Chroniques de Polynésie : un week-end de fête à Tubuai

« Je viens de passer chez Papou, les filles, il faudra vous habiller ! » nous dit Here au moment où il passe nous chercher. La fête continue après le Raid Litchis Tubuai ! Je m’empresse de mettre donc l’unique robe que j’ai mis dans mes bagages et Mamita nous a fait un superbe cadeau, un chapeau de feuilles de pandanus tressées, l’artisanat roi des Îles Australes ! Et quand on va à une fête ou à la messe en Polynésie, on y va chapeautée lorsqu’on est une dame. C’est donc fièrement que vais porter mon élégant couvre-chef !

Un grand ma’a Tahiti

Et cette fête, c’est l’anniversaire de Papou auquel nous sommes tous conviés pour un grand « ma’a », un repas en communauté. Le principe ? Tout le monde apporte à quelque chose à manger : taro, poisson cru, poisson grillé, salade de riz, poulet, chèvre au curry, quelques rares légumes (les Polynésiens ne sont pas très portés là-dessus), fruits… c’est tout ça qui nous attend lorsqu’on arrive dans le garage de Papou qui a été complètement aménagé pour la fête : de grandes tables et des bancs sont disposés pour accueillir les proches, décorés de feuilles de palmier pour égayer un peu tout ça. Et surtout, de la boisson : de la Hinano, la bière polynésienne, beaucoup mais aussi du vin : français, chilien, australien…

La fête bat déjà son plein quand nous arrivons : toutes les femmes sont parées de couronnes de (fausses) fleurs et elles se sont déjà emparées d’instruments. C’est qu’un ma’a sans musique et sans chants, c’est comme des frites sans sel. Evidemment, il y a le ukulélé, le tambour mais aussi, une espèce de contrebasse improvisée : un fil tendu sur un manche à balai planté dans une poubelle en plastique, des petites cuillères que l’on frappe en rythme sur la table… Tout est bon ! Et je vais vite remarquer que quasi tout le monde sait jouer du ukulélé ! Emere aura à peine mangé un morceau qu’elle va sortir son propre ukulélé qui a voyagé avec elle. Noho et Stéphane aussi n’hésiteront pas à se saisir d’un instrument lors de pauses de leurs propriétaires pour jouer quelques morceaux.

Toute l’après-midi et toute la soirée, ce sera un concert de musique et de chants permanents. Littéralement des heures, sans interruption. Après les instruments, c’est la connaissance d’un immense répertoire qui me laisse… sans voix ! Chansons traditionnelles des Australes, de Tahiti ou du reste de la Polynésie, morceaux plus contemporains ou musique hawaïenne, tout défile. Et que serait la musique sans la danse ! C’est Ina, une véritable petite poupée de vahiné, qui est notre danseuse attitrée mais Here n’est pas en reste non plus ! Quand le démon de la danse le prend, ce n’est pas le dernier à montrer comment il se débrouille. Pendant ce temps-là, Rodrigue, mon hôte, sourit en faisant résonner la corde de la contrebasse de fortune. Evidemment, il faut la petite popa’a s’essaie aux danses polynésiennes : je suis donc conviée à participer, avec Ina comme prof mais disons que la grâce ne fait pas partie des dons que m’ont donné les fées à la naissance (on ne peut pas tout avoir, ce serait fort ennuyeux). Bref, c’est un carnage et j’aurai bien fait marrer l’assistance !

Un dimanche à Tubuai

L’estomac bien rempli, nous quittons les lieux à 22 heures… mais pour remettre ça le lendemain ! C’est qu’il y a des restes qu’il faut finir et que les glacières ne sont pas vides sauf qu’au lieu de manger dans le garage, nous allons transposer la fête sur la plage d’à côté. Les tables et bancs sont stratégiquement placés à l’ombre des aïtos, il n’y a plus qu’à prendre place et à profiter d’autant plus qu’aujourd’hui, le ciel est sans nuage et le lagon est d’un turquoise éclatant ! On mange, on papote, on boit, on va nager, on est gais… Après la danse de la veille, mes amis polynésiens ont décidé de me tester sur une autre spécialité : le fāfaru.

