Halló, Ísland : le Golden Circle (1e partie)

Que faire Lectrice, Lecteur, lorsque l’on a un seul jour à passer pour découvrir un peu de l’Islande et qu’on a pas le permis de conduire ? Et que faire dans un pays qui n’a pas de réel service de transport public entre villes ?

Pas le choix, il faut passer par une excursion organisée. Aucun problème, tous les hôtels ou presque permettent de réserver des excursions à la journée, ou pour plus longtemps. Ce secteur, dédié aux touristes ayant peu de temps devant eux, est vachement bien rôdé et organisé! On a que l’embarras du choix. Procurez-vous les prospectus et décidez bien (les deux grandes compagnies sont Reykjavik Excursions et Graylines Iceland).

Et là, en ce petit matin de dimanche, tu m’aurais trouvé en train de râler. Je t’explique: dans n’importe quel hôtel, il y aura moyen de réserver une excursion avec service « porte-à-porte ». Mais voilà, la dame de la boutique m’avait dit que le départ pour mon excursion « Blue Lagoon/Golden Circle » était à 8h30. Quand un mini-van vient chercher une poignée de personnes à 8h15, le chauffeur me regarde interloqué: « Mais ce tour là, il part à 8h! »

Changement de programme forcé! Ce sera donc un « Golden Circle » couplé avec quelques moments de détente dans un spa. En cinq minutes, je suis remboursée, bookée sur ma nouvelle excursion et 10 minutes plus tard, un bus arrive pour nous embarquer. Première étape, retirer ses billets à la gare de bus. Un peu bizarre, vu qu’on a déjà un « bon de commande »… mais voilà. Il doit y avoir plusieurs centaines d’entre nous, prêts à partir dans différents coins de la région de Reykjavik. C’est un peu embêtant, mais le soleil ne se lèvera pas avant plus d’une heure et il y a du wi-fi dans le bus pour patienter. Après une grosse demi-heure/trois quart d’heure, nous prenons la route et filons dans le noir du matin.

P1110177Lorsque nous arrivons à notre premier arrêt, le ciel commence seulement à prendre des couleurs à l’est. On dirait que la journée s’annonce mieux que celle d’hier. Notre groupe traverse gentiment un petit pont pour rejoindre une ancienne usine à laine. Elle est depuis longtemps fermée, mais il reste un magasin de souvenirs où l’on peut trouver des articles en laine et en fourrure, faits en Islande. Je m’attendais à ce genre d’arrêt vide-portefeuille mais comme il faut bien passer le temps en attendant d’arriver, je regarde tout çà d’un œil amusé… jusqu’à ce que je tombe sur l’œil de verre d’une tête de renard qui pend d’une étole en fourrure. De l’autre côté, on trouve ses pattes et sa queue. Tristesse. Je retourne dans le bus.

Le Parc national de Þingvellir : le berceau de l’Islande

Le soleil s’extirpe de l’horizon alors que nous montons à l’assaut des highlands. Sur les hauteurs, tout noyé dans le bleu. Le bleu du ciel d’une aube plongée dans une brume et qui se reflète sur la neige. Je n’arrive pas à détacher mes yeux du paysage… ou plutôt du manque de celui-ci. Le bus à l’air de flotter dans un monde où les limites entre terre et ciel sont brouillées. Ce sentiment de rouler dans un rêve durera plusieurs minutes avant que nous retouchions à nouveau terre et rejoignons notre premier vrai arrêt: Þingvellir National Park, patrimoine de l’Unesco et lieu d’une importance capitale pour l’Islande.

Þingvellir National Park

Il fait un peu frisquet lorsque nous sortons du bus. Je me sens d’humeur un peu solennelle en me rendant vers le belvédère qui offre une vue superbe sur le Lac. Non seulement, il s’agit du lieu d’établissement du tout premier Alþing, un des plus anciens « parlement »  du monde établi en 930, assez peu de temps après la colonisation initiale de l’Islande. Chaque année, pendant deux semaines au solstice d’été, les chefs s’y réunissaient. C’est donc ici qu’est née la nation islandaise mais c’est ici aussi ici que se joue la tectonique des plaques. A cet endroit, les plaques eurasienne et nord-américaine s’entrechoquent, et s’éloignent l’une de l’autre, inexorablement. D’ici quelques dizaines de milliers d’année, il n’y aura plus d’Islande. Ou plusieurs. Ça dépend comment on envisage la chose. C’est en réfléchissant à la chose que je parcours l’intérieur de le canyon d’Almannagjá, l’une des failles qui parcourt le parc. On se sent bien vite ramenés à sa condition d’humains. Bien humbles et bien petits devant les forces du temps et de la géologie. Avant de partir, je regarde le soleil qui surgit péniblement. Ce matin bleu, blanc, jaune et rose à comme un air de matin du monde.

