Lectrice, Lecteur, aujourd’hui, je veux t’emmener dans une aventure unique en t’emmenant voyager aux Îles Féroé sans voiture. Si tu as déjà parcouru mes articles précédents, tu sais que les Îles Féroé regorgent de paysages à couper le souffle, de falaises escarpées, de prairies verdoyantes, de fjords mystérieux avec plein de moutons pa. Ces îles isolées au milieu de l’océan Atlantique sont un véritable paradis pour les amoureux de la nature et les passionnés de randonnée.
Mais comment s’y déplacer si on ne veut pas ou on ne peut pas conduire ? Pas de panique ; je vais te présenter des alternatives pour explorer les Îles Féroé sans voiture, en utilisant les transports publics (bus et ferries), en faisant de la randonnée, du vélo, en optant pour des excursions guidées et en t’immergeant dans la vie locale. Cette mission m’a été confiée par l’office du tourisme Visit Faroe Island qui m’a aidé à préparer cet itinéraire.
Je vous embarque donc dans cette aventure hors des sentiers battus où vous découvrirez parmi les recoins les plus spectaculaires de ces îles préservées, tout en laissant une empreinte carbone aussi petite que possible.
Disclaimer : Cer article contient des liens d’affiliation.
- L’arrivée aux Îles Féroé
- Kalsoy à vélo
- Mikladalur et Kópakonan, la femme-phoque
- La légende de Kópakonan
- Trøllanes et le Phare de Kallur
- L’enchantement de Suðuroy, l’Île du sud
- Heima í Stovu, les Féroe d’antan
- En randonnée entre Hvalba et Sandvik
- Une soirée à Suðuroy
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L’arrivée aux Îles Féroé
Bonne nouvelle si vous habitez en France, en Belgique, au Luxembourg et même en Suisse : Atlantic Airways vole plusieurs fois par semaine depuis l’aéroport Paris Charles de Gaulle d’avril à octobre. Finie l’escale à Copenhague, il suffit de sauter dans un train (depuis Bruxelles-Midi, un Thalys ou un TGV) et une grosse heure plus tard, vous voilà arrivés directement à l’aéroport, prêts à vous enregistrer pour votre vol. Un sacré coup de pouce à votre bilan carbone.
L’aéroport de Vagar est tout petit, les bagages arrivent don super rapidement. Il ne vous reste plus qu’à acheter un pass de transport en commun (qui couvre les bus et les ferries, sauf celui pour Mykines) auprès du bureau de Strandfaraskip Landsins, la société de transport en commun (pass de 4 et 7 jours à 500 DKK et 700 DKK. Si vous vous rendez à la capitale, Tórshavn, sautez dans le bus 300. Le dernier arrêt est le terminal des bus et ferries à côté de la vieille ville.
Kalsoy à vélo
L’île de Kalsoy avec le joli village de Mikladalur et le phare de Kalur, est un des endroits les plus visités des Féroé et quand on voit les photos, on comprend pourquoi ! Pourtant, il y a un autre moyen d’explorer l’île que d’utiliser une voiture : le vélo. Lentement mais sûrement, le vélo creuse son trou, malgré les obstacles : les Féringiens sont très (trop même après en avoir discuté) attachés à leur voiture et la météo changeante peut faire peur mais en été, c’est la saison idéale pour une petite balade. De bon matin, j’ai retrouvé Harald, le chauffeur qui allait emmener les vélos de Rent-a-bike, la société de location de vélos, à Klaksvik, la deuxième ville du pays dans l’archipel du nord. Il avait accepté de m’y emmener, au lieu de prendre le bus. Marié à une Féringienne, Harald est Danois mais connaît parfaitement l’archipel. Il me racontera plein d’anecdotes et me pointera des choses à voir ou à connaître sur la route. Et puis, j’aurai aussi l’occasion de voir ce fameux « rond-point sous l’océan » du nouveau tunnel qui relie l’île de Streymoy à Esturoy.
