Visiter le Hainaut : Mouscron-Comines, brasseries et fun !

Alors, tu es encore partie dans le Hainaut ? « Oui, je suis allée faire un peu de tourisme à Mouscron ». « Ah, ce Hainaut là ». Cette petite réaction de la part d’une amie traduit bien le statut un peu spécial de Mouscron et de sa sœur, Comines-Warneton. Géographiquement, ces deux communes collées à la frontière française, sont séparées du reste de la province et paraissent comme deux enclaves en territoire flamand. Cette triple influence : francophone, française et flamande va marquer le caractère de ces territoires, lui donnant une identité bien à eux. C’est ce que Pauline « Madame Bougeotte » et moi allons constater avec Visit Hainaut.

Les histoires de frontières sont toujours assez compliquées et les affres du XXème siècle feront que Mouscron et Comines se retrouveront dans le Hainaut, province francophone mais avec des facilités linguistiques pour les citoyens néerlandophones. De ce fait, Mouscron et Comines-Warneton font un peu figure de territoires éloignés, à l’écart et auxquel on ne prête pas souvent attention pourtant, ces deux communes recèlent pas mal de petites pépites dans un territoire restreint et une des leurs caractéristiques c’est… leur sens de l’accueil et du bien-vivre. Alors, allons de ce pas les découvrir et c’est une autre Pauline, de Visit Mouscron, qui sera notre guide !

Musée du folklore et de la vie frontalière, les cultures de Mouscron

Difficile de visiter Mouscron sans faire un passage au Musée du folklore et de la vie frontalière. C’est ici que l’on va apprendre à mieux appréhender cette identité multiple de Mouscron… à commencer par son instigateur : Léon Maes. Né à Tourcoing (en France), de parents flamands, il était greffier de justice à Mouscron et c’est lui qui émet l’idée de créer un musée sur base des traditions populaires. Ce sera fait et après plusieurs déménagements, nous voilà devant la dernière incarnation du musée : un beau bâtiment moderne, vainqueur de prix architecturaux (dont le prestigieux Mies van der Rohe) fait de briques peintes en blanc et tout à l’horizontale. Ces briques ne sont pas anodines : elles ont été récupérées des chantiers de démolitions mouscronnois, des souvenirs du patrimoine industriel qui ont fait de cette ville ce qu’elle est aujourd’hui.

Contrairement au Borinage qui s’est développé avec le charbon, c’est l’industrie textile qui va marquer l’histoire de la région. C’est à la veille de la révolution industrielle que Mouscron, qui n’était qu’un village, prend de l’ampleur. Quand Lille interdit la fabrication du molleton, un mélange de lin et de laine, les fabricants de Roubaix et de Tourcoing émigrent vers les Pays-Bas autrichiens qui ne sont pas soumis à cette interdiction. Il n’y a que la Lys, affluant de l’Escaut, à franchir ! Ce boom textile va prendre encore plus d’ampleur au XIXème siècle, attirant nombre d’ouvriers flamands en quête d’emploi dans le nord de la France. Les industriels français investissent aussi, faisant de Mouscron un carrefour des cultures.

Tout cela est évoqué dans le Musée qui couvre les « siècle d’or » de Mouscron, entre 1850 et 1950.  Avec une scénographie toute particulière, la vie de tous les jours y est évoquée : les migrations, l’évolution des moyens de transports, les métiers traditionnels, les loisirs, l’histoire des trafics entre la France et la Belgique… Tout cela, nous allons le découvrir avec Véronique Van De Voorde, la conservatrice du Musée. Ca fait écho au Musée de la vie rurale que j’avais visité à un jet de pierre de l’autre côté de la frontière, à Wattrelos. On y retrouve les mêmes éléments, y compris le jeu de bourles et la colombophilie, ce qui traduit bien que s’il y avait une frontière à la fois géopolitique et linguistique, les habitudes et le quotidien étaient communs.

Les nouveaux locaux du Musée sont tout neufs et COVID oblige, nécessitent encore quelques travaux de finition (dont les jardins qui feront partie de l’espace muséal). Il y a aussi pas mal d’activités destinées aux enfants et aux jeunes avec des stages et des ateliers. A découvrir !

Musée du folklore et de la vie frontalière

Rue des Brasseurs 3

7700 Mouscron

Mouscron, ville des Hurlus

Contrairement aux villes historiques du Hainaut, le centre-ville de Mouscron n’est pas très ancien, la cité étant devenue importante assez tard, mais sa Grand-Place, devenue piétonne tout récemment, vaut le coup d’œil. Large et accueillante, bordée de cafés (comme il se doit en Belgique), deux bâtiments attirent l’œil : celui de la boulangerie Pierre Alain avec ses drôles de balcons en bois et l’hôtel de ville, de style néo-gothique flamand. Face à cette représentation de l’autorité communale, se trouve la statue toute dorée d’un homme encapuchonné : c’est le Hurlu.

