Que faire à Sigulda : Le guide complet de la « Suisse lettone »

Au moment où je commence à écrire cet article, j’ai du mal à trouver mes mots pour parler de Sigulda. J’ai l’impression d’être passée à côté de quelque chose… Peut-être à cause de la tempête qui a commencé le jour de mon arrivée et qui m’a suivie pendant près de deux semaines. Mais Sigulda et moi, on n’a pas accroché. Pourtant, c’est l’une des destinations les plus populaires de Lettonie, l’une des portes du Parc national de la Gauja, le plus grand du pays, et la capitale des sports d’extérieur.

Je m’attendais à trouver une ville, j’ai plutôt découvert une succession de rues et d’habitations, parsemées d’hôtels, de cafés et de restaurants, sans véritable centre. Pas de place autour d’un hôtel de ville ou d’une église. C’est assez déroutant. Et pourtant, je vais essayer de te parler, Lectrice, Lecteur, de la petite « Suisse lettone ».

En milieu de matinée, j’embarque dans un train pour le court trajet depuis Cēsis. En 45 minutes, me voilà à Sigulda ! La gare est à cinq minutes de mon hôtel : parfait pour déposer mes affaires et commencer à explorer. Malheureusement, en arrivant, la météo se gâte brusquement. L’automne avait été exceptionnellement doux jusqu’ici en Lettonie. Tout le monde s’en étonnait. Mais aujourd’hui, les températures plongent, la pluie s’invite, et la première chose que je fais, c’est me réfugier dans un café en attendant que ça passe.

Cultural Centre « Sigulda Devon »

Premier arrêt : le centre culturel « Sigulda Devons ». Il paraît flambant neuf et rappelle les falaises dorées de la Gauja que j’avais admirées lors d’un précédent voyage. On dirait un bloc de roche… et c’est exactement l’effet recherché : le bâtiment est recouvert de panneaux imprimés de motifs de grès formés durant le Devonien (d’où le nom du centre) dans les gorges de la Gauja toute proche. Il s’y passe mille choses : expositions, concerts, activités diverses. Aujourd’hui, c’est la journée dédiée aux enfants. Ils sont partout, avec leurs parents. Impressionnant ! J’aurai aimé m’y attarder plus longtemps, regarder des expos (et prendre des photos) mais la quantité d’enfants présents m’en a dissuadé (à la fois pour des raisons de protection de leur image mais aussi parce que le centre semblait quasi privatisé pour cet évènement).

Sigulda Devons

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Sigulda

Les Château de l’Ordre de Livonie de Sigulda

Mais en sortant, le vent commence à se lever. Je me dirige quand même vers les châteaux de Sigulda car, oui, tout comme à Cēsis, on en trouve deux côtes à côte : l’ancien château des Chevaliers de l’Ordre de Livonie, en ruines et moins bien conservé, et le nouveau, construit au XIXe siècle. On accède au complexe par un grand parc où d’anciennes dépendances, disposées en arc de cercle, ont été transformées en ateliers et boutiques d’artisanat.

Je commence par visiter ce qui reste du château de l’Ordre : des fortifications, des tours, des murs d’anciens bâtiments… Des ouvriers s’activent malgré le vent, pour consolider ce qui peut l’être. Le château est ancien : les premières constructions datent du XIIe siècle ! Agrandi jusqu’au XVe siècle, il devint le siège du maréchal des terres de l’Ordre, le deuxième personnage le plus important après le Grand Maître, lequel résidait à Cēsis. Endommagé pendant la guerre de Livonie, puis remis en état sous administration polonaise, il sera à nouveau abîmé lors de la guerre suédo-polonaise au XVIIe siècle. Les Suédois, qui contrôlent alors la région, le retapent et l’équipent même d’un sauna ! La Grande Guerre du Nord entre la Suède et la Russie lui portera le coup final. Abandonné, il deviendra un décor romantique pour le manoir construit ensuite par une famille noble russe.