Comme nous sommes arrivés assez tôt, Harald m’emmène même jusqu’à l’île voisine de Kunoy, presque déserte avec un unique petit village. Depuis les côtes de Kunoy, on peut admirer la silhouette de Kalsoy, toute en longueur. Après cette petite balade improvisée, il est temps de revenir vers Klaksvik, à l’embarquement du ferry.
C’est que je retrouve Rasmus, mon guide, et qui va m’accompagner le long de notre itinéraire à vélo. La compagnie de location nous a fourni des casques, une petite trousse de secours, des barres énergisantes et Rasmus a pensé aux gilets réfléchissants car il faudra traverser des tunnels. Nous prenons congé d’Harald et nous voilà prêts à embarquer.
Sam, fidèle ferry qui fait le trajet entre Klaksvik et Kalsoy et que j’avais déjà eu l’occasion d’emprunter il y a 10 ans, est toujours de service. Il peut embarquer 12 voitures (priorité aux locaux) mais ce sont les passagers à pieds qui rentrent les premiers. Il fait super beau et nous allons passer les 20 petites minutes de trajets sur le pont. Cette fois, c’est moi qui regarde Kunoy et l’île est parée d’un petit chapeau de nuages qui ressemble à un bonnet de nuit. La météo est belle, pas trop de vent et l’air est doux pour les Féroé. La journée promet d’être idéale pour cette promenade ! Nous laissons les voitures et le bus des transports publics s’en aller et voilà la route toute à nous !
Pour plus de facilité, j’ai demandé à avoir des vélos électriques. Même si la route est plus ou moins droite, elle monte et descend et si le vent est faible jusqu’à présent, on n’est pas à l’abri d’un changement brusque. Impossible de se perdre, il n’y a qu’une seule route à Kalsoy qui passe le long des 4 villages de l’île : Syðradalur (où se trouve le port), Húsar, Mikladalur et Trøllanes (le point de départ de la randonnée).
C’est parti pour près de 17km avec à notre droite, la mer et à notre gauche, de hautes collines verdoyantes, parsemées de boutons d’or et un soleil qui sourit sur tout ce paysage. Bientôt, nous rencontrons notre premier tunnel.
Comment gérer les tunnels à une voie quand on est à vélo ?
La première chose, avant même de partir, c’est de s’assurer que les lampes à l’avant et à l’arrière du vélo fonctionnent correctement. Assurez-vous aussi d’avoir un gilet à bandes réfléchissantes pour que les voitures puissent vous voir. N’hésitez pas à rouler, pas trop vite, au milieu de la route (trop près, et vous risquez de vous prendre la paroi). Il y a des petits signes en forme de losange au milieu de la voie qui vous permettent de garder le bon cap. Jetez des coups d’œil réguliers devant vous pour voir si une voiture n’arrive pas devant vous. Si une voiture vient derrière vous, vous l’entendrez arriver. Il suffira de vous déporter vers la droite pour laisser passer. Sauf le tout premier tunnel venant de Syðradalur, l’état de la route est très bon.
Il n’y a que le premier pas qui coûte avec les tunnels ! C’est en effet bien le premier qui est le plus difficile à affronter puisqu’on se retrouve brusquement plongé dans le noir. Mais heureusement, toutes les voitures sont parties depuis longtemps et le ferry ne reviendra pas avant un moment, c’est donc librement et en sécurité que nous traversons, sur le 4 tunnels, nous n’aurons rencontré qu’une seule voiture.
Mikladalur et Kópakonan, la femme-phoque
Avant le dernier quart à parcourir, nous faisons un stop à l’idyllique village de Mikladalur. Perché sur une falaise devant une longue vallée, Mikladalur est une véritable carte postale des Féroé avec ses petites maisons en toit d’herbe serrées les unes contre les autres. Ce n’est pas le plus peuplé des villages de Kalsoy, mais c’est le plus connu car en bas d’impressionnants escaliers qui dévalent vers la mer, se trouve la mascotte du village : Kópakonan, la statue d’une belle femme nue. Dos à la mer, elle tient une peau de poque et semble regarder le village d’un air résolu.