Le Hurlu est devenu le symbole de Mouscron, il fait partie de son image de marque mais à l’origine, c’était un personnage qui apparaissait bien moins sympathique aux Mouscronnois. « Hurlus » est le nom donné aux protestants calvinistes. Révoltés et persécutés, ils étaient connus pour attaquer des villes de la région et détruire toutes images religieuses (peintures, sculptures…). De leurs hurlements serait venu le mot « hurlu ».

La première semaine d’octobre, les Hurlus sont fêtés tout un week-end avec des défilés, un cortège de géants mais surtout, avec le « jet des Hurlus », des poupées de chiffon qui sont balancées depuis le balcon de l’hôtel de ville. C’est LE point d’orgue de la fête ! Et en plus, le hurlu, ça se mange ! On le retrouve sous forme de brioche à dévorer sur le pouce. 😉

Un petit en-cas bienvenu car nous allions justement nous rendre dans une brasserie pour l’apéritif !

Vivement Dimanche, une brasserie qui dépote !

Au début de la rue de la Passerelle, sous l’apparence d’un bâtiment industriel plutôt anonyme, se cache une tout bonne brasserie au nom qui donne envie à lui tout seul d’y aller : Vivement Dimanche ! Et quelle ne fut pas ma surprise de voir que je connaissais l’un des deux fondateurs (qui était là pour nous accueillir) : Jules. En fait, c’est plutôt lui qui m’a reconnue (merci les masques). Jules travaillait « Chez Bobonne », un resto-bar à bières artisanales (un des meilleurs de Bruxelles, d’ailleurs) que je fréquentais souvent et qui a fermé il y a quelques mois à peine (en partie à cause du COVID). Et le voilà ici. Ça me réjouit, tellement j’étais triste de cette fermeture.

La Brasserie est toute jeune (un peu plus d’un an au moment où votre blogueuse écrit ces lignes) mais qui rencontre déjà son public. Comme il s’agit d’une nano-brasserie, la production est encore petite mais la demande ne cesse de croître et on comprend quand on goûte la Passerelle, une pale ale (qui fait partie de leur assortiment permanent avec le Brassin Zéro et la MSC Stout) bien houblonnée, un peu sèche, au léger parfum de fruits exotiques, bien dans son temps. Mais ce qui m’a aussi beaucoup plu, c’est la Tap Room. Normalement ouvert les samedis, le lieu est super convivial, mariant des tons chauds du bois au béton, et donne envie d’y revenir passer une bonne soirée entre amateurs de bonnes mousseuses !

Vivement Dimanche

Rue de la Passerelle 4

7700 Mouscron

Etape gourmande chez Gaston Vouzôte

Après cet apéritif, nous prenons la route pour rejoindre Dottignies, village qui fait partie de l’entité de Mouscron. C’est que là qu’une belle table nous attend, chez Gaston Vouzôte Un petit jeu de mots sur une expression souvent utilisée en Wallonie picarde. Imaginez la conversation : « Bonjour Nathalie. Ça va chez toi ? Et la famille ». « Oui, oui, ça va et vouzot’ ? » Vous autres (donc prononcé « vouzot' ») est souvent utilisé à la place d’un « vous ». Un petit clin d’œil qui vise à bien ancrer le restaurant dans son terroir. Néanmoins, rien de rustique quand on entre dans le restaurant (sauf peut-être le bar, rescapé de la vie d’avant). En tout cas, avant d’entrer, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer qu’en ce vendredi midi, le parking est plein. Plutôt bon signe ! Comme le restaurant est plutôt grand, il y a de la place pour y placer les convives. Notre tablée a d’ailleurs son petit espace dans une sorte d’alcôve avec dans le fond, une photo contemporaine qui rappelle la « Dernière Cène » de Vinci. Décidément, le propriétaire à de l’humour !

Mais qu’en est-il de l’assiette ?  On y retrouve une cuisine de brasserie, mais de la brasserie de qualité ! En entrées, les escargots de Kain (pas loin de Tournai, et que nous aurons gouté) se disputent la place avec les croquettes de crevettes grises ou d’autres saveurs comme la poêlée de calamars au chorizo. En plat, j’ai choisi une côte de porc pannée accompagnée de linguines sautés aux légumes servis dans leur poêle. Et miam !!! La côte de porc était bien juteuse, pas trop grasse et les pâtes, cuites comme il le fallait ! Malheureusement, le tout était tellement copieux que je n’ai pas pu profiter du dessert (je ne vous dis pas ma déception de faire passer ça à la trappe, je suis un fan de douceurs). Bref, voilà une adresse qui n’a pas volé son BIB Gourmand !

