Visiter les Grisons avec un petit budget : Davos, monts et merveilles

Et me voilà en route pour visiter les Grisons, et Davos en particulier.  Les Grisons sont un fleuron du tourisme suisse, la carte postale, mais aussi le pays d'Heidi. Et rejoindre la ville depuis Locarno, c'est un peu une expédition, mais à la suisse ! Sans accrocs, aisément, et dans des paysages grandioses. 

Sur la route des Grisons et de Davos

Mon Swiss Travel Pass (un pass qui donne droit à utiliser tous les transports) en poche, il ne me reste plus qu'à me laisser porter. Il y a d'abords le train pour Bellinzona, le chef-lieu du Tessin. Ce sera la seule grande période d'attente : une demi-heure à savourer au cappuccino sur la terrasse du café de la gare, à attendre le bus postal pour Chur, qui est le chef-lieu des Grisons. Ces bus jaunes vont devenir une vision habituelle lors de mon séjour ici. Ils sillonnent tous les coins de Suisse ! Confortables, équipés de wi-fi, c'est un moyen plutôt bon marché de se déplacer dans le pays. Au fur et à mesure que nous nous approchons, le paysage devient de plus en alpestre : les maisons de pierre du Tessin laissent place aux chalets, les sommets se chargent de neiges, les alpages crient leur verdure... et ce n'est que le début du voyage

A Thusis, j'embarque dans un train, direction Fillisur. Ce ne sont pas les chemins de fer fédéraux suisses mais la Rhättische Bahn, les chemins de fer propres aux Grisons et là, je ne mets pas les pieds n'importe où, mais sur la ligne de l'Albula, classée au Patrimoine mondial de l'UNECSO, tout comme l'autre grande ligne des Grisons : la Bernina. Un train spécial à fenêtres panoramiques, le Glacier Express, y passe mais pour le commun de voyageurs, un train régulier vous fait le même parcours. Et que dire ? Le paysage est enchanteur ! J'ai l'impression de me retrouver dans un livre d'image ! Les images de mes premiers souvenirs de passage en Suisse, quand j'avais 6 ans, déferlent de ma mémoire, venant se superposer aux nouveaux souvenirs que je suis en train de me faire.

En route pour les Grisons, avant d'arriver à Filisur. #amoureuxdelasuisse #graubünden

Une vidéo publiée par Melissa M. (@mellovestravels) le

Le clou du spectacle, c'est le passage sur le viaduc de Landwasser ; un immense viaduc qui enjambe la Landwasser et emblème des Rättische Bahn. En sortant d'un tunnel, on se retrouve soudainement à 65 mètres de hauteur, sur un viaduc qui forme une courbe gracieuse, ce qui permet de photographier une partie du train, en arrière où en avant, pendant qu'on le franchit. A la fin du viaduc, nous arrivons directement à Filisur et sa jolie petite guerre de style chalet. C'est ici que je prendrai le train pour rejoindre Davos. Un joli petit train où je serai seule dans mon wagon ! Et le premier train que je rencontre qui n'a pas d'arrêt obligatoire ! Les arrêts se font à la demande, comme dans un bus. C'est juste énorme !

Pendant une demi-heure, nous allons continuer de monter, car Davos est la ville la plus haute d'Europe. Le long de la route, le paysage ne fait que sourire sous le soleil. Je n'ai qu'une envie, sortir et gambader ! Attendre le prochain train quand j'aurai fini de m'amuser mais je ne suis pas maîtresse de mon temps : on m'attend à la Gare de Davos.

Davos Dorf, m'y voilà enfin. Il aura fallu encore un bus pour y arriver. Car Davos Platz et Davos-Dorf ne sont pas sur la même ligne. Je suis quelques minutes en avance et le train en provenance de Chur va arriver. Je ne tarde pas à repérer un petit groupe de voyageurs et à sa tête, Cornelia de l'Office du tourisme des Grisons, qui sera notre ange gardien pour les 4 prochains jours. Notre groupe se compose de Kit de Styleslickers, Natasha de Seen In The City, Renée et Koen de TravelValley, Rianne, Werner de Dichtbij en Verweg et Kristof de Meersmaak et notre mission, sera de voir s'il est possible de voyager en budget serré dans deux des stations les plus huppées de Suisse, dans les Grisons : Davos, et Saint-Moritz.  J'en tirerai une conclusion lors de mon dernier article sur le sujet.