La légende de Kópakonan
Il est dit que dans les îles, existe un peuple mystérieux, mi-humains, mi-phoques, des anciens humains qui auraient volontairement cherché la mort en mer avant de se retrouver transformés en mammifères marins. La 13e nuit du mois, ils avaient l’autorisation de venir sur terre, de dévêtir de leur peau de phoque, et de danser et de s’amuser jusqu’au lever du soleil. Les habitants de Kalsoy connaissaient bien cette légende mais un jeune fermier de Mikladalur décida d’aller s’en rendre compte par lui-même.
Le 13e soir, il se cachait près d’une grotte où des phoques venaient régulièrement et attendit. Les humains-phoques arrivèrent et quittèrent leurs peaux. Le fermier remarqua une jolie jeune femme et en tomba instantanément amoureux. Ayant repéré sa peau, il put s’en approcher sans se faire voir et la saisit. Lorsque le soleil fut sur le point de se lever, chacun partit récupérer sa peau et le fermier attendit que tous les phoques soient retournés à l’eau pour se montrer à la jeune femme qui cherchait désespérément la sienne. Elle supplia le fermier de la rendre mais il refusa, l’obligeant à le suivre jusqu’à sa ferme. Là, il enferma la peau dans un coffre et la jeune femme accepta de l’épouser. Les années passèrent, ils eurent des enfants, mais la mer ne cessait d’appeler la femme.
Impossible pour elle de récupérer sa peau car son mari portait la clé du coffre en collier et il l’avait toujours sur lui jusqu’à ce qu’un jour, il la retira pour se préparer à aller pêcher en mer et oublia de la remettre. Ses amis et lui étaient occupés à pêcher lorsqu’il s’en rendit compte. « Mes amis, je vais perdre ma femme aujourd’hui » s’exclama-t-il. La pêche fut interrompue et ils ramèrent le plus vite possible pour ramener le fermier chez lui, mais il était trop tard. Il ne rentra que pour retrouver son coffre ouvert et sa femme disparue.
Kópakonan retrouva un phoque mâle qui l’aimait et ils eurent ensemble deux fils. Un soir, les villageois de Mikladalur parlèrent de faire une chasse un phoque pour se nourrir. Pendant la nuit, Kópakonan apparut en rêve à son mari-humain et lui décrivit l’apparence de son mari-phoque et de ses enfants, l’avertissant de ne pas les tuer. Malheureusement, trop jaloux, le fermier les reconnut et n’hésita pas à les abattre. Tous les phoques présents furent tués par les villageois. Comme de coutume, chacun reçut sa part et on donna au fermier la tête du phoque mâle et une nageoire de chacun des bébés phoques.
Le soir même, alors qu’on avait préparé la viande pour la manger, la femme-phoque fit une entrée fracassante. Ayant pris l’apparence d’un troll monstrueux, elle maudit Kalsoy en décrétant que : « Les hommes mourront en mer et tomberont des falaises jusqu’à ce qu’il y ait assez de cadavres pour faire le tour de l’île en se donnant la main ». Elle disparut dans un grand bruit et on ne la revit plus jamais. La malédiction de Kópakonan est encore en cours car les hommes continuent de mourir en mer et de tomber des falaises.
La statue de Kópakonan surveille Mikladalur depuis 2014 et est vite devenue un des lieux à ne pas manquer aux Îles Féroé. Étrangement, c’est vers le village qu’elle porte son regard alors qu’elle ne rêvait que de retourner à la mer. Peut-être est-ce un moment de regret par rapport à ses enfants humains ?
Nous pensions manger un morceau au café qui surplombe l’ancien port, le Café Eðge mais malheureusement, il est fermé le mardi, le jour de notre visite. Grosse déception. Du coup, nous décidons de retourner à nos vélos et de finir la balade.