Gaston Vouzôte

Boulevard des Canadiens 27

7711 Mouscron

Brasserie De Ranke, la pionnière

Si vous parlez à différents brasseurs de la région, vous verrez il ne faudra pas longtemps avant que le nom de la Brasserie De Ranke ne sorte. Cette brasserie est une sorte d’esprit tutélaire en Hainaut occidental : tour à tour source d’inspiration, donneuse de coup de main et exemple.

Située elle aussi à Dottignies, elle a commencé sa vie en Flandre, à quelques kilomètres de là. C’est Nino Bacelle, dont la famille était négociante et en bières et limonades, qui crée sa propre bière (la Guldenberg, qui existe encore) et la brasse au sein de la brasserie Deca. En 1996, il s’associe avec Guido Devos et créent leur propre brasserie, De Ranke, à Wevelgem. 8 ans plus tard, les deux associés déménagent et s’installent en Wallonie, à Dottignies. Depuis, la réputation de De Ranke n’a fait que grandir. Connue plus particulièrement pour ses bières amères (comme la XX Bitter), elle fait partie des pionnières du genre.

Et pour vous dure que sa réputation est bien établie, c’est un jeune américain, Casey, qui va nous faire visiter. Il a quitté son Minnesota natal pour se former à l’art de la brasserie dans LE pays de la bière.  C’est que De Ranke est engagé non seulement dans la fabrication de sa bières (avec des houblons de Poperinge, LE site traditionnel de production du houblon en Belgique) mais aussi, du point de vue écologique en utilisant l’énergie solaire et en maîtrisant l’utilisation de l’eau. L’une des principales caractéristiques des bières de De Ranke, c’est qu’elle utilise des houblons entiers et non pas des pellets, ce qui donne un goût caractéristique et floral aux bières de la brasserie.

Quasi toutes leurs bières sont de fermentation haute (c’est à dire qu’elles sont fermentées à des températures élevées, entre 18 et 30 degrés) et elles sont non filtrées et non pasteurisées, pour garder tout leur caractère.  Si la Guldenberg est plutôt classique (une blonde type abbaye), les autres productions (XX Bitter, Amer-Amer, Franc Belge…) ont une amertume bien marquée, un goût recherché depuis ces dernières années.  A ma grande surprise, Casey nous informe que De Ranke fait même de la kriek, une bière à base de lambic et de cerises. C’est est très rare en dehors de Bruxelles puisque le lambic ne peut être fait ailleurs qu’à Bruxelles ou dans le Pajottenland, juste au sud-ouest de la ville. Justement, cette kriek en contient et est assemblée avec de la vielle bière.

Je n’aurai malheureusement pas la chance d’y goûter par contre, outre la Guldenberg, l’Amer-Amer, la Simplex et la XX Bitter, je testerai la XXX Bitter, avec 50% de houblon en plus que la XX. Résultat du test : même si c’est une bonne bière, je préfère la XX, qui reste plus complexe car moins envahie par le houblon. D’ailleurs, parlons un peu de la Tap room… elle est accessible le vendredi et le samedi (en période normale). Avec ses grandes portes fenêtres et sa terrasse qui donne sur la brasserie, on se sent vraiment au cœur du processus de la brasserie. Et elle semble bien fréquentée ! Pas moins de deux groupes (des cyclistes flamands, dont un collègue brasseur et un petit groupe de français) viendront s’y arrêter pour déguster une bonne mousseuse. Avec modération !!!

Brasserie De Ranke

Rue Du Petit Tourcoing 1a

7711 Dottignies

Fait comme Mario avec BattleKart

Après une dégustation responsable, nous reprenons la route pour une activité… plutôt inhabituelle : du karting virtuel ! Nous voilà dans un zoning de Mouscron et dans un bâtiment qui ressemble à un gros hangar. Nous rentrons et tout de suite, sous la lumière ultraviolette, nous avons l’impression d’entrer dans un jeu vidéo… C’est que BattleKart est un terrain de karting virtuel où le circuit est projeté sur le sol. On est donc un peu en train de jouer à MarioKart pour de vrai.

