Pour te faire patienter un peu, Lectrice, Lecteur, et pour célébrer le Brésil, on rajoute un nouvel opus à la playlist du départ.
En général, quand on pense à la musique brésilienne, on pense toute de suite à la Bossa Nova, ce style qui lui est immédiatement associé. Et crois-moi, la première fois que j’ai mis les pieds à Ipanema, devine ce que je fredonnais dans ma tête ? Et pourtant, il y a bien plus que la bossa dans la musique brésilienne… Il y a quelques années, quand j’ai préparé mon premier séjour là-bas, je m’étais mise à la recherche de bon son pour me mettre dans l’ambiance. je suis tombée sur ce morceau de Caetano Veloso : « Tropicália« . Dès la première écoute, j’étais désarçonnée… Les notes stridentes du début et percussions qui se mélangent de manière anarchiques et qui continuent en arrière plan tout le long du la chanson, et le motif de trompette qui revient, avec seulement un peu de cordes qui vient en soutien en milieu de chanson et qui monte en puissance au fur et à mesure comme quelque chose qu’on ne peut pas retenir plus longtemps d’exprimer.Je n’ai pas pu me le sortir de la tête pendant plusieurs jours. Il y avait quelque chose d’envoûtant et de mystérieux là-dedans… Il faut croire que pour ses contemporains, ce fut aussi la claque car ce morceau d’ouverture est devenu le coup d’envoi de tout un mouvement artistique.
Nous somme en 1967, en pleines années psychédéliques et protestataires. Cela fait maintenant 3 ans le Brésil subit une dictature militaire mais la contestation gronde, chez les étudiants bien sûr, et chez les artistes. Un jeune homme dont c’est le second album apparait en médaillon sur la pochette, porté par une jeune femme dessinée dans le plus pur style psyché. Dedans, on y trouve une synthèse de tout… les percussions de l’Etat de Bahia dont Veloso est originaire, un peu d’accents de Bossa Nova, du rock psyché et même du sitar indien. L’année suivante, c’est un album collectif portant le titre de Tropicália ou Panis en Circenses, avec entre autre Gilberto Gil, qui sortira dans les bacs. Un album grinçant dans le propos et d’avant-garde artistiquement. Il est considéré comme étant le « manifeste » de tout un mouvement artistique qui voulait effectuer une synthèse entre les musique brésilienne, la pop, le rock… dans un joyeux syncrétisme où toutes les expériences seraient permises. D’où peut être le côté étrange de ce morceau… et de bien des autres de la même veine. Finalement, le mouvement va englober le théâtre, la littérature… et Caetano Veloso et Gilberto Gil récolteront la prison et même l’exil.
Trop tard! L’emprunte du Tropicália allait marquer le reste de la musique brésilienne populaire!