Rasmus nous a fait quitter nos vélos au bord de la route principale, nous nous sommes rendus à pied à Mikladalur. Je ne lui ai pas demandé mais je suppose que s’il l’a fait, c’est qu’il vaut mieux ne pas entrer à vélo dans le village. À bon entendeur.
Trøllanes et le Phare de Kallur
Trøllanes est le dernier village de Kalsoy et le point de départ qui mène à l’une des randonnées les plus populaires des Féroé : celle du phare de Kallur qui promet une vue incroyable. Des photos du lieu, j’en ai vu plein mais qu’en est-il de la réalité ? On va bientôt le savoir. C’est donc parti pour une bonne grimpette qui va durer un bon 45 minutes/1 heure. Le sentier est clairement tracé (vu le monde qui y passe) et suit le sentier des moutons, pas trop l’opportunité de se perdre.
J’avoue avoir eu un peu de mal mais avec les encouragements de Rasmus, je suis finalement arrivée au sommet et WOAH ! Depuis le sommet où a été construit le phare, la vue est stupéfiante. À l’avant-plan, la silhouette en forme de voile du Mont Borgarin s’élève vers le ciel en semi-arc gracieux. À l’arrière-plan. On aperçoit la côte de l’île d’Esturoy avec le village de Gjój et les deux rochers Risin og Kellingin, qui selon la légende étaient deux géants qui ont tenté de rattacher les Féroé à l’Islande. Le phare en lui-même est une petite construction rouge et blanche… que je n’ai jamais pu prendre en photo tant il était entouré de visiteurs qui semblaient ne pas vouloir quitter ses abords (peur du vide ?)
Un étroit sentier se dirigeant vers le Mont Borgarin vous conduira vers… la tombe de James Bond. Eh oui, Si vous avez vu « No Time To Die », vous saurez de quoi je parle. Le fermier à qui appartiennent ces terres (oui, vous marchez dans une propriété privée), a carrément coordonné pas mal de choses pour faciliter le boulot de l’équipe du tournage et c’est lui qui a installé cette tombe. Au côté opposé, un autre sentier, très étroit et escarpé, mène à un autre point de vue qui permet de photographier à la fois le phare et le Mont Borgarin. Il n’est pas très long, mais avec mon équilibre précaire, je n’ai pas osé m’y aventurer. De ce côté-là, on peut admirer le bout de l’île de Kunoy ainsi que le Cap Enniberg, les plus hautes falaises d’Europe, sur l’île de Viðoy.
Après en avoir pris plein les yeux, il ne nous reste qu’à redescendre. Heureusement pour nous, nous avions la barre énergétique fournie par Rent a Bike pour nous soutenir dans nos efforts mais elle n’a évidemment pas fait long feu ! À la saison touristique, un kiosque est ouvert à Trøllanes et vous dépanne en boissons, snacks sucrés (bonbons, gaufres, glaces) ou salés. OUF ! On prend le temps de déguster une bonne glace avant de prendre le chemin du retour. Comme mon vélo a connu une petite défaillance, Rasmus va s’enquérir auprès du chauffeur de bus (qui tient aussi le kiosque) si nous pouvons accrocher nos vélos au véhicule. Malheureusement pas il nous propose… de prendre sa camionnette, assez large pour y caser nos vélos. C’est comme ça aux îles Féroé, l’entraide n’est pas un vain mot.
Arrivés à l’entrée de Syðradalur, il y a une file impressionnante de voitures qui attend le ferry. Rasmus est atterré. Il doit y en avoir assez pour remplir 2 ferries, voire 3 et nous ne sommes même pas encore en pleine saison touristique « Voilà pourquoi il faut encourager les gens à ne pas prendre la voiture pour Kalsoy, ce n’est pas soutenable ». Vous êtes prévenus, vous risquez d’attendre bien longtemps pour prendre le ferry.