Tout comme le jeu, il y a des interactions, des bonus à attraper… et nous aurons l’occasion de tester ! On passe notre équipement, notre casque et c’est parti !!! Nous voilà sur la ligne de départ. L’effet est saisissant. On est plongé dans le noir et tout à coup, PAF, le circuit apparait comme par miracle ! Pour moi qui n’ai pas le permis, ce n’est pas spécialement facile et je me suis prise de nombreux talus. 😉 😉 😉 Par contre, les sensations sont là et bien là. Le gros avantage de cette formule de kart, c’est que le circuit peut changer ! Nous allons en essayer un plus difficile mais aussi un « BattleColor » où votre mission est de recouvrir le plus de carrés de la couleur de votre kart (tout en massacrant vos adversaires à coup de missiles). On a même vu une partie « BattleFoot », où les participants frappent une balle virtuelle avec leurs karts. Bref, moi qui ne suis pas spécialement cliente de ce genre d’activité, je me suis marrée comme une petite folle. Je n’ose imaginer ton kif, Lectrice, Lecteur, si tu es fan de MarioKart !

BattleKart

Rue du Valemprez 20A
7711 Dottignies

Le Hainaut, côté « Wild » dans la région de Comines

Nous reprenons la route pour nous diriger vers l’ultime bout du Hainaut (et de Wallonie) : Comines-Warneton. La région est plutôt rurale mais pourtant, tout le monde connait Comines à cause… de sa piste de ski artificielle, le Ice Mountain Adventure Park. Et ce n’est pas la seule activité du genre qu’on peut trouver dans le coin ! C’est un coin de campagne qui est assurément « wild ».

Dans le village du Bizet, au milieu des champs, on trouve un ensemble de bâtiment aux allures de ferme : nous sommes à la Howarderie. Ce qui était une exploitation agricole s’est doucement diversifiée en ouvrant des gîtes, un restaurant et… une salle de lancer de haches : la How’Hache ! Nous n’avons pas le temps d’arriver Pauline et moi que nous sommes promptement emmenées vers l’espace dédié au lancer de hache. Le fait d’être dans une ferme avec tout ce bois autour de nous me donne envie de passer mon plus chemisier de bucheronne ! Malheureusement, je n’y ai pas pensé et nous sommes prises en charge par l’instructeur car évidement, s’amuser à lancer des haches, ça ne se fait pas comme ça !

Après le briefing, c’est le moment de faire nos preuves : angle du bras, détente du poignet, position du corps… J’essaie, la hache quitte faiblement ma main et va ricocher bien en bas de la cible ! Je ne suis pas la plus douée, c’est certain. Il doit me manquer de la férocité mais je vais remarquer qu’au moins je pense, au mieux ça va et j’arrive à planter quelques haches dans la cible. Ce qui est certain par contre, c’est ce que c’est un sacré défouloir et qu’on ne sent bien fatigué.e et relaxé après ça. Mais affamé.e aussi !

Pour ça, pas besoin d’aller bien loin, il suffit de sortir et de passer au restaurant à quelques mètres de là. Le cadre est résolument campagnard et chaleureux, tout comme les plats servis. Pas de la grande cuisine mais c’est gourmand et mon burger maison (avec Angus beef) était bien gouteux ! Mention spéciale pour les crèmes glacées faites maison et le bagout de Bernard, le patron qui a développé la Howarderie avec sa femme.  C’est un hôte qui ne manquera pas de vous mettre à l’aise !

Bien fatiguées par une journée plus que chargée, Pauline et moi allons rejoindre notre gîte (la Howarderie en compte plusieurs) : la Prairie. Il s’agit d’un gîte de grande capacité qui peut héberger jusqu’à 18 personnes donc, on ne manque pas de place ! Il existe de plusieurs types de chambres et j’hérite d’une confortable chambre avec une mezzanine qui peut contenir jusqu’à 4 personnes. C’est plutôt royal ! Evidemment, il y aussi une cuisine, une salle commune et une grande salle à manger qui peut accueillir tout ce petit monde. Inutile de vous dire que dans ce coin de campagne, le calme est AB-SO-LU et que j’ai passé une très bonne nuit.

Le lendemain matin, un joyeux soleil s’est levé et je comprends pourquoi on appelle le gite « la prairie ». On est juste en face d’une grande étendue d’herbe qui mène doucement jusqu’à la Lys, la rivière qui ici, forme la frontière avec la France et tout à côté d’un pré aux vaches. Pour Pauline et moi, c’est une délicieuse manière de commencer la journée avant d’aller prendre notre petit-déjeuner. Bernard nous attend avec viennoiseries, cafés, jus de fruit et sa conversation.

On ne le dira jamais assez, le Hainaut, c’est vraiment la terre de la convivialité !

La Howarderie

Rue de la Howarderie 9
7783 – Le Bizet

Cette promenade à Binche a été réalisée dans le cadre d’une collaboration avec Visit Hainaut mais les opinions de l’auteure demeurent libres.

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