Retour à Cēsis, la perle de Lettonie

Souviens-toi, Lectrice, Lecteur, il y a quelques années, je m’étais promise de revenir visiter Cēsis (ça prononce Tchésich). Même sous le ciel chafouin de novembre, j’avais eu un coup de cœur pour cette ville du centre du pays, « la plus lettone des villes lettones » dit-on là-bas. C’est aussi une des portes du plus grand parc national du pays, le Parc National de la Gauja.  À l’époque, elle avait l’espoir de devenir capitale européenne de la culture. Finalement, elle n’avait pas rivalisé avec Riga qui a remporté la mise. Quel plaisir de la retrouver, cette fois sans y passer en vitesse mais en prenant le temps de s’attarder une journée complète. Et cette fois, sous un doux soleil de début d’automne !

Me voilà de nouveau dans le train ! D’abord celui de banlieue qui me ramène de Jūrmala à Riga, puis le « longue distance » qui passe à Cēsis. Et même si le train est plutôt vintage (je me demande si cette ligne dispose elle aussi de nouveaux trains aujourd’hui), les sièges sont super confortables et il y a du Wi-Fi : génial ! Le temps de s’extraire de la banlieue de Riga et nous voilà plongés dans la nature lettonne : quelques prairies mais surtout beaucoup de forêt, partout, tout le temps, de pins et de bouleau essentiellement. C’est presque infini. De temps en temps, nous nous arrêtons dans des gares dont les noms ne m’évoquent rien, sauf Sigulda qui sera ma prochaine étape… mais ça, c’est une autre histoire ! En attendant, j’ai le temps de travailler et de rêver jusqu’à ce que mon train entre en gare de Cēsis. Et comme pour faciliter la vie des visiteurs, la gare est juste à l’entrée de la ville !

Les cygnes de Maija Park

Le temps de déposer mes bagages à mon hôtel, et me voilà déjà partie engagée en pleine retrouvaille avec Cēsis et son Maija Park, le « Parc de mai », un des nombreux espaces verts qui font respirer la ville. Maija Park, outre sa sculpture « Fight with the Centaur », est aussi connue pour son couple de cygnes noirs, cadeau d’une visite d’état portugaise, que de nombreux habitants prennent plaisir à regarder glisser sur l’eau de l’étang central du parc, et à nourrir ! Ça fait déjà 20 ans qu’ils sont là. Ce parc de style romantique date du milieu du XIXe et fut construit sur ordre du comte Karl Gustav von Sievers, le châtelain local, qui en fit comme une prolongation du parc de ses châteaux (car oui, Cēsis possède deux châteaux). Il est l’œuvre du paysagiste Kaspars Veidenbaums qui, peut-être n’est-ce pas une coïncidence, était petit-fils de poète. C’est lui qui a planté les majestueux tilleuls qui décorent les allées du parc.

Maija Park

Cēsis, Cēsu pilsēta

Le Château de Cēsis et le manoir des von Sievers

Je vous avais déjà parlé du château de Cēsis et de sa tragique histoire : siège du Grand maître local des Chevaliers porte-glaive, il finira par être détruit par les habitants eux-mêmes pendant la guerre de Livonie. Plus de 300 personnes s’y étaient réfugiées lors d’un siège, et ont préféré se faire sauter que de tomber entre les mains d’Ivan le Terrible. C’est en ruines que la famille germano-balte von Sievers découvre ce qui s’appelait alors « le château de Wedden » (le nom allemand de Cēsis). L’heure est au romantisme en Europe et lorsque Karl Gustav, le patriarche, découvre ce panorama, il décide d’y faire construire son manoir de façon à pouvoir admirer les restes du château, et d’y faire aménager un parc. Le « Nouveau Château » est devenu un musée (et je le raconte dans l’article mentionné plus haut), mais je ne peux pas résister à revisiter l’ancien, qui doit avoir changé puisqu’il était encore en cours de restauration lors de ma dernière visite.

Alors ? Est-ce que ça a changé ! Eh bien oui, un petit peu. Même si on s’y rend toujours avec une lampe éclairée par une bougie à la main et que quand je franchis le pont au-dessus des douves ! Clairement, l’accès aux salles de la tour ouest du château (la mieux préservée), dont les appartements du Grand Maître de l’ordre, a été amélioré et ça, c’est une bonne nouvelle (même si elles restent inaccessibles aux PMR). Sous les toits, une grande nouveauté : une projection son et lumière qui relate la longue histoire du château. Pas besoin de parler letton, tout a été fait pour que la parole soit inutile. On regarde les images défiler, comme on parcourt des enluminures d’un ouvrage médiéval, ou une série de vitraux, comme au temps des cathédrales où on apprenait la religion à une population largement analphabète. Même si ce jour d’octobre garde un peu de la chaleur de l’été, le château est bien plus calme qu’à la belle saison. La poudrière, restaurée, est ouverte à ce moment-là, ainsi que le potager médiéval, les ateliers d’artisans pendant le week-end… Pas étonnant qu’il s’agisse d’un des endroits les plus visités de Lettonie !

Le voyage dans le temps se prolonge par le parc du château, à l’extérieur de l’enceinte du complexe médiéval. Un escalier majestueux vous mène vers un étang, et invite à se perdre dans ce parc paysager et ses allées.