Pour patienter, un foodtruck propose du poulet et du poisson frit, et une petite cabane vend des souvenirs locaux. Je repars donc de Kalsoy avec un pot de confiture de rhubarbe local sous le bras. 😉 Dès le ferry arrivé, on se réfugie dans son ventre pour que Rasmus termine à son aide son fish&chips. Pendant ce temps-là, la météo a commencé à se gâter. Une fois débarqués, nous laissons nos vélos au point de dépôt et prenons congé l’un de l’autre.
J’ai le temps d’une petite pause pour retrouver le Café Fryða dans son nouveau bâtiment avant de grimper dans le bus, direction Tórshavn, juste avant la pluie.
Conseils pour la randonnée jusqu’au phare de Kallur sans voiture
- A pied, si vous êtes basés à Tórshavn, prendre le bus 400 jusqu’à Klaksvik puis le ferry 56 pour Kalsoy (Syðradalur). Le mieux est de prendre le bus du matin, le ferry partant à 9h. Vous pourrez patienter à la station-service Effo qui est juste à côté de l’embarquement. Il y a un coin café plutôt cosy ou vous pourrez patienter bien à l’abri.
- A vélo : avec Rent-a-Bike, vous pouvez vous faire amener votre vélo (et vos bagages, au cas où vous séjourneriez à Klaksvik) directement en ville (probablement à l’office du tourisme qui est à 5 minutes de l’embarquement du ferry, c’est là que nous avons déposé les nôtres). Les grands bus (comme celui qui relie Tórshavn à Klaksvik) peuvent embarquer un ou deux vélos. Les plus petits (comme celui qui circule à Kalsoy) doivent être prévenus à l’avance et ne peuvent embarquer qu’un vélo. Rent-a-bike a fait un super questions-réponses sur la pratique du vélo aux Îles Féroé.
- A votre arrivée à Syðradalur : si vous prenez le bus, le départ est synchronisé avec l’arrivée du ferry donc, vous n’avez qu’à embarquer.
- Si la météo est belle, je vous conseille d’en profiter et d’aller directement à Trøllanes pour démarrer la randonnée, la météo pouvant vite changer. De retour de votre balade, vous pourrez prendre le bus et vous arrêter à Mikladalur.
- En cas d’intempéries, les 4 villages ont tous un abribus sous forme de cabane ou de maisonnette où vous pourrez vous réfugier.
- Et comme d’habitude aux Féroé, venez équipés (couches de vêtements, veste et pantalon waterproof, bonnet, gants et bonnes chaussures de rando waterproof aussi).
L’enchantement de Suðuroy, l’Île du sud
Suðuroy, c’est littéralement « l’île du sud » et si vous trouvez que les îles Féroé sont loin de tout, attendez avant d’arriver jusque-là. Il faut un peu plus de 2h de ferry pour la rejoindre.
De bon matin, je monte donc à bord du ferry Smyril, le 5e du nom, qui navigue entre la capitale et Suðuroy trois par jour. La météo est mi-figue, mi-raisin mais la perspective d’un trajet en mer me met dans une joie indescriptible. Et ici, ce n’est pas le petit ferry auquel je suis habituée aux Féroé, c’est un bateau de belle taille, avec deux étages dédiés aux passagers, qui est de service. Quasi un mini-paquebot avec son café, son restaurant, sa mini-superette, il y a même une aire de jeu pour les enfants à côté du restaurant et un pont arrière amménagé au premer étage passagers.
Ce matin-là, nous ne sommes pas super nombreux. J’en profite donc pour l’installer sur une banquette, à côté de la fenêtre et génial, il y a du Wi-Fi, je vais donc profiter pour aller me chercher un café et travailler. J’entends le moteur se mettre en route, nous voilà partis ! Smyril quitte le port, le soleil sort des nuages pour jeter des paillettes sur l’Atlantique-Nord, j’ai l’impression d’être pleinement en voyage.