Davos en contrôlant son budget ? Auberge de jeunesse !

Davos, la ville du forum international, le lieu où se réunit le gratin des mondes politiques et économiques, un nexus de puissance pendant une bonne semaine où on se demande combien de choses se disent et se décident dans l'air alpin. Et pourtant, il y a moyen d'y séjourner en gardant un budget raisonnable. C'est la mission qui nous a été confié par l' Office du tourisme de Davos Klosters. Et la première chose à prendre compte pour les bourses serrées, c'est le logement. Alors, direction donc l'auberge de jeunesse !

C'est dans les auberges du réseau Youth Hostels International que nous séjournerons et toutes répondent aux mêmes standards et fonctionnent plus ou moins de la même façon, selon les tailles. J'y reviendrai à la conclusion de ce séjour. Le « Davos Youthpalace » mérite bien son nom : cet ancien sanatorium est juste immense et fait partie des bâtiments historiques de Davos, témoin du temps où une clientèle fortunée venait y retrouver la santé. De cette époque, il reste les vitraux de l'arrière de l'auberge. Pour le reste, tout a été modernisé : salle de jeu, bibliothèque, grand restaurant... rien ne manque. L'auberge est un peu excentrée et il faut monter un peu pour la rejoindre : la récompense, je l'apercevrais au moment de découvrir ma chambre !

A côté de dortoir 4 et 6 lits, il y a une majorité de chambre à 2 lits, avec douche. Simplement aménagée avec deux lits en bois, un petit bureau mais surtout, surprise des surprises : un grand balcon avec vue sur la vallée où se trouve le village. C'est un énorme plus ! Pour ceux qui veulent en prendre encore plus plein la vue, demander à Tobias, le manager, de vous montrer le passage pour aller sur le toit : aucun autre hôtel, pas même l'horrible Intercontinental juste en face, n'a une vue comme celle du Youth Palace.

Davos Youth Palace

Horlaubenstrasse 27

7260 Davos, Switzerland 

Bon plan budget : Davos Klosters Active Card
Comment faire pour garder son budget sous contrôle ? Grâce à la Davos Klosters Active Card qui donne accès à non seulement 700 activités (soit gratuites, soit avec réductions) mais donne aussi droit à la gratuité des transports locaux et tout ce qui est téléphérique, funiculaire ou remonte-pente. Et comment faire pour l’obtenir ? Séjourner dans un des hôtels ou auberges que compte Davos. Votre carte est valide selon le nombre de nuit que vous séjournez (valable 1 jour pour une nuit restée, 2 jours pour 2 nuits, etc.). 

Tyrolienne et freeriding au parc d'aventure Färich

Mais pas de temps à perdre, nous sommes là pour bosser : après avoir déposé nos affaires et s'être un peu rafraîchi, nous voilà en route, à pied, pour le parc d'aventure Färich.

Caché dans un petit bois pas très loin du lac de Davos est l'endroit idéal pour s'éclater en famille. En tout cas, j'y ai vu pas d'enfants et d'ados en bande venus tester l'accrobranche et tyrolienne mais avant tout de chose : on a faim et c'est au snack de la base de loisirs qu'on va manger, à la bonne franquette : ce sera frites-saucisses. Que la gastronomie tessinoise aux doux accents italiens me semble loin ! Mais les frites parsemées de paprika sont bonnes et je ne crache jamais sur une bonne saucisse, surtout quand mes dents raient le parquet en bois du snack. Et alors que la majorité du groupe est au soda ou à l'eau pétillante, je ne peux m'empêcher de remarquer que les 3 Belges du groupe ont opté... pour la bière ! Après tout, nous sommes là pour tester les spécialités locales, et la Monsteiner Huusbier en fait partie.