Château de Cēsis (Cēsu Pils)

Pils Laukums 9

Le charme du centre de Cēsis

Le reste de Cēsis n’est pas en reste : c’est probablement une des villes les plus mignonnes de toute la Lettonie. Son centre historique a été admirablement préservé. Ses petites rues pavées sont bordées de maisons de briques ou de bois, souvent de couleur pastel ou ocre. Elle fait penser à une grosse bourgade allemande, et pour cause puisque ce sont des germano-baltes qui l’ont essentiellement construite. Tranquille, elle semble à l’abri des affres du temps. Seule Rigas Iela, la rue commerçante principale, semble animée. Même si on n’y fait pas de shopping, on peut toujours y admirer des demeures historiques. Elle débouche sur une large place  Rožu laukums, la place des roses, où trône l’église luthérienne Saint-Jean, toute blanche. Et contrairement à la dernière fois où elle était en rénovation, je vais pouvoir la visiter ! Avant d’y rentrer, je prends le temps de détailler la maquette de la ville au temps médiéval, avec son mur d’enceinte, disposéee au centre de la place.

A l’intérieur de l’église, la décoration est sobre, comme dans la plupart des édifices religieux protestants, et l’intérieur est très blanc, comme l’extérieur. Née église catholique dès l’arrivée de l’ordre livonien, venu christianiser la dernière partie d’Europe encore païenne. Elle est construite au XIIIe siècle. Après la Réforme protestante, elle devient église luthérienne. Étonnamment, alors que les églises protestantes sont avares de représentations figuratives, on trouve dans l’église Saint-Jean un grand triptyque ayant pour sujet la crucifixion de Jésus. C’est aussi dans l’église qu’étaient enterrés les évêques de l’ordre. Leurs pierres tombales sont encore visibles. Saint-Jean est aujourd’hui renommée pour ses concerts d’orgues et en ce début d’automne, les marches de l’autel sont remplies des bienfaits de la saison : pommes et poires qui poussent en nombre dans ce pays, potirons et citrouilles, courgettes et betteraves, autant de gestes de remerciement pour les bonnes récoltes.

Eglise Saint-Jean

Lielā Skolas iela 8

Où dormir à Cēsis

Hotel Cēsis

Un peu l’hôtel historique de la ville, il est né en 1939, juste avant la guerre et se situe à deux pas de la gare (bien pratique). Bien que rénové, il garde un charme désuet avec son lobby, ses majestueux escaliers (attention, pas d’ascenseur) et sa grande salle du petit déjeuner. Les chambres, elles sont plutôt modernes. Ma chambre single, compacte, mais bien équipée, avait la particularité d’être sur deux niveaux, avec la salle de bain à l’entrée, avant de descendre quelques marches côté chambre. Pas l’idéal pour les PMR, donc, à différents points de vue, mais pratique et avec un personnel hyper-serviable. Seule petite ombre au tableau : les tarifs un peu élevés pour un hôtel de cette catégorie en Lettonie. Comme ils sont rares à Cēsis, la concurrence ne joue pas vraiment.

Hotel Cesis

Vienības laukums 1

Où manger ou boire un verre à Cēsis ?

Mākslas telpa MALA

Je ne le savais pas avant de la revisiter, mais Cēsis, c’est la ville de la bière ! C’est bien simple : Cēsis peut se targuer d’avoir la plus ancienne brasserie de tous les pays baltes (et même des pays nordiques) : Cēsu Alus, née en 1590 au sein même du château de l’Ordre. Elle en a connu des péripéties, a traversé l’ère communiste et, passée sous pavillon finlandais dans les années 2000, reste la première brasserie du pays en termes de production. C’est dans d’anciens bâtiments de cette brasserie que s’est installé Mala, un centre culturel bohème qui respire la créativité. On y vient pour boire un verre (une bière, ou une limonade au coing, spécialité locale), visiter une expo, écouter un concert ou savourer une cuisine végétarienne maison. La déco rétro, chinée avec soin, nous replonge dans les années 1970 (fauteuils vintage, lampe au graphique marron et orange bien rétro…) et donne au lieu une atmosphère décontractée et chaleureuse. Ajoute à cela les prix tout doux, et tu obtiens, Lectrice, Lecteur, l’endroit idéal pour se poser, rencontrer des gens du coin et sentir battre le cœur culturel de Cēsis.

Mākslas telpa MALA

Lencu iela 11

Mango Sky Lounge

Cēsis a beau être une petite ville, elle a son « rooftop restaurant ». Oui, oui, dans la tour du Koncerthall, perché au 4ème étage (il n’y a pas de bâtiment plus haut que ça ici), Mango Sky est un restaurant qui en jette ! Pour y accéder, il faut faire le tour de la salle de concert et trouver l’accès à l’ascenseur, ne pas hésiter à pousser une porte qui paraît fermée et voilà ! Vue imprenable sur la ville et ses alentours (on voit loin, la Lettonie, c’est plat), déco dans les tons jaune doré, vert et caramel qui vous réchauffe tout de suite après avoir passé la matinée dans le climat frisquet de l’automne. C’est chic, ça déborde de velours et de petits clins d’œil animaliers. Venez-y pour un dîner ou un verre au coucher du soleil mais soyez prêts à réserver pour avoir la meilleure place ! Mention spéciale pour les cocktails.

Mango Sky Lounge

Raunas iela 12

Comment se rendre à Cēsis ?

Voyager vers Cēsis est on ne peut plus simple, même sans véhicule. Vous avez deux options : le train ou le bus.

En train :

Le train en Lettonie est très bon marché, même si les départs ne sont pas très fréquents (sept trains par jour). Le trajet dure une heure et demie/deux heures et coûte 4,3 € au départ de Riga.

En bus :

De nombreuses lignes relient Riga et d’autres villes lettones. Étonnamment, c’est un peu plus cher que le train (environ un euro de plus au départ de Riga) ! Pour tous les horaires, trains et bus, consultez le site https://www.1188.lv où vous pourrez également acheter vos billets ou via l’app Mobility.

Informations supplémentaires : consultez les sites de l’Office du tourisme de Cēsis et de l’Office du tourisme letton.

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