Epopée en Géorgie : Batoumi, dolce vita géorgienne

Je n’ai pas eu le courage ! Parfois, la voyageuse fatiguée doit se ménager pour mieux repartir. C’est donc le lendemain que je me suis mise en route pour me balader dans les rues de Batoumi.

J’ai eu une chance inouïe ! L’Hôtel Ritsa est située dans la « vieille », un petit quartier aux rues en damier, aux bâtiments à 5 étages maximum, bordés de balcons. D’ailleurs, ma chambre en a un et depuis mon petit havre de paix, on jurerait être en Italie, en Espagne ou à la Nouvelle-Orléans !  Quand on en pousse la porte, on se retrouve transporté à la Belle Epoque, en accords avec l’environnement extérieur. Marbre, fer forgé, intérieur bois sombre… J’ai envie de profiter un peu de ce cocon confortable mais la faim me fait sortir ! Pas de petit déjeuner dans ce petit hôtel de 14 chambres. Et c’est tant mieux : je vais pouvoir remplir mon carnet d’adresse. Et quel changement ce matin : un ciel tout bleu au lieu du dôme gris de la veille ! Avant démarrer, je vais prendre mon petit-déjeuner à la Boulangerie,  une pâtisserie-salon-de-thé à la française plutôt sympathique… mais je sens que je préfère les petits marins et les gâteaux de Privets visité la veille.

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Entre stalinisme et christianimse

Je m’en vais me perdre en ville, peut-être mes pas me mèneront au musée Staline ? C’est ici qu’il commençât sa carrière de révolutionnaire. Peut-être pas ! Je me contente de me promener à l’ombre des arbres. A un moment, passant devant un grand bâtiment blanc et décrépi, j’entends des chants, je continue… plus loin, c’est le son d’un violon qui sort d’une fenêtre.  Je reviens sur mes pas et m’aperçois qu’il s’agit d’une académie de musique. Je décide de rentrer pour m’imprégner un peu de l’atmosphère.  De diverses pièces aux portes capitonnées me parviennent des chants, soit choraux, soit solo et des instruments divers… dans un coin, c’est le piano, dans l’autre, c’est la flûte… J’adorerai pouvoir assister à une répétition mais toutes les portes ont l’air bien fermées, je reprends donc ma route. Les rues sont calmes et ombragées et j’admire les immeubles. Il y a un peu de tout :  style haussmannien, art nouveau, art déco… et arrive à la Cathédrale dédiée à la « Mère de Dieu ». Une cathédrale orthodoxe qui a un bien étrange look néo-gothique, pour un lieu de culte orthodoxe. Pas étonnant, cette cathédrale était catholique à l’origine. Batoumi, comme toutes les villes portuaires, est ouverte au monde et aux religions. Des églises de différentes dénominations (protestante, catholique, arménienne, grecque) mais aussi mosquée et synagogue cohabitent pacifiquement. D’ailleurs, pas très loin de la cathédrale, c’est la synagogue, toute blanche et qui semble avoir été remise de frais récemment, que je croise. P1220322
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Batoumi le verte

L’étape suivante, c’est le Parc du 6 mai. Le parc le plus grand de Batoumi. Entre les palmiers et les azalées en fleurs, les enfants jouent, des personnes âgées conversent à l’ombre, des jeunes font le tour du Lac Nuri à vélo et entre les buissons, se découpe l’imposante silhouette du Sheraton, un hôtel qui est devenu un des symboles de la ville. A le voir comme ça, on pourrait croire qu’il s’agit d’un ancien bâtiment soviétique reconverti en hôtel de luxe… mais non : il est nouveau. Poussée par la curiosité, je décide de le visiter. A l’intérieur, le gigantisme est tout aussi soviétisant : me voilà en train de pousser des portes de 3 mètres de haut… sauf qu’au lieu de portrait de président du parti ou du conseil du soviet suprême, ce sont des portraits de Kurt Cobain, de Bob Marley ou de Mick Jagger qui pendent dans le lobby ! Au dernier étage,  il y un restaurant panoramique. Une gentille serveuse me laisse prendre quelques photos,  au grand dam de l’unique dineuse que j’ai l’air d’enquiquiner.  De là, il est facile de rejoindre la plage ! Avec le soleil de retour, certains sont en train de faire de la bronzette sur les galets. J’en profite pour faire une petite pause lecture au soleil… mais cela ne durera pas longtemps, de sombres nuages commencent à s’amonceler et en plus, la faim commence à se faire sentir !  Je reprends donc ma promenade…

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Batoumi, station balnéaire qui bouge

