A l’arrêt de bus de la marina de St-Julian’s, j’attends qu’un véhicule m’amène vers La Valette, la capitale maltaise. UN homme d’une soixantaine d’année attend lui aussi. Plutôt gaillard, il engage la conversation. En cinq minutes, je vais presque tout savoir de sa vie. Joseph est veuf, à trois enfants, des petits enfants et me demande le plus naturellement du monde si je ne souhaite pas me marier. « Euh, non, non, Joseph, je suis prise« . Il aura beau me vanter sa gentillesse et son argent, je ne me laisserai pas convaincre. 🙂
Malte, les portes de l’Europe
En attendant, me voilà prête à tester les autobus maltais pour la première fois! Ces mini-bus qui quadrillent efficacement toute l’île sont connus, surtout les plus anciens, pour être des œuvres d’art à eux tous seuls. A la base jaunes, ils sont bariolés, rutilants et chouchoutés. Malheureusement, il se peut bien qu’ils aient disparus suite à la privatisation des transports publics et sa prise en main par « Arriva« .
La route de Saint-Julian’s vers la capitale ne dure qu’un bon quart d’heure, et nous voilà déposés devant les Portes de la ville. Des dizaines de bus y stationnent en cercle sous le soleil. Ce qui frappe au premier abords, c’est le monde qui se presse devant les portes. Une population bigarrée faite de locaux, de touristes mais principalement d’immigrés et de réfugiés. Malte est très proche des côtes africaines et avec l’Île de Lampedusa, une des premières terres européennes pour ceux qui sont en quête d’un avenir meilleur. Une charge assez lourde pour la petite Malte, qui se trouve en ligne de front. En attendant qu’on statue sur leur sort, ils sont là, devant la forteresse de La Valette. Ils s’improvisent vendeurs de boissons, de snack, certains mendient devant une ville qui est à quelques mètres. L’allégorie ne peut que sauter au yeux.
J’entre finalement. Construite durant le XVIème siècle, toute la ville est de style baroque et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO! La place qui se trouve immédiatement à l’entrée de la ville est en pleine réfection. Depuis la destruction de l’Opéra, les portes sont restées comme en suspens. Renzo Piano, le célèbre architecte italien, supervise finalement le projet de réaffectation mais cela n’a pas été sans mal! Il faudra donc que j’y retourne pour vérifier le résultat, la nouvelle Place est fonctionnelle depuis le printemps dernier!
Une ville construite par des gentlemen, pour des gentlemen
Je peux enfin démarrer ma ballade… Faire le tour complet des remparts de la ville est une des plus belles promenades à faire mais il fait chaud (38 degrés). Trop chaud pour envisager de les parcourir. Par contre, les rues serrées de la ville offrent de l’ombre. S’orienter à La Valette est très facile puisqu’elle est une des première villes à avoir été construite suivant un plan à damier. De la place des Portes de la ville, une grande avenue file jusqu’à la mer: c’est l’Avenue de la République, qui partage la ville en deux, de gauche à droite. Je me rends donc vers l’Auberge de Castille et Leon et Portugal, à présent la demeure du Premier ministre. A travers La Valette, vous trouverez de nombreuses « auberges » fondées par des « régionales » de l’Ordre des Chevaliers et qui les hébergeaient : Auberge d’Italie, Auberge de Bavière, Auberge de Provence… Bref, une vraie petite Union Européenne avant la lettre et les expats de Bruxelles n’ont rien inventé! Je suis en train d’admirer l’Auberge, me disant qu’elle impose le respect tout en exprimant une certaine fantaisie dû au style baroque. quand je sens une chaleur se diffuser sur mes pieds. Il est près de midi et le soleil est tellement ardent que mes ballerines noires sont en train de me cuire les orteils! Et voilà mes considérations architecturales interrompues par une course vers l’ombre en sautillant comme si j’avais du feu sous les plantes de pied. Je vais donc chercher un peu de fraîcheur sous les arbres du Upper Barrakka Gardens, un joli parc qui surplombe le Port de La Valette.
