Fabuleuses Féroé : L’art et la manière à Tórshavn

IMG_6449Je n’arrive pas à y croire! Après 3 nuits, c’est déjà ma dernière journée complète à Tórshavn. Il a neigé toute une bonne partie de la soirée mais ce matin, la météo à l’air plutôt clémente.

Une illusion!

Le monitoring de la météo semble le sport national dans Îles Féroé et la veille au soir, les prévisions étaient très claires: matinée acceptables avant d’importantes chutes de neige l’après-midi. J’ai du mal à y croire quand je mets le pied dehors.  Il y a même un rayon de soleil mais après ces quelques jours passés ici, j’ai déjà appris que ce que ùe disent mes yeux ne veut strictement dire. J’ai donc prévu au matin de visiter le Musée d’Art avant de retrouver Rakul en ville et d’assister aux festivités du 1er mai.

Le Musée d’art des Féroé, le Listasavn Føroya, est un petit musée dont l’entrée ressemble à un bunker et le reste, aux petites cabanes de pêcheurs qui servent à sécher les poissons.  Apparemment, je suis la toute première visiteuse de la saison d’été! Le jeune homme àl’accueil m’explique l’agencement du musée, et je m’apprête à une plongée de quelques heures.

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L’art en tant que tel est né tard aux Féroé. Avec une terre aussi ingrate,  et une population qui était largement occupée à travailler la terre et la mer, l’art est né sur le tard aux Féroé.  Et la source d’inspiration était à portée de main: les paysages grandioses, le ciel changeant, la lumière sur l’Océan… et la mélancolie de la femme du marin qui attend son retour. C’est Samal Mikines dans les années 20 qui est un peu le parrain des artistes férigiens. Avec ses grandes peintures,il use de la palette de couleurs des Féroé: le gris, le vert, le bleu, le marron et l’anthracite du basalte, et quelques touches de couleurs comme les facades des maisons de bois. Des peintures à la fois symbolique s et réalistes. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, les artistes féringiens resteront chevillés à leurs terres et à ses gens, représentant paysages et portraits et puis, tout à coup, c’est comme si les vannes de la créativités étaient ouvertes. Je parcours les salles et voit les œuvres devenir de plus en plus abstraites et universelles. Une grande place est laissée au grand nom de l’art local: Trondur Patursson, figure reconnaissable entre mille. La veille, quand j’ai mentionné à Rakul que je l’avais croisé sortant de chez lui, elle a souri en me disant: « L’as-tu vu cracher? Non? C’est comme çà qu’on sais où se trouve sa figure sous tout ses cheveux ». Patursson fait un peu de tout: peinture, sculpture mais son élément de prédilection, c’est le verre. Un matériau de la pureté, parfait pour une terre quasi vierge comme les Féroé! La pièce la plus impressionnante, c’est une cage de verre peinte. On y rentre en y laissant ses chaussures et on s’y retrouve reflétées à l’infini sur quasi tout les coté, comme si on flottait dans l’espace.

Avant de quitter les alentours du musée, je visite le jardin des sculptures qui donne sur un des rares petits bois des Féroé. Ce que les habitants appellent la « plantation »: le Parc Viðarlundin. Ca me fait tout bizarre de retrouver les arbres!  Après un passage shopping au SMS (dernière opportunité avant de partir pour le Nord), je retourne dans le centre, retrouver Rakul qui tient à me présenter une de ses amies. 

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Rencontre avec Elin

C’est au Kaffihúsið que je rencontre Elin un petit miracle à elle toute seule. C’est une expat qu est revenue, ce qui devient rare.  Journaliste à la base, après avoir passé de longues années dans la trépidante Copenhague, dans le milieu plus que glamour de la culture, elle est revenue à Tórshavn : un retour aux sources pour des raisons familiales, mais qui a justement correspondu avec une envie personnelle. Une envie de retrouver sa racine, sa famille… J’ai du mal à imaginer le changement de vie mais Elin est souriante et sereine. Sans doute y a t’il un moment où on est fatigué de courir, fatigué de faire de l’esbroufe, de performer et parader. Aux Féroé, il suffit juste d’être soi. On ne tolère pas l’artifice.  Depuis qu’elle est revenue, elle met ses nombreuses cordes à son arc au service de télé publique mais aussi aide à organiser des évènements. Je mentionne « Alantic Soundscape », le festival qui m’a donné envie de venir jusqu’à eux. Elle rit. « Oui, j’ai aidé à organiser çà! » J’ai donc devant moi une des raisons de ma présence.

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Fête du travail? Fête des étudiants, oui! 

Nous prenons congé d’Elin? Rakul tient à m’emmener à la fête du premier mai… Ce n’est pas vraiment un jour férié ici mais les jeunes du Parti social-démocrate tiennent à marquer le coup et comme Sigrið et Guðrið, ses jumelles, sont engagées dans le parti, c’est un moment important. Les pauvres ont d’ailleurs du se lever tôt pour préparer l’événement pour leurs aînés du parti. Un petit-déjeuner était prévu pour tous… A condition de le préparer et l’après-midi, c’est aux jeunes de faire quelques discours. Quand on arrive sur la place, le ciel s’est assombri et la température a baissé, fortement. Je me sens complètement dépahasée! Nous sommes le 1er mai mais grelotte sous mon coupe-vent! Un jeune homme armée d’une guitare  ce que je suppose être une chanson à texte et revendicatrice.  J’ai bien envie d’en connaître le sens.

Avec ce temps de chien, il n’y a pas grand monde mais tout le monde est souriant et motivé! Une majorité de,jeunes, évidemment et quelques parents qui regardent avec bienveillance. On distribue du café et du thé… Entre les chants, il y a aussi les discours. Je me sens un peu frustrée. je rêve d’un télétexte, d’un appareil de traduction en temps réel à la Yoko Tsuno. Encore fatiguée de la randonnée de la veille et avec la neige qui commence à tomber, je retourne vers la maison. Rakul y sera bientôt et je serai là pour l’aider à préparer le dîner.

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Le chant des îles perdues

Après le dîner, nous montons avec Rakul et Asmundur dans mon ‘salon’. La nuit est ongue à tomber sur Tórshavn et avec la neige qui tombe dru, tout a pris une teinte bleutée, mystérieuse. Tous les deux tiennent à me faire voir un documentaire sur l’une des plus petite, et plus isolée îles de l’archipel: Fugloy. Flugoy, la plus orientales des îles et l’une des moins peuplées: deux petits villages. Celui de Kirja et le plus petit, celui d’Hattarvik où il n’y a quasi plus personne.

L’exode ruraln, voilà un problème qui inquiète les Féroé depuis longtemps. Avec la modernisation des facilités de communications et des infrastructures, il est plus facile de se déplacer et paradoxalement, celà crée un effet centrifuge vers les deux grandes villes du pays: Tórshavn et Klavsvik et des villages, voire une île entière comme Fugloy se vident de leurs habitants.

Nous regardons donc ce reportage émouvant et sobre sur le village d’Hattarvik, comme ces habitants plutôt taiseux et rudes.

Le reportage date de 2001. Après la vision, Rakul m’informe: la femme a quitté l’île, le seul jeune qui restait est devenu marin et le beau vieillard qui ouvre la série de témoignage, elle le soigne dans un home pour personnes âgées à Tórshavn.  Fugloy agonise lentement.

Dans quelques jours, je devrais visiter le malade.

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