Les estomacs enfin remplis, il est temps pour les plus audacieux de s'équiper pour faire le parcours d'accro-branche. Les autres iront faire un petit tour en ville. Perso, je préfère rester au milieu des bois et c'est pourvu de mes diverses sangles que je me dirige vers l'aire d'entraînement. De la tyrolienne, j'en avais déjà fait en Afrique du Sud, à des auteurs bien plus conséquentes car les yellowwoods sont deux fois plus que les sapins qui nous entourent mais il suffisait que je me laisse glisser d'arbres en arbres, je n'avais rien d'autre à faire. Ici, il y a tout un parcours à effectuer et c'est moi qui dois me charger de ma propre sécurité. Sur l'aire d'entrainement, on nous explique donc les règles de sécurité, comment utiliser les crochets, interpréter les signes, disposer la poulie quand on arrive à la partie tyrolienne. Le tout est d'acquérir les automatismes.

Une fois que nous effectuons les manœuvres avec l'instructeurs, nous les recommençons seuls, au sol, sous l'oeil de l'instructeur, avant d'enfin monter sur la plateforme de départ. Là, on a le choix entre plusieurs parcours, du plus facile au plus difficile. Je décide de commencer évidemment par le plus facile, afin de voir si je pourrais éventuellement continuer si je le sens : je m'accroche et c'est parti pour une bonne demi-heure où à la force des bras, on traverse des poutres de la largeur de mes pieds, des ponts en cordes ou je dois presque faire le grand écart et évidemment, les passages en tyrolienne et alors que je m'imaginais que ça irait tout seul, avant de me laisser glisser, je suis prise par une peur complètement inattendue. Je regarde en bas, j'hésite... je n’ai pas le vertige mais mon corps me dit que quelque chose n'est pas normal. Il me dit que je devrai m'accrocher au filin de toutes mes forces alors que je dois me laisser glisser. Du coup, j e me met en colère contre moi-même : depuis quand suis-je devenue une peureuse ??? Je ne vais pas rester là toute la journée, d'autant plus qu'un gamin d'à peine douze ans à 'air de s'impatienter derrière moi ! Je me lance donc, mais freine trop tôt, je me retrouve à deux mètres de la plateforme forme suivante, à prendre comme une araignée sur son fil et à devoir mettre toute ma force pour me tracter jusqu'à mon point d'arrivée.  Mais quel boulet ! Finalement, je me limiterai au parcours facile, et me tenir au large du parcours de freeding.

Randonnée en montagne dans la région de Davos vers Sertig

Le lendemain, après un solide petit-déjeuner, nous passons réceptionner notre lunch à emporter, et en petit cortège, nous allons prendre le bus avant de rejoindre la station de téléphérique de Rinerhorn (le tout compris dans la Davos Klosters Active Card). Une fois là haut, la vue est à couper le souffle : sur fond de ciel bleu pur, des montagnes couronnées de neige, des sapins vert foncé et des alpages vert tendre, parsemés de blanc, de jaune, de rose, de fuschia, de mauve et de bleu, les couleurs des milliers de fleurs de montagne : marguerite, renoncules, myosotis, gentianes ou roses des Alpes. C'est superbe, j'ai envie de gambader, de me rouler dans les fleurs, de yodeler et de chanter à tue-tête "Heidiiiii, Heeeeeeeidiiiiiii!" (les Grisons est le canton de la petite fille de l'Alpe).  Pas le temps de s'arrêter dans la randonnée pour ça. Heureusement, elle est plutôt facile et pensée pour ceux qui ont envie de marcher, sans devoir trop faire d'effort. Le sentier fait le tour de la montagne avant de descendre vers la vallée. Dans les heures qui vont suivre, ce sera une succession de paysages à couper le souffle, à marcher entre prairie et petit bois de pins, avec de temps en temps des petits torrents à traverser. Pendant la marche, j'essaierai de "perdre" mes compagnons de randonnée pour profiter de toute cette magie. C'est un peu un plaisir coupable.

La promenade s'achève à l'entrée du village de Sertig, où nous dévorerons nos tartines à l'ombre d'une petite église entourée de fleurs, à deux pas de la route et d'un arrêt de bus qui nous ramènera en ville.