Je m’arrête un moment sur la Place du Théâtre, une grande place ornée d’une fontaine surmonté d’un Neptune tout en muscles où trois siècles d’architecture nous contemple  : le néo-classicisme du théâtre, une barre d’immeuble à appartement qui semble dater des années 60 et le tout nouvel hôtel SAS Radisson dans le fond. C’est un peu l’histoire de la ville résumée en un seul panorama ! Me voilà de retour dans le quartier de mon hôtel et je croise l’entrée d’un restaurant iranien. Ca tombe bien, je n’ai jamais essayé ! Comme nous sommes en milieu d’après-midi, je suis la seule cliente et j’ai droit à une délicieux repas fait de poulet mariné, de riz et de tomates épicées. Pas encore tout à fait satisfaite, je fais un petit détour chez Privetz pour un petit café et une part de gâteau au chocolat avant de me remettre en route. Cette fin d’après-midi, je la consacre entièrement au Bulvard et mon point de départ sera l’Alphabetidc Tower.  P1220379Cette tour a beau être terminée, son environnement proche est encore en chantier et il faut un peu jouer au saut d’obstacle pour l’atteindre. Depuis mon départ, le restaurant panoramique qui s’y trouve a ouvert et je serai curieuse de l’essayer ! Il n’y a pas que les environs de la tour qui sont en chantier ! Tout le front de mer semble être en construction ! Des tas de nouveaux établissements sont en train de finir d’être construits, à temps pour le mois de juin et le début de la saison touristique : bars, beach-clubs, pizzerie, de tout pour attirer le touriste !  L’ampleur est impressionnante ! On dirait que toute la ville a fait un pari : c’est cette année que les choses vont se passer. Bientôt, j’arrive à l’université, dont le bâtiment principal fait face à la mer. J’envie les étudiants, et me demande comment ils arrivent à étudier alors que tout semble les pousser dehors. La vie estudiantine doit y être bien agréable !

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Pendant que j’essaie d’imaginer ce que ça peut donner, le soleil commence à se coucher. Un coucher pastel et doux, rose et saumon, légèrement argenté, léger comme la petite brise du soir. J’ai quitté le Bulvard pour marcher sur la plage et passe de nombreux bâtiments en cours de construction. Immeuble à appartement, hôtels, certains ont des proportions gigantesques ! Avec le soir qui tombe, ce sont les pêcheurs qui sortent ! Je m’arrête à côté d’un groupe de trois pour voir le soleil disparaître derrière une ligne de nuages posés sur la mer.

P1220429P1220433Le spectacle est terminé ! En tout cas, celui de la nature car celui de Batoumi, lui, ne fait que commencer. En revenant vers le boulevard et en continuant ma route, j’arrive aux « Dancing Fountains », une fantaisie aquatique directement importée de Las Vegas ! Après le coucher du soleil, les fontaines s’illuminent et se mettent à vivre, les jets d’eau se mouvant au rythme de la musique. Sauf qu’au lieu des standards de Frank Sinatra ou de Céline Dion, ce sont des morceaux technoïdes que mes oreilles entendent pour la première fois. Du rouge, du bleu, du jeune, du vert… ça pète de partout ! Et même le bâtiment futuriste placé juste derrière contribue aussi à l’effet des fontaines. C’est que Batoumi adore l’éclairage et adore les couleurs et avec l’avènement des LED’s, les autorités municipales se sont lâchées, peut-être même un peu trop ! Le long du Bulvard, pas un palmier qui n’ai son propre spot vert  et tous les immeubles qui le méritent son affublée  de lampes multicolores, pas toujours du meilleur goût ! Il faut que ça brille et il faut que en jette!

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Je pensais rentrer en utilisant un Batumvelo, le service de location de vélo de la ville, mais la borne refuse obstinément ma carte de crédit, je me joins donc aux amoureux, aux familles et aux groupes d’amis qui se baladent tranquillement sur le front de mer… Demain matin, il faudra repartir, avant dernière journée  en Géorgie mais le mojito que je déguste dans un pub anglais rencontré sur le chemin de l’hôtel a déjà un goût de nostalgie.

Cet article a 6 commentaires

  1. Lucie

    La plage rappelle un peu les plages anglaises, sauf que les galets sont encore plus gros 🙂 Sinon ça a l’air sympa à visiter et un bon endroit si on aime manger!!

    1. Melissa

      Les plages de galets… faut s’habituer… 😉 Mais ceux-ci sont tellement jolis (j’en ai ramené quelques uns). Et je confirme, les Géorgiens, ils aiment bien manger (et boire), donc, les restaurants ou les salons de thé ne manquent pas!

  2. laurent @ Expatriation en Thailande

    Oups des plages de galets c’est pas très confortable tout ça… 😉 A priori il n’y a pas la foule, non?

    1. Melissa

      L’été n’avait pas encore commencé… Il parait que la plage est pleine à craquer en juillet-août.

  3. Morgane D

    Je suis contente de tomber sur un article sur la Géorgie! Après avoir vécu ailleurs en ex-URSS, c’est un pays que j’ai toujours voulu visiter… Mais j’étais loin de m’imaginer que ça pourrait ressembler à ça! 😉

    1. Melissa

      J’espère que tu t’es régalée avec cette série d’articles, Margane! Il ne te reste plus qu(à y aller. ;D

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