Il est temps de sortir de la bulle de Chengdu ! C’est parti pour découvrir les beautés du Sichuan. Sans quitter les environs immédiats de Chengdu, il y a moyen de passer au moins une petite semaine pour découvrir quelques-uns des plus beaux sites que la Chine puisse offrir. Le pays est tellement énorme, pourquoi s’épuiser et perdre du temps dans les transports alors que des merveilles sont à nos portes ? Une de ces premières merveilles est le système d’irrigation de Dujiangyan.
Le domptage des eaux à Dujiangyan
Dujiangyan est une « petite » ville quand on la compare à Chengdu (500.000 habitants quand même) mais avec ses larges avenues et ses grands bâtiments, elle se donne des airs de plus grande. Je suis encore frappée par le caractère neuf, presque aseptisé de ces nouvelles villes chinoises. Tout est carré, clean… ou c’est moi qui vis dans le chaos et la saleté de Bruxelles depuis trop longtemps ? J’ai l’impression de traverser un décor de carton-pâte.
Mais lorsque nous arrivons devant les portes du système d’irrigation, mon visage s’éclaire. C’est ici que commencent les montagnes du Sichuan, toutes vertes. Une énorme porte colorée marque l’entrée du système d’irrigation et il y a une foule de gens qui se presse déjà pour la visite. Ce sera ma première introduction au tourisme ‘à la chinoise ». Et je n’aurai encore rien vu !
Inscrits ensemble au patrimoine de l’UNESCO, le système d’irrigation de Dujiangyan et la montagne sacrée de Qingcheng sont d’importance historique pour la Chine. Le premier est un exploit d’ingénierie, le deuxième, d’architecture et de beauté.
Et quand je dis exploit d’ingénierie en parlant du système d’irrigation, je ne rigole pas : construit par le gouverneur Li Bing (sous les rois de Qin) pour servir de réservoir et éviter les inondations provoquées par la rivière Min, le système fonctionne toujours à l’heure actuelle et continue d’irriguer la plaine de Chengdu. Avant de pouvoir le voir, il faut traverser de beaux jardins, parsemés de jolis étangs, de kiosques… les enfants courent partout, de vieilles dames jouent au mah-jong… Malgré le monde qui traverse la grande allée qui mène à la rivière, l’atmosphère est paisible dans le jardin… mais enfin, nous y voilà : la rivière Min nous apparaît, large et verte, filant pour rejoindre le Yang-tsé. Séparée en deux avec un canal presque à sec, c’est sur un joli vieux pont qu’on le traverse.
Devant nous, au loin, on voit une pièce maîtresse du système : une île-digue artificielle : la bouche du poisson. C’est elle qui divise la rivière en deux pour pouvoir la contrôler. Ce qui était unique à l’époque de la construction. C’est tout simplement énorme ! En plus de la construction d’une île artificielle, il a aussi fallu percer la montagne (les Chinois n’avaient pas encore inventé la poudre à canon), construire une digue faite avec du bambou (placé comme dans un casier) et construire plusieurs ponts et tout çà au 3ème siècle avant notre ère ! Le tout fut réalisé en 8 ans. Plus de 10.000 personnes travaillèrent sur le projet de Dujiangyan. Depuis les berges de la rivière, le paysage doit avoir à peine avoir changé… et j’essaie de m’imaginer cette foule de travailleurs en train de s’affairer à la tâche.
Si vous n’avez pas envie de marcher, des petits trains électriques vous emmènent jusqu’au bout de l’île artificielle d’où l’on peut voir le flot contrôle de la rivière.
Cette digue artificielle sépare donc la rivière en deux, un des côtes est étroit mais profond, l’autre large et peu profond. Le côté étroit et profond fait passer 60% de la capacité de la rivière à travers le système d’irrigation pendant la saison sèche, cette portion se réduit à 40% en saison des pluies pour éviter les inondations. L’autre partie draine le reste et permet de retenir les limons et sédiments qui ont souvent engorgés la rivière et causés les inondations.
De retour vers l’entrée du site, ne manquez pas de traverser le joli pont qui traverse un petit canal. C’est comme passer dans un autre monde. Au bord de l’eau, vous trouverez de nombreux restaurants dont on ne peut contester la fraîcheur des produits, car vous vous attablerez sûrement à côté de votre repas encore vivant !