Le charme du Davos Belle Epoque

C'est reparti pour un tour de téléphérique ! Nous sommes déposés à la station qui emmène visiteurs et clients à l'Hotel Schatzalp. Cet hôtel ouvert en 1900 en tant qu'ancien sanatorium est encore plus haut que l'auberge de jeunesse et se visite un peu comme un vrai musée (la Davos Kloster Card vous donne d'ailleurs droit à une visite gratuite). Y rentrer, c'est un peu se replonger dans un monde fait de clientèle aisée, venue soigner ses poumons au bon air des Alpes. Probablement la même que Thomas Mann y a croisé. Venu à Davos pour accompagner sa femme qui avait besoin de soins, il est ressortira avec un roman : "La montagne magique" dont l'action se passe au "Berghotel". Sans doute les personnages que son héros croisera ont un peu à voir avec ceux rencontrés pendant son séjour.  A part un mobilier plus contemporain, il est certain qu'il reconnaîtrait le restaurant : le menu du soir est déjà disposé sur la table, les grandes tables nappées de blanc sont déjà prêtes et il ne manque plus qu'allumer les bougies des chandeliers ! Les couloirs de l'hôtel par contre, me font furieusement penser à l'Overlook Motel avec son couloir verdâtre et ses lampes d'époque qui semble encore devoir indiquer l'heure des soins ! A l'extérieur par contre, la terrasse est riante et invite à venir déguster un cocktail, allongé sur une chaise longue, avec peut-être des câlins de la part d'un des chats du domaine. Pas de ronrons pour nous, nous reprenons le chemin du village, via le sentier de randonnée.

Lac de Davos à la cool

Davos a son petit lac. Je me demande s'il y a une ville de Suisse qui n'a pas le sien ! Il est bien là, étincelant sous le soleil. En faire le tour à pied est évidemment une chouette promenade mais pourquoi ne pas un peu retomber en enfance et faire du pédalo ? Et HOP ! On embarque dans les petits bateaux jaunes et à nous le... euh... grand large. C'est que le pédalo, c'est plus physique qu'on ne le croit, surtout quand il s'agit d'éviter de percuter un cygne ! Pour ceux qui ont envie de plus, le centre nautique permet aussi de faire de la voile et de la planche à voile.  Les plus paresseux profiterons du lido et du bar, plutôt sympa.

Hors-budget : Extrablatt

Certes, le but de cette expérience est de garder son budget sous contrôle... si tu restes à l'auberge, lectrice, lecteur, sache que le restaurant offre un repas 4 services (soupe, entrée, plat dessert) pour 18 francs suisses (pas de cuisine à l'auberge) mais si tu as envie de te faire plaisir, pourquoi ne pas prendre une table à Extrablatt. Ne te laisse pas effrayer par le centre de conférence juste à côté. L'endroit est sympa (avec une plongée dans les années Gatsby) et une bien agréable terrasse. Au menu ? Une cuisine du marché, fraîche et inventive avec des classiques comme la viande des grisons, mais servie en petit sandwiches ou un rösti plus léger. Une belle adresse.

Cet article est écrit en collaboration avec l'Office du tourisme du Canton des Grisons, l'Office du tourisme de Davos Klosters et l'Office du tourisme de Suisse mais l'auteure ne se garde pas d'exprimer ses opinions, même après quelques Monsteiner huusbiers.

Cet article a 7 commentaires

  1. Michelle

    Merci, parcours sympa et de fort jolies photos de la Suiise carte postale! Je me réjouis de connaître lron budget 😉

    1. Melissa

      Je rêvais de la carte postale, justement ! Je n’avais jamais fait de randonnées en Suisse avant le Tessin, puis maintenant les Grisons et je me suis vautrée dans le cliché avec délice. C’est si beau chez vous !

  2. LaDivia

    La montagne est si belle à la belle saison ! On m’a déjà parlé très positivement des montagnes suisses et cet article est un argument de plus pour que je la découvre un jour.

    1. Melissa

      Et pour pas trop cher en plus ! On imagine souvent que Davos doit être hors de prix… mais il y a moyen de se débrouiller et franchement, quand on est dans la montagne, on oublie tout. C’est le rêve !

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