Visiter Lahemaa, le plus grand parc national d’Estonie

Déjà la dernière journée en Estonie ! J’ai attendu ce dernier moment pour quitter Tallinn et me rendre enfin dans un endroit que je rêve de visiter depuis longtemps : le parc national de Lahemaa. De tous les parcs nationaux estoniens, c’est sans doute le plus accessible. C’est aussi le plus ancien. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il est accessible en bus !

Le Parc National de Lahemaa en bref

Situé à 70 minutes à l’est de Tallinn, Lahemaa est le plus grand parc national du pays. Créé à l’époque de la domination soviétique, il fut d’ailleurs le tout premier à être établi en URSS. Son vaste territoire couvre des forêts, des tourbières, des zones côtières avec leurs écosystèmes respectifs, mais aussi tout un patrimoine culturel, comme des manoirs (notamment ceux de Palmse, Kolga ou Sagadi) et des villages (comme le village de pêcheurs d’Altja).

Après une grosse heure de bus, je descends pour me retrouver à un arrêt en pleine nature, près de la tourbière de Viru, l’attraction principale du parc. Pour découvrir le parc en transports en commun, il faut faire des choix, même si les longues journées de printemps et d’été permettent plus de latitude. J’aurais pu combiner un manoir après ma balade dans les marais, mais, dernier jour oblige, je ne peux pas rentrer trop tard et préfère passer du temps à l’aise dans cette unique étape.

On ne découvre pas tout de suite la tourbière. Comme un trésor, elle se révèle après avoir traversé un périple à travers la forêt. Une forêt boréale qui couvre 70 % de la surface du parc de Lahemaa. On chemine sur les sentiers, entourés de sapins, de pins de Sibérie et de bouleaux, la sainte trinité des forêts estoniennes. Une forêt solennelle, silencieuse, aussi altière que ses conifères. En même temps, les arbres étant relativement hauts, et les sapinières n’étant pas un environnement propice à d’autres espèces qui pourraient grandir sous leur ombre, ce n’est pas une forêt drue qui semble se refermer sur vous. Elle est, au contraire, aérée. Et je suis seule, merveilleusement seule. C’est le bonheur.

La tourbière de Viru

Enfin, après une petite demi-heure, l’horizon s’ouvre : me voilà arrivée au sentier de caillebotis qui traverse la grande tourbière de Viru. Me voilà dans un autre monde, suspendue entre l’eau et le ciel. Dans l’eau tranquille des marais, l’azur et les nuages s’y reflètent comme dans un miroir et en décuplent la lumière. Une lumière qui a une étrange teinte un peu jaune et chaude. J’ai l’impression d’être sur une autre planète ! Une autre planète, mais pleine de vie. Même si l’environnement n’est pas idéal pour la pousse des arbres, des plantes rares comme l’andromède (qui ressemble un peu à du muguet légèrement rose) ou plus communes, comme l’oseille des marais ou la linaigrette (qui semble supporter des boules de coton), s’y trouvent.

On entend le coassement des grenouilles, et les oiseaux glissent quasi silencieusement sur les étangs. Il y a peu de chances que je croise un ours brun ou un lynx dans ce coin du parc, mais ils sont bel et bien présents. Les insectes aussi. Je croiserai d’ailleurs une belle araignée. Tout est d’un calme impérial. À part une poignée de promeneurs et un petit groupe de touristes japonais, je ne croiserai personne. Une véritable expérience zen où ne règnent que le silence et les murmures de la nature.

Plus ou moins au milieu du sentier suspendu, on trouve un des clous du spectacle du parc national de Lahemaa : la tour d’observation. Une haute structure en bois qui permet d’appréhender en un regard la tourbière. Les marais ressemblent à autant d’yeux qui reflètent les cieux. C’est saisissant ! Et dans la tour, je ferai une autre rencontre, avec l’oiseau national estonien : l’hirondelle rustique, qui vient souvent se poser sous le toit de la tour ! On ne peut pas la louper. Elle est blanche et noir-bleu, avec une partie de la face et de la gorge rousse et, bien sûr, la queue typique en forme d’aronde des hirondelles.

Le reste de la promenade se déroule comme dans un rêve… Je pourrais marcher comme ça pendant des heures, mais au bord d’un grand marais, comment résister à un banc qui vous invite à faire un petit casse-croûte ?

La fin du sentier arrive beaucoup trop vite, après avoir longé d’anciennes parcelles où l’on venait récolter de la tourbe. Même si le site a, au premier abord, l’air naturel, les chenaux bien droits bordés de bouleaux trahissent la main de l’homme.

Pour rejoindre l’arrêt de bus le plus proche, il faudra traverser une grande sapinière qui semble infinie. Tout se ressemble, et on n’en voit pas le bout ! Je me suis surprise à fredonner « 1 kilomètre à pied ». Je pense être arrivée à 90 kilomètres. Au moins 20 minutes pour atteindre la route, et un arrêt de bus solitaire, en pleine nature. Des arrêts comme ça, il y en a plein en Estonie. Comme il s’agit du dernier jour de mon séjour, je ne m’étonne même plus. Mon timing est plutôt bon. D’ici 20 minutes, il devrait arriver. Une souche de bois posée plus bas dans un talus fera un siège parfait pendant que je tue le temps à lire. Enfin, avant que je n’aie même le temps de terminer mon chapitre, le voilà ! En route donc pour revenir vers Tallinn, préparer mes bagages et faire une dernière promenade en ville.

