« Welcome to the Eastern Cape!’
C’est ainsi que Bruce nous signalât le passage de la « frontière » entre la province du Cap Occidental et du Cap Oriental. Aujourd’hui, pas un nuage dans le ciel n’accompagne notre périple. Nous avons roulé une bonne partie de la matinée et vers midi, nous traversons un pont immense : le Bloukrans River Brige.
« Regardez-bien les gars, parce que c’est ici que quelques-uns d’entre vous vont perdre la vie. »
Le Bloukrans River Bridge, outre le fait d’être le pont en arc de béton avec la plus grande du monde est aussi le plus haut lieu de saut à l’élastique du monde: 216 mètres. Et quelques uns parmi nous sont de grands malades car ils ont décidé de sauter: Michael, Philip, Albert-Jan, Carolin et Nina, parmi les plus joyeux lurons lurons du groupe, cachaient donc un secret désir de mort puisqu’ils vont faire le grand saut.
Pourquoi pas? C’est un beau jour pour trépasser.
Adieu, monde cruel !
Pendant que nos malheureux héros se préparent, nous nous baladons dans le Tsitsikamma Forest Village Trust, nous prenons des photos, regardons les vidéos promotionnelles des sauts et nous extasions sur le courage (la folie) de nos camarades. Notre attention est particulièrement portée sur Karolien, la compagne d’Albert-Jan. « Ça va, tu tiens le coup? Tu l’as embrassé comme il faut? C’est peut-être la dernière fois! » Nos compagnons arrivent nous faire leurs adieux. Ils sont déjà équipés avec leur harnais et tous ont l’air plus ou moins calme, sauf Nina qui a l’air TRES TRES nerveuse. Finalement, on vient les chercher et les voilà partis, accompagnés nos fredonnement de la Marche funéraire.
Une toute grosse demi-heure plus tard, les voilà en haut du pont… Je pense que nous sommes presque aussi excité qu’eux. On en est encore à se gratter la tête pour savoir comment diable ils y sont arrivés lorsqu’on aperçoit une lointaine silhouette s’avancer vers le bords du pont. « Qui est-ce, qui est-ce ? » Je mets mon zoom à fond. La couleur des vêtements permet de voir qu’il s’agit de Michael. Sans trop d’hésitation, il se jette dans le vide. Nous rions comme des fous, puis restons la bouche grande ouverte à le voir faire plusieurs rebonds et moi, je me demande s’ils ont tous mangé ce matin. Tout se passe sans accrocs jusqu’au tour de Nina. C’est elle qui avait le plus peur et on se demande si elle ne va pas changer d’avis au dernier moment. Nous la voyons rester de longues minutes au bords du vide. J’essaie de me représenter ce que cela peut faire, ce qu’on peut ressentir en sachant qu’on a que des espèces de jambières à lanières qui vous retiennent entre la vie et une chute probablement fracassante. Finalement, elle saute. Il est plus incertain que les autres et on entend un grand cris. C’est la seule qu’on aura entendue. Elle l’a fait !!!
Au camping de Storms River
Nous félicitons nos courageux casse-cous et partons vers le campement de Storms River Camping, pas très loin de là, aux portes de Tsitsikama National Park. Nous y passerons deux nuits.
Aujourd’hui, on s’accorde un peu repos! On va juste profiter des installations de notre backpacker et il y aura une surprise pour le repas du soir.
Après le montage des tentes, la moitié du groupe se retrouve sur le terrain de volley, avec quelques bières à l’ombre. L’hilarité est quasi générale pendant les débuts du match. Nous sommes soit rouillés soit carrément nuls mais au fur et à mesure, nous trouvons nos marques et jouons jusqu’à la fin d’après-midi. Après le match, je me trouve un hamac, commande un apéritif au bar et me plonge dans la lecture. Enfin un peu de temps pour moi ! Lorsque je retourne du côté du campement, on commence à préparer le repas du soir. Ce soir, c’est soirée mexicaine et la surprise de Bruce, c’est une Coronna pour chacun et une bouteille de tequila à déguster façon boom boom!
Je m’empare des tomates pour préparer une salsa et hache les oignons menus pour mélanger au bœuf haché. Ce sera tacos pour tous! Jamais l’ambiance n’a été aussi détendue et joyeuse et quand nous voyons Janet, la doyenne, lécher le sel sur le plat de son pouce et avaler cul-sec son shot de tequila, les cris et applaudissements fusent. C’est l’apothéose! Nous avons même droit, autour du feu de camps, à un peu de musique. Ben, l’interprète allemand qui n’a pas eu beaucoup d’autre chose à faire que de nous suivre (on peut me filer son job?), a saisi sa guitare et nous régale de quelques chansons. Classique!
Le reste de la soirée se passera auprès du baby-foot ou de la table de billard. Pour mes compagnons, il semble que la soirée se prolongera encore longtemps. Avant de dormir, je rejoins le chat du camping, qui s’est réfugié sur le toit d’Ella le camion et j’essaie de me repérer dans un ciel austral que je connais à peine.
Je redescends un peu frustrée… trop de lumière au campements pour saluer la Croix du Sud. Ça ne me gardera pas longtemps éveillée malgré tout! Je file sous la douche, rejoins ma tente et tombe lourdement dans les bras de Morphée.