Malgré le vent violent, je grimpe en haut de la tour nord. Je ne regrette pas : la vue est superbe ! Sigulda est entourée de vastes forêts qui commencent à se parer de couleurs automnales. Au loin, on aperçoit d’autres châteaux, dont le fameux château de Turaida — sans doute le plus visité de Lettonie — que je n’aurai malheureusement pas le temps de découvrir. On voit aussi, plus discrètement, le manoir de Krimulda de l’autre côté de la vallée. Mais le vent se transforme en quasi-tempête : il devient plus prudent de redescendre et de filer vers le « nouveau château ».

Le Nouveau Château de Sigulda, le royaume des écrivains

Construit entre 1878 et 1881 par le duc Dimitri et la duchesse Olga Kropotkine (qui avait reçu en dot le domaine de son père), ce « nouveau château » est plutôt un manoir, érigé en partie avec des matériaux récupérés d’anciennes structures. Son architecte, Janis Mengelis, lui a donné une allure néo-gothique typique du style en vogue de l’époque de l’époque. Après la Première Guerre mondiale, il devient la résidence de l’Union des écrivains et journalistes lettons, surnommé alors le « château des écrivains ».

J’entre à peine qu’un PAF ! retentit : l’électricité saute, victime des rafales. Je me retrouve à visiter certaines pièces dans la pénombre, ce qui ajoute presque à l’ambiance. Le bois sculpté, les peintures modernistes et les motifs folkloriques lettons plongent le lieu dans une atmosphère très particulière, marquée par l’affirmation identitaire de la Lettonie de l’entre-deux-guerres. Pendant l’époque soviétique, elle devient un lieu de villégiature pour les hauts gradés du régime.

À l’étage, plusieurs salons accueillent des expositions temporaires d’artistes locaux, souvent inspirés par la Gauja.
Derrière le château, une magnifique terrasse en damier offre une vue parfaite sur les ruines médiévales. Contrairement aux von Sievern de Cēsis qui préféraient un jardin d’hiver, les Kropotkine misaient sur le plein air et ses grandes réceptions.

Dernière étape : la tour. Ses vitraux m’accueillent avant une longue montée. En haut, il me faut m’agripper à la rambarde : ça souffle fort, très fort ! Mais les nuages se déchirent et un rayon de soleil illumine la forêt. On aperçoit à nouveau Turaida, mais aussi le domaine de Krimulda, accessible en télécabine depuis Sigulda, une attraction que je n’ai pas pu tester à cause du vent, mais qui offre d’habitude une vue splendide sur la vallée.

Château de l’Ordre et Nouveau Château de Sigulda

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Sigulda

Parc des cannes

Ma découverte de Sigulda s’achève par un passage au « Parc des cannes » car oui, la fabrication des cannes est une spécialité locale (d’ailleurs, il y a un atelier dans la cour d’honneur du Nouveau Château, c’est un souvenir assez prisé). Alors que Sigulda se développe en tant que lieu de villégiature au XIXe siècle, la canne devient un objet chic pour se balader en ville, ou pour faire de la randonnée. Fait de bois souple (afin qu’il puisse plier pour créer le manche), la canne devient de plus en sophistiquée. On la peint et on l’orne de motifs, souvent des motifs folkloriques lettons… C’est donc un joli petit parc, garni de cannes géantes de couleur jaune, rouge et bleu, tout joyeux.

Parc des cannes

Au croisement de Cesis et Poruka Iela

Sigulda

Où dormir à Sigulda ?