Avant de retrouver la civilisation, je me gave du paysage champêtre que j’ai appris à connaître : ces prés d’un vert presque fluo, parsemés de jaune, celui du pissenlit, du bouton-d’or et des champs de colza, ces morceaux de forêt d’un vert foncé presque noir. Je fais mentalement mes adieux à cette campagne comme je n’en verrai plus pendant longtemps. Ou du moins, c’est ce que je croyais !

Conseils pratiques pour le Parc National de Lahemaa

Ce parc est un joyau de la nature estonienne et doit être traité avec respect. Veillez à ne laisser aucune trace de votre passage et à limiter le bruit pour ne pas perturber la faune (il y a encore des ours dans les zones forestières, renseignez-vous avant votre visite).
Plusieurs campings gérés par le RMK (l’office des parcs nationaux) sont disponibles à travers le parc, ainsi que des zones où il est autorisé d’allumer un feu.

Portez des vêtements confortables et adaptés à la météo (l’hiver, il peut y faire très froids) et au type d’activité que vous souhaitez faire (chaussures de rando, maillot de bain pour un petit plouf dans la mer ou un marais…). Il existe plusieurs sentiers de randonnées, du sentier éducatif, aux grandes randonnées sur plusieurs jours. N’hésitez donc pas à vous renseigner ici : https://loodusegakoos.ee/where-to-go/national-parks/lahemaa-national-park ou ici : https://visitlahemaa.com/en/.

Le Centre des visiteurs se situe dans le Manoir de Palmse.

Si vous visitez le parc à la fin du printemps ou en été, n’oubliez surtout pas un répulsif contre les moustiques. Ces derniers peuvent être une véritable plaie, comme c’est souvent le cas dans les pays nordiques, surtout dans les zones marécageuses. Si vous l’avez oublié, pas de panique ! Dès l’arrivée des beaux jours, on en trouve dans tous les supermarchés et supérettes d’Estonie.

Comment rejoindre le Parc National de Lahemaa ?

Le moyen le plus simple, surtout pour ceux qui manquent de temps, est de louer une voiture. Cela vous permettra de visiter plusieurs sites en une journée. Attention : le sentier de la tourbière de Viru n’est pas une boucle. Il commence et se termine à deux endroits différents. Vous devrez donc soit faire demi-tour après la tour d’observation (pratique pour les plus pressés), soit refaire tout le sentier en sens inverse pour rejoindre votre véhicule.

Rejoindre le parc de Lahemaa en bus

Bonne nouvelle : c’est tout à fait possible ! Il vous faudra d’abord déterminer où vous souhaitez descendre, car le parc est vaste.

Tout commence au quai 5 de la gare routière de Tallinn, adjacente à la gare des trains.

  • Pour la tourbière de Viru
    Prenez les bus 305, 151, 155, 157 (Loksa), 307 ou 329 (Rakvere) et descendez à l’arrêt « Viru Raba ». À la fin du parcours, pour retourner à Tallinn, rendez-vous à l’arrêt « Ulliallika » et prenez les bus 151, 153 ou 155 en direction de « Balti Jaam » (la gare de Tallinn).
    Si vous voulez continuer après la tourbière pour visiter le manoir de Kolga, prenez les mêmes bus, dans la même direction, et descendez un arrêt plus loin, à « Kolga » (une marche de 30 minutes est nécessaire depuis l’arrêt pour rejoindre le manoir).
  • Pour le manoir de Palmse
    Prenez le bus 746 pour Narva depuis la gare routière et descendez à Rakvere Teater, ou prenez le train pour Narva et descendez à la gare de Rakvere. De là, prenez le bus 58 pour Palmse (l’arrêt de bus est juste devant le château).
    Alternativement, prenez le bus 326 et descendez à Viitna, puis prenez le bus 25 en direction de Käsmu, et arrêtez-vous à « Palmse mõis » (c’est l’option la plus rapide le matin).
    Une autre option est de prendre depuis Balti Jaam (gare de Tallinn) le bus 157 pour Loksa, descendre à « Louna » et prendre ensuite le bus 61 en direction de Rakvere, arrêt « Palmse mõis ».
  • Pour visiter le village d’Altja
    C’est un peu plus compliqué, car les bus sont peu fréquents. Prenez le bus 157 depuis Tallinn Bussijaam en direction de Võsu jusqu’au terminus, puis le bus 38 en direction de Haljala et descendez à « Altja ».
    Une autre possibilité est de prendre le bus 746 pour Narva depuis la gare routière de Tallinn, descendre à Rakvere (« Teater ») et prendre ensuite le bus 38.

Pas envie de vous casser la tête ?

Des excursions organisées sont également disponibles pour visiter le parc sans souci de logistique.

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