Arrivée à Tvøroyri, les bus attendent que les passagers débarquent pour les emmener à destination. C’est que Suðuroy est grande et compte de nombreux villages. Je n’ai qu’à mentionner le lieu au chauffeur, et me voilà en route pour le village de Hvalba, au nord. Je vais vite voir que tout le monde se connaît et que le bus est aussi un moyen pour se raconter des nouvelles, même si je n’entends rien au féroïen. Bercée par la conversation, je regarde par la fenêtre et découvre les paysages de Suðuroy. Il est fait de larges plaines, plus larges que dans les autres îles et de hauts sommets, qui donnent un aspect encore plus dramatique au tout. J’ai hâte d’en voir plus ! Après une vingtaine de minutes de trajet, le chauffeur me dépose devant ma destination finale: Heima í Stovu.
Heima í Stovu, les Féroe d’antan
C’est devant une maison toute rouge, toute coquette avec son mignon jardinet bien soigné, que le bus m’a déposée. La guesthouse Heima í Stovu est le projet de deux cousins : Jóhan Holm Simonsen et Guðrun Rógvadóttir (l’une des deux Guðrun de Guðrun&Guðrun). C’est d’ailleurs Jóhan qui m’accueille en compagnie d’Hildur, une amie de la famille qui vient passer quelques jours de vacances. Dès le seuil franchi, je suis transportée dans un autre monde, à une autre époque… C’est que les deux cousins ont voulu reconstruire l’ambiance de la maison de leurs arrière-grands-parents, un lieu plein de souvenirs de vacances pour eux. D’ailleurs, la famille continue d’y passer des Noël. Tout est meublé comme si on était au début du 20e siècle. En bas, se trouve une grande cuisine dinatoire avec sa table en bois et un gros poêle. À l’étage, une bibliothèque, la salle à manger, le salon et la salle de bain et au deuxième étage, les chambres, petites et charmantes. J’ai hérité de la chambre verte dont la couette est couverte d’un crochet réalisé par la grand-mère. Tout est rempli d’objets qui vous donne le sentiment d’être vraiment inclus dans une maison de famille. Jóhan va même me retracer sa généalogie via diverses photos accrochées aux murs du 1er étage. Bref, le dépaysement est complet !
Comme il s’agit d’une guesthouse, les hôtes vous invitent aussi à leur table et justement, Jóhan a confectionné un saucisson de mouton pour le dîner, ce qui nous permet de faire connaissance. Quasiment tout est local : le mouton, les œufs de cane…
Bíarvegur 89-91, Hvalba
En randonnée entre Hvalba et Sandvik
Après s’être remplis l’estomac, Jóhan décide de nous emmener en randonnée, juste à la sortie du village. Ce sentier est ancien et les habitants l’empruntaient pour se rendre au village voisin de Sandvik. Depuis, un étroit tunnel a été creusé pour relier les deux villages, mais le sentier reste une superbe opportunité de balade et fait partie du grand sentier de randonnée qui traverse Suðuroy du nord au sud. Après s’être bien équipés et pris quelques provisions d’eau, de thé chaud et de cake au cas où, nous nous mettons en route.
Attention, le sentier monte, et monte… et monte après être entrés sur les terres d’une ferme à moutons. Le chemin est bien indiqué, il suffit de suivre les cairns. C’est bien simple, une fois qu’on en a atteint un, un autre se dévoile un peu plus loin. Je suis un peu à la peine et j’admire Hildur, plus âgée que moi mais qui gravit allègrement la montagne tandis que chaque espoir de voir le sommet est brisé à la vue d’un autre cairn, plus loin et plus haut. Mes cuisses chauffent, la météo se gâte et plus haut on va, plus fort est le vent, qui souffle heureusement dans le dos. Tellement fort qu’en me poussant, il me fait presque courir alors que je suis déjà bien fatiguée. J’entends à peine Jóhan qui me hurle « La météo n’avait pas prévu ça ! » Eh oui, les Féringiens ont beau élever l’observation de la météo au rang d’art, des fois, la nature fait ce qu’elle veut mais enfin, nous arrivons au sommet d’un large plateau plongé dans les nuages. La visibilité n’est pas terrible mais nous décidons de nous arrêter ici pour faire une petite pause.
