeuvres d’art contemporain, du plus discret au plus imposant. A chacun de voir si ces installations apportent un plus (pour les uns) ou gâchent le paysage (pour les autres). Il reste le paysage merveilleux du fleuve. Un fleuve vif, presque un torrent, qui a modelé son lit en y creusant dans la pierre des failles et des piscines naturelles. Comment résister à avoir envie de se baigner dans une eau d’un vert transparent, c’est comme si on plongeait dans une aigue-marine faite liquide. Malheureusement, je n’ai ni mon maillot de bain, ni le temps de me baigner mais au fur et à mesure de la balade, on aperçoit de plus en plus de bons vivants venus prendre du bon temps au soleil. Je suis jalouse. Jalousie qui ne passera qu’au moment où nous trouverons deux chaises longues en bois, positionnée au bord de la rivière et en face d’une cascade. Nous arrivons à voler 5 minutes de bonheur avant de reprendre le sentier.

Ponte dei salti et Osteria Vittoria

Il ne nous reste plus qu’à retraverser la rivière le long du Pont dei Salti. Surnommé le « Pont romain », ce joli pont à double arche est un régal pour les yeux dans un pareil paysage… mais n’a rien de romain.  Il n’est pas rare de voir des audacieux se jeter dans l’eau depuis le pont (il parait que la profondeur de la rivière est de 5 mètres). Je préfère l’admirer depuis Lavertezzo, c’est là que le point de vue (et la lumière) est le plus joli, Impossible de ne pas être charmée par un pareil panorama !

Mais la faim se fait sentir et une table a été réservée à l’Osteria Vittoria, un bel établissement qui fait à la fois chambres d’hôte et restaurant. Son grand atout, c’est son joli jardin et ses tonnelles où on peut déguster bruschette et plat de charcuteries tessinoises tranquillement, et à l’ombre. Pour ma part, j’ai opté pour un plat de gnocchi à l’ail des ours. Une première pour moi et un vrai délice ! Pendant que je dévore mon plat, la patronne vient nous confier un petit secret : l’établissement a sa propre cascade ! Il ne nous reste donc plus qu’à faire une petite promenade digestive pour aller l’admirer. Dernière activité avant que Marc ne me ramène à l’hôtel, fourbue mais heureuse, la tête encore pleine de la lumière du Val Verzasca.

Chic Ascona

J’ai juste un peu de temps pour reprendre mon souffle, sauter sous la douche et d’arriver à mon rendez-vous avec Lorenza, de l’Office du tourisme de Ascona-Locarno. Cette fois, sur la rive d’Ascona, la ville voisine de Locarno, que je vais aller dîner !

Et que dire d’Ascona, sinon qu’elle m’a charmée au premier coup d’œil. Sans doute est-ce son joli front de lac ? La vue est complètement différente de celle de Locarno. Ici, le regard se déploie au loin, vers la fin du lac qu’on ne voit pas. On peut l’admirer à loisir le long d’une promenade, avec une rangée de cafés offrant de larges terrasses où on doit sans doute buller des heures durant. Et c’est sans doute un lieu pour voir et être vu.

Il y a l’embarras du choix mais c’est au restaurant Carcani que nous nous posons, avec un doux soleil de début de soirée, pas le choix : cela appelle un spritz. Et lectrice, lecteur, impossible de me rappeler ce qu’il y avait dans mon assiette, tant j’étais absorbée par le spectacle d’Ascona et la conversation avec Lorenza… Sauf le sourire de notre serveur. Bon signe pour la captivation qu’exerce le Tessin et qui commence à s’installer chez moi…

Pour aller plus loin

Se rendre au Val Verzasca

Il y a bien évidemment la voiture mais sachez qu’il existe un bus qui s’arrête le long du cours de la Verzasca. Pour Lavertezzo, prendre le bus 321 au départ de la Gare de Locarno et arrêt une petite quarantaine de minutes plus tard à Lavertezzo Paese.

Plus d’informations sur les horaires par ici.

Cet article est écrit en collaboration avec l’Office du tourisme de Suisse mais l’auteure ne se garde pas d’exprimer ses opinions, même (ou surtout ?) après le traditionnel merlot blanc tessinois.

 

Cet article a 4 commentaires

  1. LadyMilonguera

    Magnifique cette mise au vert !

    1. Melissa

      Ca fait du bien! Et facilement accessible en transport aussi.

  2. Phil @ vosvacances

    Waouh, c’est très joli. Je traverse la Suisse la semaine prochaine, dommage que je n’ai pas le temps de m’y arrêter. Le « ponte dei Salti » porte bien son nom en voyant les photos ;-).

    1. Melissa

      C’était mon cas jusqu’à cette visite. Je traversais la Suisse s’en m’arrêter…et voilà ce que je ratais !

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