Sigulda Hotel

C’est l’hôtel historique de Sigulda (étonnamment, il n’y en a pas beaucoup en ville) ! Lorsque la ligne de chemin de fer Riga-Saint-Pétersbourg, et qui passe par Sigulda (on peut remercier l’intervention de la duchesse Olga dans cette affaire), est inaugurée, Nicolas Kropotkine sent tout le potentiel que ce nouveau moyen de transport peut apporter. Il fait donc construire l’hôtel en 1889. On lui doit d’ailleurs le succès de la transformation de Sigulda en lieu de vacances (la piste de bobsleigh, c’est encore lui). Le solide bâtiment de pierre (chose plutôt rare dans le paysage architectural letton) existe toujours, mais est désormais accompagné d’une extension moderne. Ma plus grande déception fut de ne pas avoir pu tester leur spa pour cause… de panne d’électricité causée par la tempête et qui nous aura plongés dans le noir jusqu’à 22h. Dommage ! Les chambres sont simples, un peu veillottes, mais propres et rien ne manque point de vue confort. Et le personnel a su gérer avec calme et efficacité la panne de courant. On a tous été équipés de bougies pour ne pas rester dans le noir. L’occasion de prendre ma douche à la lueur des flammes !

Hotel Sigulda

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Sigulda

Où manger  à Sigulda ?

ESI Cafe

À deux pas de la gare, ce charmant café a tout bon : une déco léchée (fauteuil de velours, table de bois blond), des plats maison et sains, des desserts qui font saliver et une de mes spécialités lettones préférées : le jus d’argousier (top en hiver) et probablement un des meilleurs que j’ai goûtés.  Ce dont je n’ai pas pu profiter, c’est de leur véranda, qui n’était pas ouverte, mais les photos la montrent comme une mini-jungle où les plantes sont reines. L’endroit idéal pour un lunch ou un goûter !

ESI Cafe

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Sigulda

Kaķu Māja

Nous voilà plus dans le traditionnel dans cette « Maison du chat » ! Cette grande maison en bois abrite l’un des restaurants les plus populaires de Sigulda et, pour cause, c’est une formule que les Lettons affectionnent : les buffets. On fait la file avec son plateau, et on choisit ce que l’on veut manger ou boire, à la pièce. Prenez place, profitez de la déco un peu rustique, et évidemment remplie de chats sous toutes leurs formes (en peinture, en bibelots, en photos… On s’étonne de ne pas trouver de petits félins qui circulent dans le restaurant ! Pas de la grande cuisine mais une chouette façon de manger comme le font les Lettons, et pas trop cher !

Kaķu Māja

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Sigulda

Jāņa Tirgus

Eh oui, Sigulda a son propre marché-foodcourt ! Mélangeant des commerces (boucher, primeurs, etc.) et des stands de street-food (pizzas, woks, kebabs, burgers, crèmes glacées…) et un inévitable « Caffeine » (le Starbucks des Pays baltes), c’est l’endroit un peu branchouille où on arrive à satisfaire un groupe de potes. Son seul défaut ? Il ferme tôt (20h ou 19h selon les jours) pour la Lettonie.

 Jāņa Tirgus

Kr, Valdemāra 2

Sigulda

Sigulda en pratique

À ne pas manquer dans les environs (mais que je n’ai pas pu visiter à cause de la météo)

  • Château de Turaida, un des châteaux majeurs de Lettonie.
  • Château de Krimulda + manoir de Krimulda (téléphérique panoramique depuis Sigulda, si la météo coopère, ce qui ne fut pas mon cas). Et on peut y dormir puisque le manoir est un hôtel-spa !
  • Parc National de la Gauja : sentiers, points de vue sur la vallée, grottes de Gutmanis.
  • Piste de Bobsleigh : piste officielle où l’on peut tester le bob en toute saison, même en été.

Y aller

En train :

avec Vivi, la compagnie des chemins de fer lettons

  • Depuis Riga : train direct (1h15 env.), départs fréquents depuis Riga Central.
  • Depuis Cēsis : trains réguliers (45 min).

En bus :

Liaisons de et vers Riga, Cēsis et vers Turaida et Krimulda (même ligne) et d’autres points du parc national.

Se déplacer

  • Le centre est éclaté : mieux vaut marcher + bus locaux.

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