Nous sommes juste au pied de la fissure de Rituskor, un énorme gouffre qu’on distingue à peine à travers le brouillard provoqué par les nuages. On distingue une foule de plantes qui poussent le long de ses murs. Tellement escarpés que les moutons ne peuvent les atteindre, ces murs sont en fait de véritables protecteurs de la biodiversité, mettant aussi ces plantes à l’abri du vent. Ça fait même un peu « tropical », voire « Jurassic Park ». On verrait bien un dinosaure sortir de cette fissure mais il n’y a que leurs lointains descendants, les oiseaux, qui y ont élu domicile. Pendant qu’on boit et qu’on mange, la météo commence tout doucement à changer et c’est au moment où nous reprenons la route que lentement, les nuages commencent à se dissiper et comme une peinture à travers une brume, un sublime paysage se dévoile à nous: les falaises d’Ásmundarstakkur. Surplombant l’océan à plus de 100 mètres, elles plongent dans la mer de manière vertigineuse. C’est tout simplement époustouflant et j’oublie d’un coup tout le mal que j’ai eu pour arriver jusqu’ici. Nous sommes passés de l’autre côté de la fissure et maintenant un peu plus dégagées, on peut observer les oiseaux de mer. J’espérais y trouver un macareux mais pas de chance, ils ne semblent pas nicher dans le coin.
La star de la randonnée, c’est un petit pont en bois qui surplombe la fissure mais Jóhan ne me recommande pas de la traverser, quelques marches étant instables : « C’est surtout fait pour les moutons mais tu peux te faire prendre en photo sur la première planche ». Ce que je ne manquerais pas de faire.
Le retour vers Sandvik se fait en douceur. En fait, lorsque l’on vient de Sandvik, l’accès au point de vue est plutôt facile puisqu’une route goudronnée arrive assez près, il suffit de quelques minutes de marche pour y arriver. Pour rentrer vers Hvalba, nous allons tout simplement… faire de l’autostop, deux touristes allemands qui rentraient justement aussi de randonnée.
Une soirée à Suðuroy
Après une bonne sieste, Johan nous sert le dîner dans le salon… Lumière tamisée, verres vintages… Tout est dans l’ambiance et en découverte de saveurs. Évidemment, le mouton est à l’honneur, c’est l’animal roi avec le saumon local, dégusté en entrée. Je croyais que nous allions passer au dessert lorsque Johan nous annonce qu’il a demandé à une amie de nous faire faire une balade vespérale (les nuits d’été sont très longues) à travers l’île. C’est donc Ella qui va nous emmener voir quelques points de l’île à ne pas manquer.
Premier arrêt, à deux pas du gros village de Vágur : Vágseiði et le port naturel de Kleivin, qui était un véritable port de pêche auparavant, est entouré de hautes falaises : Skúvanes et Eggjamar. Nous allons même rouler jusqu’au sommet d’Eggjamar pour pour apprécier la vue.




Troisième arrêt, le point le plus méridional des Îles Féroé: le phare d’Akraberg. Sa lumière guide les bateaux qui arrivent et quittent les Îles Féroé. Akraberg a une histoire triste et mystérieuse. Les habitants ayant construit le village n’étaient pas des vikings mais des Frisons qui s’établirent ici vers l’an 800. Les habitants du village furent quasi tous exterminés par la peste noire en 1350. Les deux personnes survivantes s’établirent alors dans le village de Sumba, tout proche, et furent assimilés au reste de la population Férigienne. Un lieu rempli de mélancolie, surtout au crépuscule, comme maintenant. Le ciel a viré au mauve. Il est 23h19 mais même à minuit, la lumière continue d’éclairer doucement l’horizon. Ce n’est pas le soleil de minuit, mais presque et la persistance du jour fait un peu perdre le sens de la chronologie. Après avoir dit adieu au phare, on remonte en voiture direction Hvalba.