Le fāfaru, c’est un met vraiment typique, une manière ancestrale de préserver le poisson. Il s’agit de poisson fermenté (souvent du thon) macéré dans un mélange d’eau de mer et de têtes de chevrettes (des crevettes de mer) pressées. Ce n’est pas pour tous les palais puisqu’il s’agit d’un met traditionnel que les jeunes ne consomment plus vraiment. Il va falloir que j’essaie. On a été sympa avec moi, le poisson n’est pas trop vieux, ça ne sera pas trop hardcore. « Des fois, me dit Rodrigue en rigolant, le poisson est violet quand on le mange ». Je me dis que si j’ai déjà mangé du requin faisandé en Islande, je peux bien manger du vieux thon mariné. Ce ne peut pas être pire. D’abords, on sent le goût classique du poisson, suivi du côté douceâtre typique de la viande faisandée puis l’iode de l’eau de mer. C’est un peu piquant aussi. Pas complètement mauvais mais pas vraiment bon non plus. Emere, qui déteste ça, me regarde avec des grands yeux et j’ai droit aux félicitations de l’assistance. Je crois que je suis définitivement adoptée après çà.

L’après-midi va se passer sous un langoureux aller-retour entre le sable de la plage, l’eau turquoise du lagon, et la table du déjeuner où il suffit de tendre la main pour trouver à manger et à boire. C’est bien simple, cela n’en finit pas !

Tubuai et ses chevaux

La petite distraction de l’après-midi sera l’apparition d’éleveurs de chevaux car oui, nous sommes dans une île à chevaux, la seule aussi à organiser des courses à part aux Marquises. C’est donc dire l’importance des équidés ici et ils sont particulièrement bien soignés puisqu’on vient leur faire prendre… des bains de mer ! A la fois pour les rafraîchir mais aussi pour les aider à se débarrasser des parasites. La scène est de toute beauté. Sur fond de ciel azur et de lagon vert, la petite famille de chevaux à la robe sombre se détache comme des ombres chinoises. De temps en temps, un des éleveurs vient leur frotter le poil mais la plupart du temps, on les laisse profiter de ce moment tranquillement. Une vraie thalasso ! Quand ils se sont bien baignés, on les emmène faire une promenade, qui sera vite interrompue par des gens qui voudraient bien monter les chevaux. On peut jamais être tranquille ! ;););)

C’est aujourd’hui qu’Emere nous quitte pour retourner à Tahiti. C’est un peu le dissolution d’une équipe, le signe de la fin de mon séjour en Polynésie qui s’annonce. On l’accompagne quelques centaines de mètres plus loin chez Auraure pour prendre une douche. Elle habite juste de l’autre côté de l’aéroport, rien n’est donc plus facile que de patienter sur sa terrasse jusqu’à la dernière minute. Oui mais voilà, à l’aéroport, c’est la fête et la musique s’entend jusqu’ici. On n’a qu’une envie, aller voir ce qui s’y passe. Ce sont les adieux pour ceux qui rentrent du Raid Litchis. Des chants, du tambour, de la danse improvisée… le petit aéroport est tout simplement plein comme un oeuf et c’est le chaos avec des gens partout et quelques chiens du quartier qui se promènent librement (je vous ai déjà parlé du charme des aéroport de Polynésie ?). Pour compléter le portrait, il y a l’odeur de centaines de fleurs car si en Polynésie, on reçoit un collier de fleurs en arrivant et un collier de coquillage en repartant, aux Australes, on est « couronné.e.s » de fleurs au moment du départ et c’est les larmes aux yeux qu’Emere embarque, la toute dernière à le faire, et nous laisse retourner dans la nuit, pour une dernière, et courte soirée. Demain, ce sera lundi.

Je vous laisse avec une des chansons de ces deux journées… 😉 

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