Qingchengshan, montagne céleste
Qingchengshan (Mont Qingcheng) est une autre sorte de beauté… on entre là dans l’alliance de la beauté entre les constructions de hommes et de la nature. Lovés sur différents endroits de la montagne, on y trouve des temples, des pavillons et palais. Qingcheng a un statut de montagne sacrée : c’est ici, en 42 après JC, que le philosophe Zhang Ling fondât la doctrine du taoïsme. C’est ici aussi que l’Empereur Jaune vint y étudier. Avant d’entamer votre visite, il faudra choisir quelle partie de la montagne vous voulez visiter : la partie avant (la plus touristique, mais la plus riche) ou la partie arrière (plus sauvages). C’est la partie avant qui aura finalement notre préférence.
L’endroit est idyllique : verdoyant, bruissant d’oiseaux et remplis d’énormes papillons. C’est la première chose qui frappe lorsqu’on arrive. La deuxième étant qu’il faut de très bonnes jambes pour visiter le site : ça grimpe, et il y a de nombreux escaliers pour visiter les temples et pavillons. Ce qui ne décourage pas de moins valides puisqu’ils ont l’option d’être portés… en litière. Et oui ! Ou vous place dans un espèce de hamac porté par deux solides (ou pas) gaillards et en route, mauvaise troupe ! Et c’est ici que s’exprime un de mes regrets, je ne connais pas grand chose au taoïsme. A mi-chemin entre la philosophie de vie et la religion, je sais que le taoïsme prône de « trouver la voix », et souvent par la contemplation de la nature, mais c’est à peu près tout. Tout ce que je vois est magnifique… mais je ne sais leur attribuer une signification.
Mais tout, du paysage aux pavillons en passant par les surveillants et moines semblent sortir d’une estampe chinoise. Le moment le plus « carte postale » étant le passage du petit lac Yueching en bateau (on peut le contourner à pied). Ce petit bateau coloré fendant une étendue d’eau calme et verte, entourée par des montagnes couleur émeraude à de quoi rendre poète le moins sentimental d’entre nous. A la sortie du lac, c’est un téléphérique qui attend les visiteurs pour les transporter vers les hauteurs de Qingcheng, passant à travers le pavillon Ciyun et d’autres temples.
Finalement, tout au sommet du Mont Qingcheng, trône une jolie pagode : le pavillon Laujun. Nous voilà au but… un peu plus près des nuages. La vue sur la vallée est imprenable… entourée d’un fin nuage blanc-gris, on voit la ville de Dudjiangyan, tout en bas et la rivière qui trace son chemin. La vue de cette ville moderne à travers un paysage qui semble avoir à peine changé depuis des siècles est un contraste presque choquant… mais en Chine, nous ne sommes pas à un paradoxe près.
Se rendre à Dujiangyan et Qingchengshan
Il existe deux moyens de se rendre dans ces deux villes : soit le bus, soit le train.
Le bus est finalement le plus facile (et c’est ce que nous avons fait) et je vous expliquerai pourquoi après.
Pendre le bus pour Dujiangyan depuis Chengdu à Chandianzi (il y a une station de métro). A la gare des bus, prendre la bus 7 pour Dudjiangyan Scenic Area (pour visiter le système d’irrigation) ou le 102 pour Qingchengshan. Attention, si vous souhaitez visiter la partie postérieure du site, vous devrez changer de bus à la gare de Qingchengshan pour prendre un mini-bus en direction de Qingshenghoushan.
Il y a également des bus directs depuis Chengdu-Chadianzi mais ils sont très irréguliers. Nous sommes tombées dessus à la sortie du site et sommes rentrées à Chengdu de cette manière.
Le train :
Il existe une ligne de train à grande vitesse qui relient Chengdu à Dujiangyan et Qingchengshan. Attention toutefois, acheter un billet de train ne se fait pas si simplement que çà, surtout en période touristique. On peut toujours se présenter au guichets externes de la gare pour réserver son billet à l’avance mais si la gare n’a pas de lecteur de passeport (qui sont indispensables pour les étrangers), vous n’aurez pas de billets. Nous avons donc pris l’option de les commander en ligne et de nous les faire livrer à notre hôtel (en 3 jours, ils étaient là). Grande particularité chinoise : les gare chinoise sont ultra-sécurisée : vous n’aurez pas accès à l’intérieur même de la gare si vous n’êtes pas munis d’un billet et vos bagages passeront à la sécurité comme à l’aéroport. Pas de magasins ou de snack une fois franchie la sécurité donc, prévoyez deux-trois choses à manger et à boire si le trajet est long.
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