Au retour de notre balade, Jóhan attend avec le dessert, une sorte d’Eton mess… à la rhubarbe du jardin, bien sûr ! C’est épuisée mais heureuse que je vais me précipiter dans mon lit douillet.
Le lendemain, après un petit-déjeuner au top, je prends congé de cette maison de poupée et de Jóhan et Hildur. Alors que mon hôte rince quelques affaires, il voit le bus arriver de loin. Il est temps de partir. J’ai un peu la gorge nouée. Quand je monte dans le bus, c’est le même chauffeur que la veille : « Alors, c’était comment ? » me demande-t ’il joyeusement. « C’était vraiment génial. » Et moi de lui expliquer la maison et nos activités. « C’est chouette, je n’y suis jamais allé, j’aimerai bien ». Ca tombe bien, on peut simplement venir y dîner ! Le bus ramasse de nouveaux passagers, et la conversation change d’interlocuteurs. Ça tombe bien, je sens la petite larme de mélancolie poindre au coin de l’œil. Je l’écrase avant-même qu’on puisse la voir.
Sachez que lorsque vous séjournez chez Heima í Stovu, vous pouvez aussi réserver des activités, dont cette randonnée ou d’autres randonnées sur l’île. N’hésitez pas à demander, Jóhan fera tout pour se plier à vos demandes.
Conseils pour Suðuroy et la randonnée
- Pour rejoindre Suðuroy depuis Tórshavn, on ne paie pas le trajet à l’aller mais au retour. Même si vous avez un pass, n’oubliez pas de vous rendre au café-boutique pour votre ticket dans le ferry retour
- Il n’y a pas vraiment d’arrêts de bus mentionnés (même sur Google Map). Sachez qu’il existe 2 lignes (la 700, du nord au sud et la 701, d’est en ouest) qui se croisent à l’embarquement du ferry. J’imagine que vous savez où vous voudrez aller une fois débarqués du ferry donc, il suffit de mentionner le lieu au chauffeur et il vous déposera au plus près de sa route, tout en vous prodiguant des conseils sur les itinéraires et les horaires.
- Lors de la randonnée, et près de n’importe quelle falaise, n’oubliez pas de maintenir une distance d’au moins un mètre du bord du précipice. En cas de glissement de terrain ou de grand vent, ça vous sauvera la vie !
- Et comme pour précédemment, équipez-vous bien et n’oubliez pas de prendre de l’eau et des snacks.
Pourquoi visiter les Îles Féroé sans voiture ?
Dans le ferry, je repense à tout ce que je viens de vivre… Deux jours, mais tellement remplis de belles choses et tellement intense que j’a l’impression d’avoir passé le double de temps. Je vais retrouver la ville, Tórshavn (et tu trouveras mes bonnes adresses par ici).
Les Îles Féroé sans voiture, c’est loin d’être compliqué. Certes, cela demande de faire des choix, de voyager plus lentement, peut-être aussi plus longtemps, si tu as le budget, mais la récompense est immense et comme tu peux le voir, c’est loin d’être un handicap. Prendre les transports en commun, c’est aussi se frotter aux habitants, se donner l’occasion de discuter avec eux (les Férigiens sont plutôt bavards une fois qu’on les lance sur leur pays). N’oublie pas, Lectrice, Lecteur, les Îles Féroé sont petites et avec le tourisme grandissant, faire le choix de voyager sans voiture, c’est aussi préserver cette nature qui fait que l’on vient jusqu’ici.
Merci à Visit Faroe Islands pour sa confiance. Vous trouverez sur le site plein de conseils et didées pour préparer votre voyageHo