Þingvellir National Park
Þingvellir National Park

Beyond the Wall of Game of Thrones

Nous remontons dans le bus et traversons le Parc national. La guide prend le micro: « A chaque saison de Game of Thrones, il y a eu une équipe de tournage dans différents coins d’Islande. Cette fois, ils sont venus ici. » Le nez collé à la vitre, je regarde une plaine désolée défiler. C’est l’Islande qui sert de doublure au « Beyond the Wall », terrain des Wildlings et des « Autres ». Je scrute l’horizon,… Y verrais-je la silhouette noire de Jon Snow? Distinguer Ghost serait plus difficile! J’essaie de prendre des photos, mais le bus file sans se soucier de mes envies de fan. La magie est rompue mais un peu plus loin, le sourire revient: nous croisons plein de fermes à chevaux. Ce petits chevaux islandais, pas tout à fait des poneys, ni aussi grands que des chevaux du continent, à l’air si doux mais si solides. Et docile. La ballade en cheval est une des activités les plus populaires en Islande. Pas étonnant qu’il y ait tellement de ferme. Grâce au tourisme, l’avenir de la race est assuré.  En plus, ce cheval à la particularité d’avoir 5 pas au lieu des trois traditionnels: le tölt et l‘amble volant. Je pense à Sophie, qui va retrouver ce monde là ce soir et j’essaie de l’imaginer sur ces collines battues vers les vents.   

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La chute d’or

Finalement, nous arrivons à notre deuxième étape : Gullfoss, la « chute d’or’. Nous sommes largués sur un plateau enneigé, on ne voit rien mais on entend le grondement sourd de l’eau qui tombe comme du ciel. Une petite ballade plus tard et on découvre le spectacle: une chute de plusieurs étages qui se vide dans une gorge encaissée. Le tout saupoudré de neige et prisdans la glace comme une pièce montée. Ce qui est maintenant une des attractions les plus populaires d’Islande a bien failli disparaître! La chute se trouvait sur les terres de Tomas Tomasson, un fermier, qui en était venu à considérer cette magnifique chute comme une personne, refusant l’offre d’un riche homme d’affaire anglais qui souhaitait acheter le terrain, et la chute, pour y faire une centrale hydro-électrique. Tomas aurait eu une phrase qui est resté célèbre dans le folklore islandais: « Je ne vendrai pas mon amie! ». Les filles de Tomas y étaient également attachées. Les années passaient, mais pas les projets de développement pour Gullfoss. Sigríður Tómasdóttir, l’aînée des filles, se rendit à pied à Reykjavik pour demander l’annulation du projet. Son courage (et dit-on, son avocat, qui allait devenir plus tard Président de la république) eurent raison des plans d’exploitation de Gulfoss et la chute est à présent propriété du peuple islandais.

Le lien entre les Islandais et leur terre est encore fort aujourd’hui! Pas plus tard que ce week-end, Björk organise STOPP, un concert de protestation contre l’exploitation des parcs naturels islandais.

Je consulte l’heure… Il est temps de retourner vers le bus vers une étape des plus fascinantes de ce parcours mais histoire de te laisser digérer tout çà, on en parlera la prochaine fois. En attendant, viens prendre un grand bol d’air de l’Atlantique nord!

Gullfoss
Gullfoss
Gullfoss

Cet article a 7 commentaires

  1. Charlotte

    Tes photos sont vraiment sublimes !
    J’adore celles prises au parc de Pingvellir. Cette lumière bleue, c’est magique !
    Je ne savais pas que Game of Thrones est tourné en Islande. Je me coucherai moins bête ce soir 😉
    J’entends beaucoup parler de l’Islande. C’est un pays que je rêve de plus en plus d’aller visiter 🙂

    1. Melissa

      Et oui Charlotte, tout ce qui concerne « Beyond the wall » ou autour est tourné en Islande (entre autre). La Croatie et l’Irlande du Nord aussi font partie des autres lieux de tournage (et Malte, pour la 1e saison). Il y a un vrai tourisme qui se développe autour de çà.

  2. Mili

    Alors LA question importante : as-tu pris aussi de la glace/neige plein le visage quand tu étais près de Gullfoss? Quand j’y avais été en hiver, avec le vent et la violence de la chute d’eau, on avait eu un « peeling » typique islandais gratuit – le truc parfait pour bien te geler le visage 😉
    C’est dommage par contre pour le Lagon Bleu… tu as été à Fontana à la place? Hâte de voir tes photos de Geysir!!

    (Pour le coup du voucher que tu dois remettre au dépôt de bus pour avoir ton ticket : c’est à la fois pour ceux qui ont réservé par internet sans pouvoir imprimer la résa et pour eux, savoir combien de personnes sont réellement là et donc quels types de bus prendre – comment ça, j’ai eu la même réaction que toi?!).

    1. Melissa

      😉 ;)Eh bien non, Mili! Coup de bol (ou pas, c’eut été drôle). La météo était tout à fait calme et pas de peeling naturel.
      Je râle en effet pour le Blue Lagoon mais le Fontana était chouette aussi, plus intime… mais j’y reviendrai plus tard. (et merci pour les précision).

  3. chrissand

    C’est magnifique! Merci pour cette belle découverte de l’Islande.

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