La vue sur la ville et le Grand Port est exceptionnelle et en fait l’un des lieux les plus prisés par les touristes. On vous recommande d’y faire un tour la nuit, pour une touche de magie en plus, avec les rues et les bâtiments tout illuminés de s’arrêtent net dans le noir d’encre de la mer. Romantique à souhait! Je ressors du parc et repasse devant l’Auberge. A côté, se trouve le Saint-James Cavalier, une ancienne plateforme à canons devenue centre culturel. À partir de là, je reviens vers les portes de la ville et entame mon parcours dans les rues étroites et ombragées de la capitale maltaise. Grâce à ses rues en ligne droite, le vent peut circuler librement et apporte un peu de répit face à la chaleur. Ça me laisse tout le loisir de me laisser enchanter par les vagues de balcons et de bow-windows, indissociables du paysage maltais. Ils se succèdent les unes après les autres et c’en devient hypnotique. A chaque croisement de rue, on aperçoit la Méditerranée partout et les statues des Saints. La dévotion maltaise à l’Eglise catholique est encore bien vivante! Nous aurons l’occasion d’y revenir… Saint-Michel, Saint-André, Saint-Sébastien, Saint-Paul (un ancien naufragé sur l’île alors qu’il se rendait à Rome), la Vierge… Tous sont là, souriants, soit sculptés sur les côtés des maisons, soit sur socle à des carrefours, sous forme de statues polychromes et tous ornés par les habitants.
Je passe devant plusieurs édifices importants (le théâtre Manoel, le Palais du Grand Maître de l’Ordre de Saint-Jean, qui abrite le Sénat et les bureaux du Président maltais ) avant de reprendre la rue de la République qui est la principale artère commerçante. Quel étrange mélange… à côté des boutiques typiquement British, lien avec l’ancien empire colonial oblige, on y trouve aussi plein de magasins italiens (la Sicile n’est qu’à 90 kilomètres) mais étrangement, pas vraiment d’articles ou de magasins « typiquement maltais ».
Mais le temps passe et il est l’heure de retrouver ma collègue à la Co-cathédrale Saint-Jean, un chef d’œuvre du Baroque le plus pur! On n’a pas lésiné sur l’or, le marbre, les fresques et les peintures! Même ce voyou de Caravaggio, venu se faire un peu oublier, lui et ses frasques, sur cette île et y a laissé quelques œuvres.Malheureusement, interdites de photographies. Avant de décider de la suite du programme, ma collègue et moi prenons un rafraichissement sous les arbres d’un café joliment placé devant le parvis. Nous irons donc visiter une des Trois Cités et le choix se porte sur Birgu, la plus belle et l’ancienne capitale de Malte.
Victorieuse Birgu
Le nom officiel de Birgu est « Città Vittoriosa » pour son rôle durant le Grand Siège par les Ottomans. Elle a donc une place très importante dans l’histoire maltaise. Nous prenons le bus et nous voilà en route. Premier arrêt: l’église Saint-Laurent, le patron de ville. C’est ici que je me rends compte que la moindre communauté d’importance sur cette île possède une église à faire pâlir sa voisine. Comparée à La Valette, ville plannifiée, Birgu est ancienne et plus organique. Ses rues sont parfois sinueuses, nimbées de jaune, d’orange et de rose et il y règne une certaine quiétude. Il parait que c’est un peu la « Naples » de Malte, le bruit en moins, pour son côté pittoresque: le linge pend en effet aux fenêtres comme là-bas, les chants des canaris et les perruches emplissent l’air, les voisins se parlent sur le pas de la porte et si La Valette est définitivement patricienne, Birgu est populaire et ouvrière. La plupart des résidents travaillent comme dockers et le bureau du Parti travailliste, stratégiquement placé sur le Square de la Victoire, en milieu de ville, atteste de ce caractère . Après nous être perdues dans les rues, nous arrivons aux portes du Fort de Saint-Ange mais n’allons pas plus loin.
Une des attractions de Birgu, c’est son Port de plaisance! Bien à l’abri ente Birgu et Senglea, une des Trois Cités, des bateaux de toutes tailles sont amarrés, de la simple barque de pêcheurs (avec les fameux yeux à la phoenicienne peints sur la coque), au méga-yacht de luxe (boatgeeks, venez à Malte, vous allez vous régaler). Je rêve de monter sur un voilier ou de découvrir ce que cachent cesbateaux de luxe.
Nous nous contenterons de boire une bière sur la place principale de Birgu, sous un coucher de soleil lilas, avant de reprendre le bus vers Saint-Julian’s. La nuit ne fait que commencer, et l’air maltais est chaud la nuit.
Site de la ville de La Valette
Site de la ville de Birgu
Vos photos rendent un bel hommage à cette ville !
Magnifique ville, en effet.
Il y a encore quelques mois, j’ignorais tout des attraits de cette ville mais maintenant, j’ai très envie de la découvrir…
Et elle vaut la peine, c’est quand même au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Ping : Séjour en mode faucon : 4 jours à Malte - Enfin, les plages! - Mel Loves Travels
Ping : 4 jours à Malte - Enfin, les plages!